En effet, chacun a pu voir ces images hallucinantes le montrant, sur le parvis de sa mairie, encerclé par des activistes qui le conspuaient : "Vendu !", "Corrompu !" etc. A ce propos, on a aussi vu une femme le tenant attaché avec une chaîne, placée autour des reins, pendant de longues minutes avant qu'elle ne tente de l'entraîner de force vers l'hôtel de police où les activistes voulaient qu'il exige la libération de deux des leurs alors gardés à vue.
Personne ne l'a souligné mais l'image d'une femme noire enchaînant un homme noir, quelles qu'en soient les raisons est inadmissible. Scandaleuse même. Bien pire en tout cas que celle de policiers blancs s'attaquant à un tambour, ce qui a provoqué tant de réactions d'indignation. Les flics blancs, on les connaît ! On sait au service de qui ils sont : l'ordre colonial. Rien d'étonnant à ce qu'ils s'en prennent aux symboles du colonisé. Mais qu'une Noire enchaîne un Noir (ou l'inverse) et que cela n'entraine aucune réaction d'indignation révèle deux choses : d'abord, les extrémités auxquelles n'hésite pas à aller le délire noiriste ; ensuite, notre accoutumance aux pires dérives. D'aucuns diront que c'est le problème du PPM et final de compte, le résultat d'une politique culturelle qui, par le biais du SERMAC notamment, n'a mis l'accent depuis des décennies, et cela jussqu'à la caricature, que sur le seul aspect nègre de la culture martiniquaise. L'avenir nous le dira...
Sinon ce qui nous interpelle, c'est la présence au sein de cette commission "Mémoire et Transmission" d'un représentant de l'association "TOUS CREOLES" dont nous n'avons cessé de dénoncer l'utilisation mensongère qu'elle fait des idées du mouvement de la Créolité. Il s'agit à d'une imposture pure et simple, d'un véritable détournement conceptuel. Exactement comme le Duvaliérisme hier et le noirisme aujourd'hui sont des détournements de la Négritude. "TOUS CREOLES" ne parle pas au nom de la Créolité et n'a jamais parlé en son nom. Elle veut une "réconciliation" sans "vérité" alors que la Créolité veut au premier chef la "vérité", toute la vérité et dans un second temps, éventuellement, sur le modèle de l'Afrique du Sud, la "réconciliation".
Enfin, sur le programme dont s'est doté cette commission ad hoc, il y a de quoi sourire. En effet, il y a 36 ans déjà que la municipalité de Rivière-Pilote a déboulonné la statue de Schoelcher et rebaptisé douze (12) noms de rue. Cela a changé QUOI au problème fondamental de la Martinique qui n'est autre que celui de son accession à la souveraineté nationale ? Aujourd'hui, la Droite est revenue au pouvoir dans cette commune qui fut le bastion de l'indépendantisme. Conclusion : quand Fort-de-France (hou la, l'horrible nom qu'il faudrait changer aussi, n'est-ce pas ?) aura fini par changer tous les noms de rue d'esclavagistes et de colonialistes, cela changera quoi ?
RIEN : le drapeau bleu-blanc-rouge continuera fièrement à flotter sur le Fort Saint-Louis...