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Quand la pauvreté s'accélère en Martinique et en Guadeloupe avec la crise du Covid 19 !

Jean-Marie Nol
Quand la pauvreté s'accélère en Martinique et en Guadeloupe avec la crise du Covid 19  !

29 % des familles martiniquaises vivent déjà sous le seuil de pauvreté, tel est le constat édifiant dressé par les autorités publiques et humanitaires de l'île aux belles fleurs.

La crise économique qui frappe le pays en cette période de pandémie de la Covid-19 rend les Martiniquais très majoritairement pessimistes quant à la situation économique et sociale de la Martinique surtout en cette période de confinement et de dégâts climatiques. Les chiffres sont alarmants. On sent en effet une vive inquiétude quant à l'augmentation de la pauvreté. Aujourd'hui, le pays Martinique protège plus que d’autres les plus pauvres, et ce du fait du modèle social français. Ce modèle est plus coûteux que d’autres dans le monde, mais il protège mieux et évite la plus grande pauvreté à un grand nombre, notamment parmi les familles et les personnes âgées. L’utilisation des fonds publics est une nouvelle fois au coeur des interrogations en Martinique après les dernières intempéries qui ont accentué la précarité. 
Mais qu'en sera-t-il demain avec l'alourdissement de la dette et les dégâts financiers sur les comptes publics de l'Etat causés par la crise du Covid 19 ? 
Pour l’instant, en Martinique, on procrastine, on s’endette, on retarde autant qu’on peut l’effondrement économique et social qui découlera peut-être de cette pandémie du coronavirus . Mais en fait, comme toujours quand on n’agit pas lucidement face à une menace, quand on cache aux Martiniquais l’immensité de la crise qui va arriver, on ne fait que se préparer à en faire payer le prix aux plus fragiles, aux plus pauvres. Par ailleurs, les perspectives économiques sombres pour l’année 2020 suggèrent un risque substantiel de contagion de la crise économique actuelle au secteur bancaire. 
Se pose alors le problème lié au fait que lorsque le secteur bancaire est en danger, les banques cessent de prêter (le « credit crunch »), ce qui risque de bloquer l’ensemble de l’économie antillaise et par voie de conséquence accentuer la précarité. Quand on pense aux licenciements massifs prévisibles, au nombre des entreprises qui vont mettre la clé sous la porte, on peut s'attendre à des conséquences économiques et sociales très importantes. Une partie de la population va être totalement déclassée et mise de côté. Les effets induits auront des conséquences très lourdes sur une frange non négligeable de la population.
Continuer comme ça, c’est aller tout droit à une paupérisation accélérée  des classes moyennes et aussi, à la fin,  la survenance d'une misère qui touchera les plus pauvres, et qui seront à terme les principales victimes. La COVID-19 représente une crise dévastatrice et sans précédent qui nous touche tous, partout. Aucune région ni aucun pays ne sont épargnés. Pour la première fois depuis plus de vingt ans, le taux mondial d'extrême pauvreté devrait augmenter en 2020 », estime la Banque mondiale dans un rapport publié début octobre. Et ses prévisions sont alarmantes. Les conséquences de la crise sanitaire devraient entraîner entre 88 et 115 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté en 2020 et faire basculer jusqu’à 150 millions de personnes dans l'extrême pauvreté d’ici à 2021, en fonction de la gravité de la récession économique. 

Pour ce qui concerne la Martinique, la crise économique est bien là en ce moment, comme conséquence de la crise sanitaire du coronavirus qui sévit. Mais déjà la crise sociale s'installe avec la progression des dépenses pour le RSA ou encore la forte hausse de l’aide alimentaire : partout, les signaux d’alerte s’allument sur la situation des plus précaires.

Les associations caritatives mais également les centres communaux de l'action sociale (CCAS) voient le nombre de bénéficiaires augmenter. Pour certaines de 50 %. Les demandes sont diverses : l’aide alimentaire ou encore l’aide financière pour payer les factures qui s’accumulent.
Le dernier rapport du Secours Catholique indique que les familles martiniquaises vivant sous le seuil de pauvreté sont deux fois plus nombreuses qu'en France hexagonale. Selon ce même rapport, 100% des personnes reçues par le Secours Catholique vivent en dessous du seuil de pauvreté. Il indique également que les ressources financières des familles sont de plus en plus insuffisantes. Ces dernières, ne parvenant pas à tenir leur bugdet, se retrouvent obligées d’opérer des choix pour survivre.

Autres chiffres préoccupants : la Délégation de Martinique a déjà accompagné plus de 6 000 personnes au premier semestre 2020, contre 4636 personnes sur l'ensemble de l'année 2019. Une situation aggravée, sans surprise, par la crise sanitaire de la COVID-19.

Les statistiques enregistrent une augmentation de 20% du nombre de personnes âgées concernées et de 30% de travailleurs pauvres (intérimaires, job, bas salaire) dont 80% de femmes.

Les demandes de RSA ont bondi à un niveau jamais atteint en Martinique et aussi en Guadeloupe. Les chiffres l'ont confirmé. Un peu plus de 3000 personnes, c'est le nombre de personnes qui se sont inscrites ces derniers mois en Martinique au RSA, le Revenu de Solidarité active.  Ces personnes reçoivent 564 euros par mois.

Pour ce qui concerne la Guadeloupe, il y a 3600 personnes qui ont demandé le RSA depuis mars 2020, date du premier confinement, et depuis l'on note qu'il y a plus de 1000 dossiers supplémentaires à traiter par mois. En 2019, ce sont déjà plus de 71 millions d'euros que le Conseil Départemental a dû allonger. Au regard des chiffres, on peut s'attendre à un montant deux fois plus élevé en 2020, avec des perspectives pour 2021 tout aussi pessimistes.
Non seulement cette forte croissance de la demande de RSA risque de compromettre les marges budgétaires de la collectivité, mais il met aussi en danger le financement des autres dispositifs de solidarité dont le conseil départemental à la charge. La crise économique qui s'annonce va demander de gros efforts à des collectivités (CTM en Martinique mais aussi région, département, communes en Guadeloupe) déjà fragilisées, reste à savoir si elles pourront tenir le choc. Quoiqu'il en soit gardons à l’esprit que dans ce contexte délétère de crise, il faut nécessairement s'attendre à une forte dégradation de la trésorerie des collectivités locales du fait du prochain désengagement financier de l'Etat français. Cela risque d'accélérer la crise sociale avec son corollaire la grande pauvreté de masse. Le torchon brûle, au niveau de la pression fiscale, alors point besoin de rajouter de la crise à la crise, en caricaturant l'action de l'Etat, et en critiquant de façon stérile les élus. Il n’y a pas de solution simple à cette problématique de la pauvreté. Mais les réponses à apporter doivent à la fois, prendre en compte les effets concrets des politiques publiques pour les plus pauvres et les effets de ces politiques sur les inégalités, sur l’organisation globale de la société Antillaise.

Aussi ayons à l'esprit cette citation de Louis Pasteur, lors d'un discours prononcé en Sorbonne le 27 décembre 1892.
" La chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés."

 

Jean marie Nol économiste

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