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Procès du recteur de la Martinique contre Montray Kréyol

Procès du recteur de la Martinique contre Montray Kréyol

   Ce mardi matin, 16 mars, s'est tenu pendant 3H30 (8H30-12h) le procès que le recteur de la Martinique a intenté contre notre site, Montray Kréyol, au motif de "diffamation".

   Cette plainte concerne deux articles parus en juin 2019 dans lesquels le recteur n'est jamais nommé et qui ne comportent pas la photo des tags apposés sur l'Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux par le mouvement féministe BALANCETONPORC# qui lui prêtent des actes que la morale, tant religieuse que laïque, généralement réprouve. Photo qui a été publiée à la même période par divers sites-web tels ceux de France-Antilles et de RCI ou encore Makacla. Sites que pourtant le recteur ne poursuit nullement en justice !!! Pas plus que le tout premier site qui l'a publié à savoir INFOS-LUTTES BORDEAUX sur lequel la photo ce trouve depuis 2018 jusqu'à...aujourd'hui. Constat d'huissier à l'appui.

   Me Raphaël Constant, l'un des deux avocats de Montray Kréyol, fait, à l'ouverture du procès des requêtes en nullités. Puis, le tribunal se retire durant un quart d'heure et revient pour annoncer qu'il joignait l'incident au fond du dossier.

   Premier à être interrogé, le recteur déclare que les articles de Montray avaient profondément atteint non seulement sa famille mais aussi les équipes qu'il dirige au rectorat, ce qui affaiblissait du même coup l'efficacité du travail qu'il était censé mener au service de la Martinique. Quant à son avocat, il fait valoir qu'il n'est pas besoin de nommer quelqu'un dans le cadre d'une procédure en diffamation dès l'instant où les écrits incriminés comportent des éléments permettant d'identifier la personne visée et que la forme interrogative du titre d'un article n'est qu'un artifice dissimulant une affirmation. En conséquence, il réclame pour son client 15.000 euros de dommages et intérêts et 10.000 euros de frais de procédure soit 25.000 euros.

   Me R. Constant, avocat de la défense, démontre, avec le brio qu'on lui connaît, que dans aucun des articles en question, il n'était pas possible de reconnaître le recteur nouvellement nommé lequel était à l'époque un parfait inconnu à la Martinique et dont le nom reste d'ailleurs jusqu'à aujourd'hui très peu connu du grand public. Il souligne ensuite un grosse erreur factuelle dans le dossier d'accusation : ce dernier affirme que la photo des graffitis se trouve dans le premier article de Montray, ce qui est faux. Montray ne publiera cette photo que bien après une demi-douzaine de sites martiniquais et cela en se contentant de republier un article de RCI. L'avocat donnera ensuite plusieurs exemples de hauts fonctionnaires hexagonaux mutés en Martinique dont il s'était avéré qu'ils ou elles avaient commis des actes délictueux avant d'être mutés chez nous, citant le cas célèbre d'une rectrice qui, directrice d'un laboratoire d'analyse dans l'Hexagone, avait été convaincue de signer des résultats d'analyse qu'elle n'avait pratiquées. Quoique Le Canard enchaîné eut évoqué l'affaire, elle fut nommée rectrice de la Martinique ! ". "Montray est donc parfaitement en droit" a continué Me Constant de publier un article intitulé : "La Martinique, poubelle pour hauts fonctionnaires délinquants ?". Il s'agit là d'une interrogation non seulement fondée quand on examine certaines nominations en Martinique au cours des quelques décennies écoulées, mais il y va aussi de la liberté de la presse. Il demande donc la relaxe pour R. Confiant, directeur de Montray Kréyol.

   Ce dernier est alors appelé à la barre et s'étonne d'emblée de la déclaration pleine de "pathos" du recteur de la Martinique : "Si l'on comprend bien, ni lui ni sa famille n'ont été bouleversés par les graffitis de #BALANCETONPORC sur les murs de l'Institut d'Etudes Politiques où il était enseignant, graffitis apposés en 2018, il y a donc déjà 3 ans, et reproduits par le site INFO-LUTTES BORDEAUX. Les photos de ces graffitis se trouvent d'ailleurs toujours sur ce dernier site comme je l'ai fait constater par un huissier de l'Hexagone, constat qui vous a été fourni. Il a fallu que l'on en parle en Martinique pour qu'il s'en trouve troublé ! Je maintiens que dans les deux articles publiés sur mon site, il n'y a aucun élément permettant d'identifier le plaignant".

   Ensuite, ce fut au tour du substitut du procureur de la République de prendre la parole et d'abonder dans le sens de l'avocat du plaignant à grands renforts de textes de jurisprudence, demandant, lui aussi, la condamnation. Mais de 25.000 euros demandés par le plaignant, il redescend à 2.500 euros (toutefois, il convient de savoir que c'est le juge et ses deux adjointes qui eux seuls détermineront le montant final). Prenant enfin la parole, le deuxième avocat de Montray Kréyol, Me L. Boutrin insistera sur la liberté de la presse d'une part et de l'autre, sur la volonté du plaignant, suivi en cela par le Parquet, de ne s'en prendre qu'à ce seul et unique site alors même que six sites martiniquais avaient publié la photo des graffitis et que Montray Kréyol fut le tout dernier à le faire. Pour l'avocat, il est clair qu'on veut cibler une personne en particulier à savoir R. Confiant et que l'objectif non avoué est de faire taire définitivement le site, voire même de le faire disparaître, ses articles n'étant pas payants et le site refusant de s'appuyer sur la publicité. "Un site qui a été à la pointe du combat dans l'affaire du CEREGMIA qui a vue la volatilisation de 12 millions d'euros au sein de l'Université des Antilles", a-t-il ajouté, "et qui l'est tout autant dans l'affaire du Chlordécone". Il faut donc, conclut-il, faire taire Montray Kréyol, chose à quoi aboutirait une amende de 25.000 euros et que "dans le climat délétère dans lequel vit la Martinique depuis un an et demi, personne n'acceptera".

   Après s'être retirés pendant un quart d'heure, les trois juges sont revenus pour dire que l'affaire était mise en délibéré au 16 avril prochain...

   (A la stupéfaction des personnes venues soutenir Montray Kréyol, le recteur et son avocat se sont alors rapprochés du substitut du procureur de la République avec lequel ils se sont mis à deviser tranquillement. Spectacle pour le moins surprenant !)

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