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Présentation du livre : « Zwazo. Récit de vie d’un prêtre hindou »

Présentation du livre : « Zwazo. Récit de vie d’un prêtre hindou »

Samedi 13 avril 2019 à 18h, sera présenté au centre culturel de Gradis (Basse-Pointe), l’ouvrage « Zwazo. Récit de vie d’un prêtre hindou commandeur d’habitation à la Martinique », en présence des auteurs : Gerry L’Etang et Victorien Permal. Ce livre est l’histoire de vie d’Antoine Tangamen dit « Zwazo » (1902-1992), maître du sacré hindou martiniquais, dernier grand tamoulophone du pays et thésaurisateur de la mémoire indienne de l’île.

Extrait de l’ouvrage

« Dans ce pays [l’Inde], ma grand-mère alors jeune femme travaillait la terre. Elle piquait le riz dans l’eau, participait à la récolte. Le reste du temps, à la mauvaise saison, elle et les siens avaient faim. À l’époque, des gens venus des villes traversaient les campagnes en racontant des histoires merveilleuses. Ils parlaient d’un pays de l’autre côté de la mer. D’un pays où ne poussait que la canne, où l’on embauchait pour une tâche facile consistant à étaler du sucre au soleil. Ils assuraient qu’on pouvait en revenir après cinq ans, avec de l’or et assez d’argent pour acheter une terre ou avoir de quoi manger sans travailler jusqu’à la fin des temps. Ils donnaient de l’argent pour partir. Et ceux qui avaient faim, qui n’avaient pas de terre, prenaient l’argent et partaient.

Mais ma grand-mère, elle, n’avait jamais voulu partir. Il lui arriva une histoire malheureuse. Un soir qu’elle se promenait près de la mer, elle vit un bateau. On y donnait une fête extraordinaire, jouait de la musique, mangeait toutes sortes de bonnes choses, buvait de l’alcool. Ceux du bâtiment paraissaient accueillants, bienfaiteurs. Ils hélaient les gens sur la plage, les invitaient à monter. Alors beaucoup montaient à bord profiter du festin. Ma grand-mère fut de ceux-là. Ils firent la fête toute la nuit, puis s’endormirent. À bord, on donnait aussi à dormir...

Drogués, ils se réveillèrent longtemps après, le bateau en pleine mer. Tous crièrent, pleurèrent, supplièrent qu’on les ramenât à terre. Certains même voulurent mourir, se jetèrent à l’eau, mais on les repêcha. Et le bateau continua sa route sans mollir : il voyageait vers ce pays de l’autre côté de la mer qui, disait-on, attendait les Indiens pour leur confier du sucre à sécher au soleil.

La traversée fut longue. Plusieurs mois. Sur le bateau étaient rassemblés des gens de diverses nations : Toulken, Vellala, Vannati, Telinga, Palli, Parayen, Kalla, Setti... Des gens très différents, qui ne parlaient pas la même langue, n’avaient pas les mêmes dieux, ne mangeaient pas les mêmes choses. Des gens qui, parfois même, ne se saluaient pas. Ils durent vivre ensemble pendant tout le voyage, arrachés au pays où ils étaient nés, partageant la même déveine, la même tristesse. Et la peur de la mer. Alors parfois, pour oublier, ils se réunissaient sur le pont et chantaient jusqu’à la nuit… »

 

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