Plusieurs facteurs, comme la jeunesse des populations et l’expérience des épidémies, pourraient expliquer le faible taux de contamination.
Au Liban, les accidents de la route ont fait plus de morts depuis le 15 mars que le coronavirus (28 contre 26). En Palestine, le nombre de décès dus au Covid-19 est plus de cinquante fois moins élevé qu’en Israël (4 contre 239). En Arabie saoudite, pays de 33 millions d’habitants, l’épidémie a fauché autant de vies qu’en Norvège, pays de 5 millions d’habitants (219 et 217). On pourrait continuer ainsi longtemps : dans le Moyen-Orient arabe, comme en Afrique, l’hécatombe tant redoutée n’a pas eu lieu.
A la date du 8 mai, selon le décompte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le cumul des morts causées par le virus dans ces Etats s’élevait à 1 125. Le pays le plus touché en chiffre absolu est l’Egypte, avec 503 disparitions officiellement. En termes relatifs, rapportés à la population, les Emirats arabes unis pointent en tête, avec 17 décès par million d’habitants. En France, le même taux est de 398. Pourtant, fin février, lorsque l’on a compris que la maladie ne s’arrêterait pas aux frontières de la Chine, tous les signaux semblaient au rouge.
La proximité des monarchies du Golfe avec l’Iran, le principal foyer d’infection de la zone, les carences criantes des systèmes sanitaires syrien, libanais et irakien et la démographie tentaculaire de l’Egypte semblaient constituer un terreau particulièrement propice à la propagation de l’épidémie. Le fait que la région soit parsemée de sites mêlant promiscuité et insalubrité à un niveau très élevé, qu’il s’agisse des camps de réfugiés palestiniens, de déplacés syriens ou de travailleurs migrants, sans oublier les prisons, souvent remplies d’opposants à ras bord, rajoutait à l’inquiétude.
Les raisons pour lesquelles cette bombe à retardement n’a finalement pas explosé sont encore mal connues. A défaut d’explications définitives, les observateurs en sont réduits à tâtonner, à avancer des hypothèses plus ou moins étayées.