Ah, depuis le temps de la colonie, comment enjamber le bras de mer salé, passer avec chevaux et tralala de Grande en Basse-Terre... Après la gabarre-bac flottante tirée à bras d'esclaves au 18ème, puis le Pont de l'Union, houleuse flottaison de gros bidons, ce fut au vrai pont fixe, arquant ses 30 tonnes de métal à gros boulons, de relier les deux ailes principales du pélagique papillon. Conçu par le vaillant ingénieur guad'îlien Louis Douldat, auteur par ailleurs de la Darse pointoise, décédé à 107 ans en 2003, Pont Gabarre fut fabriqué par les chantiers Eiffel, et mis en service vers 1930.
De mémoire de vivant, l'ouvrage, au partant sis près de Lauricisque, a toujours relié la Grande et la Basse-Terre, enjambant l'écrin de mangrove verte, adoptif abri charmant de mille et un pique-bœufs, désormais sédentaires. Déclassé au milieu du 20ème siècle, l'ouvrage Douldat & Eiffel aux formes d'époque reste un charmant site sur l'eau, promenade relax-fraîcheur du soir, site-rencontre d'amateurs de pêche au crin nylon. Le flux inexorable de la carburation s'écoule maintenant sur les six voies de la version nouvelle de ce pivot tant de la quiétude économique que du passage des bateaux de plaisance...
Avec les Ponts Gabarre, le calcaire se rapproche du volcanique, les Grands-Fonds des Haut-Monts, le sec de l'humide, le Matignon de sa Préfecture, le Saint-Franciscain de sa famille perdue haut Matouba... Pont Gabarre est maintenant concurrencé plus au Nord du bras de mer par son long frère : Pont l'Alliance, qui relie Jarry et Z'abymes d'un seul coup - et foup !
{{Jean S. Sahaï}}
Image :
{Pont Gabarre en vert écrin, début de soirée, photo J.S. S}