La Palestine vit des heures sombres dans l'indifférence du monde préoccupé par la juste révolte des Noirs américains. Très sombres...
Le poème arabe ci-après dû à la plume du Marocain Abdellatif Lââbi, puis traduit en français avant d'être mis en créole par le Martiniquais Daniel Boukman, exprime bien le drame de ce peuple qui, il y a un peu plus de soixante ans, fut expulsé de sa terre natale...
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Toi moi et lui
Il n’y avait pas d’arbres dans son vocabulaire
pas de fleurs
dans son vocabulaire il n’y avait pas
d’oiseaux.
Il ne savait que ce qu’on lui avait appris
tuer les oiseaux d’abord
ensuite haïr la lune
avoir un cœur de pierre
et puis s’écrier
Vive n’importe quoi !
A bas n’importe quoi !
Il n’y avait pas d’arbres dans son vocabulaire
dans son vocabulaire il n’y avait pas
toi et moi
car il devait nous tuer
il ne savait
que ce qu’on lui avait appris
nous tuer
toi et moi
En ces temps où le gouvernement d’Israël, téléguidé par le Président des Etats-Unis d’Amérique, projette de légaliser l’occupation de larges territoires de la Cisjordanie, ce poème palestinien de Mou’in Bsissoun (in La Poésie palestinienne contemporaine Editions Messidor, 1990) que l’écrivain marocain, Abdellatif Laabi a traduit en français et qu’à son tour, Daniel Boukman a traduit en créole martiniquais.
Wou mwen épi li
Pies piébwa adan pawol-li
pies flè.
Adan pawol-li pies zwézo.
An sel bagay i té sa fè sé sa yo té aprann li fè
tjwé zwézo
épi rayi lalin
fè tjè’y tounen woch
ek yo aprann li rélé
Woulo ba nenpot kisa !
Annou fann fwa nenpot kisa !
Pies piébwa adan pawol-li.
Adan pawo-li i pa té ni
wou épi mwen
padavwa sé tjwé fok i té tjwé nou.
An sel bagay i té sa fè sé sa yo té aprann li fè
anni tjwé nou
wou épi mwen.