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Vient de paraître aux Editions Riveneuve

PAROLES D’UNE ILE VAGABONDE

Dominique Deblaine
PAROLES D’UNE ILE VAGABONDE

Île était une fois la Guadeloupe. Île était une voix, celle d’une île créole de la Caraïbe. Paroles d’une île vagabonde est une chronique hallucinante, un journal passionné et un récit géopoétique de la Guadeloupe, mêlant l’énergie du discours et l’intimité de la confidence.
Ici c’est la terre elle-même qui s’est emparée de la parole et qui dit le vécu pluriel d’une île à l’histoire mouvementée. Comme dans un manuel de conscience naturelle, elle dit tout : le dépeuplement
fondateur, l’esclavage, la vitalité identitaire, les volcans, les cyclones, les conflits, les conservatismes et les audaces, les errances et l’enracinement, les solidarités et les solitudes. ... Cliquer pour lire la suite.

Extraits : …Et me voici, île frontière, deux pas d’homme, lieu insignifiant et incontournable de crépuscules affolants, de nuits sans fond, d’aubes stupéfiantes ; île calcaire et volcanique, tout entière offerte, concédant entrailles fécondes en pamplemousses, ignames, cythères et corossols, octroyant cascatelles éblouissantes en eaux bleues de baignade et consentant bombances, festins, répits et sommeils. Fragment d’archipel peuplé de sucriers matinaux, grenouilles nocturnes, malfinis diurnes, crabes senestres, me voici île territoire frétillant. Mêlant aux vivants senteurs d’allamandas jaunes et pourpres, de six mois vert six mois rouge, de baraguettes et de caféiers, splendeur des sabliers et immortels, douceur des palmiers céleri, des tamarins bâtards, et beauté des nénuphars, me voici île admirable sous la brise plus bruissante que palmes de cocoteraies, plus odorante que frangipaniers. Mes oiseaux aventureux, voguant de plaines en mornes, attisant des désirs mélancoliques sous la clémence de la lumière de décembre, chantent sans trêve la beauté de mes nuages tantôt pesants comme tortues molocoys en ponte tantôt légers comme colibri, louent la grâce de mes pâturages d’hivernage, s’émerveillent de mes offrandes, saluent ma munificence et ma mansuétude même s’ils s’affolent parfois de mon avarice et déplorent la défaillance de mes miettes d’herbes en carême.

…Et me voici île semblable à une enfant dissipée que l’on ne gronderait pas, tresses dénattées, genoux écorchés, rires gourmands et candeur farouche conviant à l’envi aux soleils matinaux, aux ciels azurés et aux lunes pleines. Corps tendre comme figue-pomme, je présage de jardins féconds bassinés par l’eau de rosée et, irriguée de sollicitude, je croîs sur mes frêles jambes tantôt en poussée bambou tantôt en maturation balata. J’ai la vigueur des haleurs de gommiers, la patience des pêcheurs de poulpes, l’adresse des maîtres-oursins, l’aisance des marchandes, la majesté des frégates, la témérité des merles et la nonchalance des jours après la tourmente des nuits. Je ne suis pas quiétude naïve ou assurance criarde, ce n’est que mon fier orgueil qui me donne l’apparence d’une insupportable scandaleuse.

…Et me voici île abordage, ma plage pérenne et mes hauts gardiens immuables, têtes chevelues chargées de fruits d’eau, corps cambrés par les vents frénétiques et pieds amarrés au sable dur. Patiente sous le lourd soleil, vide de grappes humaines, elle est là, ma plage, calme et douce, dans l’attente des pullulements des dimanches. Sable blanc, sable noir, roches galets, ma plage indolente et avenante multiplie les apparences, prévient la monotonie, esquive l’ennui, rythme le ressac de jour comme de nuit, flux-reflux-flux-reflux, choua-choua.

…Et me voilà île intérieure chemins de montagne, traces balisées semblables à des cortèges de fourmis-bâtisseuses affairées ; arbres chétifs en carême, exubérants en hivernage, savane indigente sous soleil d’avril. Lambinant pire que tortue de février à juin, m’agitant sous les pluies de juillet, je m’affole en septembre.

Document: 

9-_Presentation_Couverture_et_4o_de_couverture.pdf

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