Hier soir, une partie de Fort-de-France a été à nouveau secouée par des manifestations anti-vaccin qui ont vite dégénéré puisqu'une pharmacie a été attaquée et que le centre de vaccination de l'immeuble de la CGM, à l'entrée du port, a été incendié.
A ces actions menées par environ deux cents jeunes, la police a répondu par des jets de grenades lacrymogènes qui ont été entendues bien au-delà de la ville basse et qui ont tenu éveillés, dans l'inquiétude, bon nombre de Foyalais. Cela n'est pas nouveau du tout car depuis deux ans, tout est bon pour cette fraction exaspérée de notre jeunesse afin qu'elle se fasse entendre : le chlordécone, les procès intentés à l'encontre des militants "rouge-vert-noir" etc...
Et pendant ce temps, nos politiques se taisent. Ou se terrent. Allez savoir !
Sans doute s'imaginent-ils que deux-cent ou trois-cent militants, circonscrits à la seule ville de Fort-de-France, ce n'est pas en fin de compte si grave, ce en quoi ils se trompent lourdement. Il y a une colère, sourde pour l'instant, qui gronde au sein de toute notre jeunesse même si elle ne descend pas dans les rues la nuit pour manifester. Il y a un malaise généralisé à travers la Martinique, toutes générations confondues, parce que tout un chacun, pour peu qu'il ait un minimum d'honnêteté, sent bien que le système mis en place 1946, même amendé d'abord par la décentralisation, puis par la création d'une assemblée unique, est à bout de souffle.
S'il a apporté d'indéniables bienfaits au plan de la santé, de l'éducation, des infrastructures etc., il a été impuissant à s'attaquer au principal verrou de notre société : la domination économique békée et l'économie de comptoir, mortifère pour notre pays, qu'elle a mis en place avec la complicité de l'Etat et d'une fraction de notre bourgeoisie dite "de couleur", en particulier ceux qui ont planté "le Courbaril de la Réconciliation" sur l'Habitation du plus riche Béké martiniquais sans rien, absolument rien, exiger de concret en échange. Résultat : notre pays vieillit, nos jeunes s'en vont sans espoir de retour, nos terres agricoles sont bétonnées, l'usage inconsidéré de pesticides nous a durablement empoisonnés, le chômage ne diminue pas, notre langue et notre culture s'étiolent, nous sommes menacés dans notre identité par une immigration, légale et illégale, venue d'Europe, d'Asie et de la Caraïbe etc...
Bref, les Martiniquais n'en peuvent plus de ce système même si, pour l'heure, seuls deux-cent jeunes l'expriment ouvertement. Le feu couve sous la cendre. Mesdames et messieurs les élus (es), l'heure est venue de prendre vos responsabilités ! Soit vous mettez en place les voies et moyens pour que la Martinique commence, progressivement mais résolument, à "sortir hors des jours étrangers" soit ce sera tôt ou tard le chaos.
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