72.000 hectares de terres agricoles partent en fumée chaque année !
Hectares dont la production permet de nourrir 200.000 personnes. Les géographes ont donné un nom pompeux à ce triste phénomène : la "rurbanisation" ou urbanisation des zones rurales. Les 72.000 qui sont détruits, c'est dans l'Hexagone, l'une des plus grandes puissances agricoles non seulement d'Europe, mais du monde. Il s'agit ni plus ni moins d'un crime contre les générations futures et pas seulement celles de ce pays, mais du monde car une grande partie de la production française est exportée.
Les 4/5 des rivières et des fleuves sont pollués à cause des pesticides, rejets industriels et autres nuisances, ce qui met en grave danger les nappes phréatiques et par conséquent la santé non seulement des consommateurs d'eau du robinet, mais aussi des eaux dites minérales ou de source. C'est un empoisonnement de masse qui ne dit pas son nom. Cela se passe où ? Dans l'Hexagone encore. C'est l'envers du décor : une puissante agriculture, mais archi-polluante.
Les grandes villes sont invivables à certains moments de l'année à cause des particules relâchées dans l'atmosphère par les échappements des automobiles. C'est une catastrophe sanitaire de basse intensité à la manière des guerres dites de "basse intensité". Rien de spectaculaire (sauf quand pendant deux ou trois jours les autorités se voient obligées d'instaurer la circulation alternée) : des vieux ayant des difficultés respiratoires décèdent prématurément, des asthmatiques voient leur état brusquement s'aggraver, des nouveaux-nés sont soumis à des doses intolérables de dioxine de carbone etc... Cela se passe encore en France et l'on pourrait évoquer cent autres problèmes gravissimes de la sorte.
Or, avez-vous entendu un seul candidat les évoquer dans le détail ? NON !
Et pourquoi ?
Parce que les 11 sont des "productivistes", des partisans du productivisme et ce qui les distingue c'est juste la répartition de la production : de MELENCHON à POUTOU en passant par ARTAUD et HAMON, on veut que ce soit les classes populaires, les travailleurs, les opprimés etc... qui en bénéficient ; de LE PEN à MACRON en passant par FILLON et DUPONT-AIGNAN, on veut que ce soit la bourgeoisie (en dépit du populisme mensonger de la Dame du FN).
11 candidats productivistes et 0 candidat écologiste, voici le vrai drame de cette élection présidentielle !
A cause de leurs dissensions imbéciles et de l'arrivisme de certains, les chefs des partis écologistes ont réussi l'exploit de transformer l'écologie en un banal sous-chapitre des programmes de ces 11 candidats entre la défense des personnes handicapées, le droit à l'avortement ou la liberté religieuse, toutes choses hautement respectables par ailleurs, mais aucunement vitales. Les chefs écologistes ont donc tué l'écologisme qui est l'internationalisme du XXIè siècle, le seul internationalisme qui vaille. Car la mondialisation a tué le vieil (et respectable lui aussi) internationalisme prolétarien des XIX et XXe siècles : l'ouvrier du Bangladesh qui fabrique les tee-shirts (que diffuse le Front National) n'a pas les mêmes intérêts qu'un ouvrier français du textile. La fameuse "délocalisation" qui plonge des régions entières de l'Europe, voire même des Etats-Unis, dans la désespérance fait le bonheur de maints pays de ce que l'on appelait autrefois le Tiers-monde, pays que la presse qualifie désormais d'"émergents". Alors bien sûr, on dira que c'est la faute du capitalisme prédateur, dans sa version financiariste, qui cherche à maximiser ses profits et qui préfère investir dans les pays à bas salaire. Oui, c'est vrai, mais qui peut abattre ce monstre ? Le socialisme soviéto-maoiste s'y est essayé pendant près de 70 ans avant de s'effondrer, la Russie et la Chine étant désormais dirigés par des pratiquants du capitalisme d'état avec les dérives mafieuses qui accompagnent ce genre de régime et à côté desquelles les costumes à 6.500 euros de François FILLON sont de la rigolade.
Seul l'écologisme pourrait vaincre le capitalisme financiariste.
Pourquoi ?
Parce que l'écologisme veut changer de paradigme et pas seulement mieux répartir les richesses. D'ailleurs, ce sont les termes même de "richesses", "production", "productivité" etc. qu'il remet en cause pour une raison très simple : la planète est en train d'être détruite. Le rythme d'exploitation de la nature par l'homme a atteint un niveau tel que c'est tout notre écosystème qui est en train de s'effondrer. Face à ce désastre, il n'y a guère qu'une solution : renoncer au productivisme et instaurer une société de frugalité. Quand on avance cela, en général, les productivistes de droite vous regardent avec un sourire de commisération, persuadés d'avoir affaire à des "babas cool" qui veulent ramener la société à l'âge de pierre ou au moins à celui des campagnes d'autrefois quand on faisait la cuisine sur du feu de bois et buvait du lait de brebis. Les productivistes, de gauche, eux s'indignent qu'on ne veuille pas permettre aux classes populaires de bénéficier enfin des bienfaits de ce qu'elles ont elles-mêmes produit dans les ateliers, usines, champs etc.
Tout ce beau monde refuse d'admettre qu'il faut commencer à sortir de l'exploitation effrénée de la nature et du délire productiviste (le fameux "toujours plus") qui l'accompagne. Et sortir sans délai !
Qu'on refuse de le reconnaître ou pas, le vrai clivage politique d'aujourd'hui, quel que soit le pays, est entre les productivistes et les écologistes. Ce qui veut dire qu'un vrai écologiste ne devrait voter ni au premier ni au deuxième tour de l'élection présidentielle française. Aucun des 11 candidats du premier tour et encore moins aucun des 2 du second tour n'ont montré le moindre début de commencement de compréhension de cette menace qui pèse sur l'humanité. Oui, l'humanité car le nuage de Tchernobyl ne s'est pas arrêté à la frontière belge ; l'acidification dramatique des océans ne touche pas que l'Atlantique ; l'augmentation de la température terrestre ne conduit pas qu'à la fonte de la banquise des pôles etc... etc...
Le problème est désormais mondial et plus du tout national.
Mais...car il y a un mais...
Mais dans le très court terme, le très-très court terme, l'électeur écologiste le plus convaincu, après avoir appliqué à juste raison le "ni...ni...ni...ni..." aux 11 candidats au premier tour, ne peut tout de même pas ne pas voter pour le moins pire des deux candidats restants, sachant que l'abstention ou le vote blanc favorisera objectivement le "plus pire" des candidats. La "plus pire", en l'occurrence, est raciste, antisémite, homophobe, catho traditionnaliste et adepte du système capitaliste quoiqu'elle dise. Sans compter qu'elle est à moitié inculte et bien sûr hostile aux intellectuels, scientifiques, universitaires et autres chercheurs.
L'électeur écologiste ne votera donc pas de gaieté de cœur. Il mettra son bulletin dans l'urne la mort dans l'âme, mais, s'il est Antillais, il le fera en pensant à ses dizaines de milliers de frères, cousins, parents, amis et alliés installés dans l'Hexagone et qui seront les premiers à faire les frais de la politique raciste que veut mettre en œuvre le Front National. Ils subissent déjà l'exploitation capitaliste et le racisme non avoué, ce n'est pas la peine, en s'abstenant, de leur infliger une double peine en les exposant en plus à un système ouvertement raciste...