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Municipales : les citadelles sont ébranlées

Yves-Léopold MONTHIEUX
Municipales : les citadelles sont ébranlées

Ce dimanche 28 juin 2020, la grisaille politique martiniquaise s’est éclairée d’une lueur d’optimisme inattendue, grâce à l’arrivée de visages nouveaux des deux sexes non issus des grandes écuries idéologiques. Les nouveaux élus sont assez nombreux pour ne pas se laisser inféoder et encourir les foudres de directeurs de conscience. Là où les maires sortants n’étaient pas candidats, les électeurs sont demeurés sourds aux tentatives de cooptation ou de mise en œuvre de dynasties. Enfin, j’ignore s’il y a un précédent au fait que deux frères, par ailleurs chefs d’entreprise, seront en même temps maires de deux communes, Ralph Monplaisir à Case-Pilote et Yan Monplaisir à St Joseph.

Le soir de sa victoire aux élections municipales de 1983, au Marin, Rodolphe Désiré déclarait être parvenu à renverser un « château-fort ». Il venait de succéder à Victor Charron qui paraissait imbattable. Il est vrai que le chemin lui avait été ouvert. Un an avant la fin de la mandature, le maire sortant avait été suspendu par une décision administrative stupéfiante, au motif d’une obscure affaire judiciaire. Une fois battu, les poursuites judiciaires allaient cesser. Il n’avait pas fait l’objet d’inculpation, l’ancêtre de la mise en examen. Près de 40 ans plus tard, la transmission de l’écharpe tricolore se réalise dans des conditions presque identiques pour le sortant. Même le terme de château-fort pourrait être repris tant la ville du Marin constituait la tête de pont du Parti progressiste martiniquais au sud de la Martinique. Mine de rien, cette défaite est aussi importante que celle subie par le représentant d’Alfred Marie-Jeanne à Rivière-Pilote.

Ce dernier avait fait de sa ville l’antre du mouvement indépendantiste martiniquais, ces trois mots étant repris pour désigner son parti plus connu par l’acronyme MIM. Issu de la SFIO, celui qui allait gravir tous les échelons de la responsabilité politique martiniquaise voit ainsi sa ville revenir, un demi-siècle plus tard, aux mains d’un élu de droite ou, à tout le moins, d’un homme qui n’a jamais fait mystère de son opposition aux idées de rupture institutionnelle.  Par ailleurs, par son implication active dans la campagne électorale, surprenante au François et pathétique à Ducos, la victoire d’Aurélie Nella ainsi que l’ampleur de la déconvenue de Karine Mousseau peuvent être regardées comme une défaite personnelle du président du conseil exécutif. Yan Monplaisir n’a pas eu la même attitude, qui a su convaincre ses électeurs de la réalité de sa prise de distance à l’égard d’Alfred Marie-Jeanne.

Comme je l’ai écrit dans mon ouvrage Alfred Marie-Jeanne, la fin d’une époque, le talent politique exceptionnel d’Alfred Marie-Jeanne n’a jamais été au service que de lui-même. Bien après Garcin Malsa qui avait été maire et conseiller général de Ste Anne, Jean-Philippe Nilor a été, en sa qualité de conseiller général, le seul élu en son nom propre du parti en dehors du président. Il le devait plus à son ancrage personnel à Ste Luce qu’à son appartenance au MIM. Il était ainsi devenu le seul choix possible pour remplacer AMJ comme candidat aux élections législatives du Sud. L’objectif n’était pas de promotionner Nilor mais de permettre à AMJ de réaliser son coup politique sans doute le plus fumant : aller battre le député sortant du Centre atlantique.

A un second niveau qui, mis dans une perspective d’ensemble, est du plus grand intérêt, l’arrivée de Yan Monplaisir à St Joseph et de Samuel Tavernier au François est une entaille significative à l’emprise du PPM sur le mouvement EPMN qui pourrait bien ne pas survivre à ces municipales. Par ailleurs, celle de Yan Monplaisir à la CACEM n’est pas une moindre entorse à l’hégémonie que le PPM exerce à travers EPMN sur le plus important EPCI de la collectivité.

Après la défection de la sénatrice Catherine Conconne chez l’une et du député Jean-Philippe Nilor, chez l’autre, ces coups de canif portés aux citadelles de Trénelle et de Rivière-Pilote pourraient augurer de l’apparition d’un nouveau discours politique. Ainsi donc sans crier gare, l’espoir pourrait remplacer le pessimisme ambiant et les nouvelles forces, surmonter les échecs en tous genres accumulés par la collectivité martiniquaise. Pourvu que les nouveaux élus ne se mettent pas dans les souliers de leurs anciens.

Fort-de-France, le 29 juin 2020

Yves-Léopold Monthieux

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