La Martinique vient de perdre un grand homme.
Armand Nicolas aura lutté toute sa vie pour l'émancipation du peuple martiniquais d'abord en tant que secrétaire du PCM (Parti Communiste Martiniquais) à une époque où l'oppression des travailleurs, notamment de la canne à sucre, était à son apogée. Cette époque où les forces dites de l'ordre n'hésitaient à ouvrir le feu lors des grèves "marchantes" qui ont scandé le 20è siècle et à saisir régulièrement le journal du Parti Communiste Martiniquais, Justice (l'un des plus vieux organes de presse de la Caraïbe francophone), la ploutocratie n'hésitant pas, elle, à faire assassiner un autre grand Martiniquais, André Aliker, son rédacteur en chef.
Armand Nicolas fut aussi l'éminent historien qui nous révéla l'importance du 22 mai et la révolte des esclaves qui mit fin à l'ignoble institution, cela avant l'arrivée à la Martinique du décret d'Abolition, battant ainsi en brèche la vulgate assimilationniste qui voulait que nos ancêtres aient obtenu la liberté grâce à la seule action de Victor Schoelcher. Son Histoire de la Martinique en plusieurs volumes est un ouvrage de référence qui devrait figurer au programme de toutes nos écoles, ce qui ne semble, hélas, pas encore le cas.
A l'heure où notre Martinique est plongée dans l'incertitude, voire le désarroi, sa rectitude, sa détermination et son courage de tous les instants constituent un exemple pour les générations actuelles. Armand Nicolas nous laisse un héritage militant et intellectuel considérable qu'il nous appartient de faire fructifier de la plus ardente des manières.
MONTRAY KREYOL présente en cette triste circonstance ses plus sincères condoléances à la famille Nicolas et à ses camarades du Parti Communiste Martiniquais.