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Message du prisonnier politique amérindien, Leonard Peltier pour Thanksgiving (novembre 2019)

Leonard Peltier
Message du prisonnier politique amérindien, Leonard Peltier pour Thanksgiving (novembre 2019)

Leonard Peltier
Prison fédérale de Coleman, Floride - États-Unis

Le 22 novembre 2019

L’année 2019 touche à sa fin, et nous approchons du jour que la plupart des Américains réservent pour célébrer Thanksgiving. Tandis que je laisse mes pensées errer au-delà des barreaux et des murs de béton, j’essaie d’imaginer ce que font les gens qui vivent à l’extérieur de la prison, et à quoi ils pensent. Leur arrive-t-il jamais de penser aux Autochtones qui ont été forcés de quitter leurs terres d’origine ?

Comprennent-ils qu’à chaque pas, quelle que soit la direction qu’ils prennent, ils marchent sur des terres volées ? Peuvent-ils imaginer, ne serait-ce qu’une minute, ce que c’était que de voir souffrir les femmes, les enfants et les bébés, et, oui, les malades et les personnes âgées, obligés d’aller toujours plus vers l’ouest, par des températures au-dessous de zéro et peu ou pas de nourriture ? C’était mon peuple et c’était notre terre. Il y avait un temps où nous étions libres et pouvions chasser le bison et cueillir de la nourriture et des plantes médicinales sacrées. Nous pouvions pêcher et avions de l’eau pure ! Les gens de mon peuple étaient généreux, nous partagions tout ce que nous avions, y compris nos connaissances permettant de survivre pendant les longs hivers rigoureux ou les étés chauds et humides. Nous savions apprécier les cadeaux de notre Créateur et nous n’oubliions pas de remercier tous les jours. Nous avions des cérémonies et des danses spéciales pour célébrer la vie.

Lorsque des étrangers sont arrivés sur nos côtes, la vie que nous connaissions devait changer de façon drastique. La propriété individuelle était étrangère à mon peuple. Des clôtures ?? Jamais entendu parler, à l’époque. Nous étions un peuple communautaire et nous prenions soin les uns des autres. Nos grands-parents n’étaient pas isolés de nous ! Ils étaient les gardiens de la sagesse, et des conteurs, et étaient un lien important pour nos familles. Les bébés ? Ils étaient et sont encore notre futur ! Voyez nos jeunes gens les plus brillants qui se mettent en danger pour combattre pour que notre eau et notre environnement restent sains pour les générations à venir. Ils sont prêts à affronter les gigantesques multinationales en enseignant au grand public la dévastation qu’elles causent. Je souris d’espoir quand je pense à eux. Ils n’ont pas peur et sont prêts à dire la vérité à tous ceux qui veulent bien l’entendre.

Nous n’oublions pas nos frères et sœurs de Bolivie, qui se soulèvent pour soutenir le premier Président Autochtone, Evo Morales. Son dévouement au peuple, à la terre et à leurs ressources, qu’il a protégé de la corruption, est digne d’éloges. Nous nous identifions si bien à cette lutte.

Alors, aujourd’hui, je remercie les gens qui sont prêts à faire preuve d’ouverture d’esprit, ceux qui sont prêts à accepter la responsabilité de faire des projets pour sept générations à venir, ceux qui se souviennent des sacrifices faits par nos ancêtres afin que nous puissions continuer à parler notre langue, et exprimer à notre manière notre reconnaissance dans notre propre peau, et reconnaître et respecter l’héritage Autochtone que nous portons.

A ceux d’entre vous qui sont reconnaissants d’avoir assez pour nourrir leurs familles, je souhaite que vous donniez à ceux qui n’ont pas eu autant de chance. Si vous avez un logement chaud et confortable, je souhaite que vous donniez à ceux qui ont froid et sont à la rue, si vous voyez quelqu’un qui souffre et a besoin de quelques mots de réconfort, soyez la personne qui viendra lui tendre la main. Et surtout, si vous voyez une injustice où que ce soit, ayez le courage de l’affronter.

Je veux remercier tous ceux qui ont la bonté de se souvenir de moi et de ma famille dans leurs pensées et leurs prières. Merci de continuer à me soutenir et à croire en moi. Il n’y a pas une minute, pas un jour, qui passent sans que j’espère que ce sera le jour où je serai libéré. J’attends le jour où je pourrai respirer de l’air frais, où je pourrai sentir une brise légère dans mes cheveux, regarder les nuages quand ils cachent le soleil et la lune, quand sa lumière éclaire le sentier vers la loge de sudation sacrée. Ce serait vraiment un jour que je pourrais appeler Thanksgiving, un jour de remerciements.

Merci d’écouter la voix, quelle qu’elle soit, qui transmet mes paroles. Mon Esprit est avec vous.

Doksha,

Dans l’Esprit de Crazy Horse,
Leonard Peltier

Traduction : Christine Prat (CSIA-Nitassinan / Groupe en soutien à Leonard Peltier en France, affilié au International Leonard Peltier Defense Committee - ILPDC aux USA)

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