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MAURICE : « NOUS N’AVONS PAS BESOIN À LA TÊTE DU GOUVERNEMENT D’UN PERSONNAGE BRUTAL », Dev Virahsawmy

MAURICE : « NOUS N’AVONS PAS BESOIN À LA TÊTE DU GOUVERNEMENT D’UN PERSONNAGE BRUTAL », Dev Virahsawmy

{{Dev Virahsawmy, linguiste, ancien politicien, homme de lettres condamne des attitudes persistantes. Nous vivons dans un pays avec des visières. Et tout un travail à faire ensemble pour empêcher les rumeurs, spéculations et mythes déterminer notre pensée, notre vie en communauté fermée. Le changement vrai n'est pas encore là...

Mauritius Times : Le gouvernement, quelques-uns de ses hommes, dont des nominés sont attaqués systématiquement par l'opposition, et les syndicalistes brandissant la menace de désobéissance civile, terme qui revient dans notre vocabulaire politique après de nombreuses années. Mohamad Vayid a-t-il raison d'affirmer qu'il manque une main ferme à la barre ?}}

{{Dev Virahsawmy :}} Tous ces débats ou toutes ces attaques par rapport à la nomination de trois vice-Premier ministres, nomination qui serait, selon certains légistes, anti-constitutionnelle, est, à mon avis, une tempête dans un verre d'eau. Parce que bien que la Constitution fasse provision pour un 'Deputy Prime Minister', je pense qu'il est possible qu'on puisse accorder le titre de vice-Premier ministre à plus d'un sans les conditions matérielles et les privilèges, y compris. Selon mes informations, il n'y a qu'un seul vice-Premier ministre au sein de ce gouvernement : l'honorable Rashid Beebeejaun. Les deux autres, Xavier Duval et Rama Sithanen, portent le titre de vice-Premier ministres sans les privilèges qui accompagnent ce poste.
Donc la décision d'octroyer le titre de vice-Premier ministre est de nature purement symbolique et administrative et ne garantit pas à celui qui détient ce titre quelque privilège additionnel.

{{* SAJ découvre trios années, après qu'il eut nommé trios vice-Premier ministres, que c'est une "couyonnade". Comment réagissez-vous à cela ?}}

-- Il ne faut pas oublier que sous le 'prime ministership' d'Anerood Jugnauth, il y avait aussi, si je ne me trompe pas, deux vice-Premier ministres. Il n'y a rien de nouveau à cela. On est en train de créer l'impression que l'actuel gouvernement a agi d'une façon anti-constitutionnelle. Il n'y a rien de tel aussi longtemps que les vice-Premier ministres ne bénéficient pas d'un traitement supérieur aux autres ministres, à l'exception du Dr Rashid Beebeejaun. Je dirais aussi qu'on est en train d'oublier le principal responsable, si problème, il y a : le Président de la République, qui est le gardien de la Constitution. Ce gardien de la Constitution aurait dû faire part de ses objections lors de la nomination de ces vice-Premier ministres, et non pas venir après trois ans qualifier cela de "couyonnade". Un Président de la République n'utilise pas un tel langage, comme l'a fait Anerood Jugnauth ; c'est grossier.

En ce qui concerne les revendications des enseignants, c'est une pratique normale dans une démocratie que des gens mécontents de leurs conditions d'emplois brandissent la menace de grève ou de désobéissance civile. Il ne faut pas non plus exagérer pour les condamner d'avoir choisi la veille des examens pour brandir de telles menaces, car tous les travailleurs du monde entier choisissent le moment le plus stratégique pour s'assurer du succès de leurs actions syndicales. Toute personne qui se sent lésée a le droit de manifester. Cela dit, je pense que c'est dangereux dans un moment difficile que traverse le pays de venir encourager des réflexes tyranniques. Il y a des personnes à Maurice qui voudraient une personnalité forte à la direction du pays ; cela pour créer l'impression que l'actuel Premier ministre n'en a pas l'étoffe. Attention ! Nous n'avons pas besoin, à la tête du gouvernement, d'un personnage brutal qui « coupe la main, coupe li pied, coupe la langue ». C'est également dangereux d'avoir à la tête des gens qui disent « moralité pas rempli ventre ». Navin Ramgoolam, à mon avis, est différent, c'est un leader ferme mais généreux en même temps. Il y a des gens qui ont une vision à sens unique : de leur point de vue, si l'on n'est pas ferme, on est faible. Ma conception d'un bon leadership, c'est un mélange de fermeté et de générosité que je trouve dans le style de gestion de Navin Ramgoolam. Certes, il existe des lacunes, des dossiers mal gérés, mais grosso modo, j'estime que c'est un gouvernement qui essaie d'aller dans le sens de la démocratisation de l'économie. Encore, faut-il le souligner, que ce n'est pas chose facile à réaliser dans un court laps de temps quoique ce soit nécessaire, primordial même pour notre avenir. C'est normal que certains vont critiquer son gouvernement sur de petits détails, mais dans l'ensemble, j'aurais souhaité que le gouvernement aille plus loin et agisse avec beaucoup plus de force dans le sens de la démocratisation de l'économie.

{{* Les gouvernements sont souvent mal servis par leurs hommes. Avez-vous l'impression que ce gouvernement souffre davantage de ce problème ?}}

-- Non, pas vraiment. Il y a quelques dossiers qui sont fondamentaux : je pense que Rama Sithanen a trouvé des formules intéressantes pour l'économie ; je considère que Xavier Duval fait un très bon travail du côté du tourisme, et on me dit aussi qu'au niveau du textile les choses marchent raisonnablement bien. Ce qui fait défaut, c'est probablement des gens avisés au sein du gouvernement par rapport aux développements en cours sur plusieurs plans dans le monde. Parce que c'est dangereux de vouloir faire relancer l'économie alors que le monde capitaliste est en pleine récession, de vouloir parler de deux millions de visiteurs à un moment où le fuel coûte excessivement cher et où nos marchés traditionnels traversent par des situations économiques très graves -- le pays le plus endetté au monde, c'est les Etats-Unis ; la France et l'Angleterre connaissent déjà la récession. Le gouvernement aurait intérêt à réfléchir sur l'opportunité d'exploiter d'autres créneaux. Parallèlement à notre dépendance sur le tourisme et le textile, il faut aussi œuvrer dans le sens d'une économie qui nous assurerait une certaine autosuffisance. Il n'y a pas lieu pour nous de nous enfermer dans un cocon, mais il faut bien se dire que la globalisation, telle qu'elle perçue par beaucoup de personnes, est déjà morte. Il faut que des pays, comme Maurice, se donnent les moyens de produire pour leurs besoins locaux, d'où l'importance des petites et moyennes entreprises dans cette optique. Mais, le plus important, c'est l'autosuffisance alimentaire. Il faut donc revoir cette question d'accès à la terre, la réforme agraire mais aussi notre culture alimentaire, car on ne pourra pas continuer à dépendre et du riz et de la farine importés pour nos besoins d'alimentation. Il y a d'autres nourritures que nous pouvons facilement produire à Maurice : la pomme de terre, le fruit à pain, le manioc, le maïs, des éléments qui peuvent constituer notre 'staple food'. Si demain on parvient à encourager les Mauriciens à consommer le pudding de maïs pour le petit déjeuner au lieu du 'cornflaxe', c'est le pays qui en sortira gagnant. C'est cette nouvelle culture alimentaire qui va nous permettre de combattre l'obésité, le diabète et tant d'autres maladies sans compter sur les économies de devises étrangères. Il y a un grand travail à faire dans ce sens.

{{* C'est la démocratisation de l'économie qui va, selon vous, nous permettre d'accomplir de telles choses ?}}

-- Cela devra nécessairement passer par une réforme agraire, mais je trouve dommage qu'on ne parle pas assez de cette exigence.

{{* Comment y parvenir alors que quelques initiatives gouvernementales dans le sens de la démocratisation de l'économie rencontrent déjà beaucoup d'opposition ?}}

-- A part les terres contrôlées par l'Etat, le gouvernement devrait aussi dans l'intérêt public acheter une certaine partie des terres pour être redistribuées aux producteurs, aux petits planteurs. Je ne suis pas en train de parler en termes d'expropriation. Mais on a besoin de ces terres pour redynamiser la production alimentaire, et c'est dans l'intérêt public qu'il faut les nationaliser évidemment 'against monetary compensation'. Nous savons tous que les propriétaires terriens sont davantage tentés par un « quick buck », d'où les projets type IRS, ce qui leur rapporte un retour conséquent sur l'investissement très rapidement. Or la marge de profit dans la production alimentaire n'est pas élevée, mais c'est indispensable pour le pays. En liant ceci à des fermes intégrées et à des coopératives autogérées, on pourrait faire avancer le projet de démocratisation de l'économie à une vitesse supérieure.

{{* Revenons à l'actualité : pensez-vous que le Premier ministre dispose de suffisamment de cartes pour pouvoir renverser la vapeur après les attaques systématiques de l'opposition concernant les affaires liées à Bert Cunningham, Siddick Chady, Sada Curpen, etc ?}}

-- Je ne souhaite pas brouiller les cartes car je ne connais pas suffisamment les tenants et aboutissants de l'affaire Cunningham. Toutefois, cette affaire me rappelle deux autres affaires où les gens avaient pris position sans connaître au préalable le fond de ces affaires. Premièrement, l'affaire Sheik Hossen, où, à un moment donné, les gens se sont fiés à la parole d'une personne et se sont attaqués à toutes les institutions du pays. Deuxièmement, il y a eu le cas d'Eric Stauffer. Dans ce cas précis également, je me rappelle que la presse s'est mise de la partie immédiatement pour soutenir Eric Stauffer. Ce dernier, rappelons-le, a bénéficié d'un traitement VIP tant au niveau de cette presse qu'au niveau de certains dirigeants du gouvernement d'alors. La suite, on sait bien ce qui c'est passé. Existe-t-il des similitudes entre l'affaire Cunningham et celles concernant Sheik Hossen et Eric Stauffer ? Je laisse le soin aux Mauriciens de tirer leurs propres conclusions. Personnellement, je ne suis pas de ceux qui vont dire que M. Cunningham est le défenseur de la vérité, que c'est un homme juste ou que c'est lui qui va sauver l'Ile Maurice, comme certains titres de presse nous aient voulu nous faire croire. Quand aux autres cas que vous avez cités, je ne souhaite pas en parler parce qu'ils font l'objet d'enquêtes policières. Il faut laisser à la police le soin de faire son travail et aux cours de justice de prononcer leurs verdicts.

Je souhaite cependant dire aux Mauriciens de prendre garde à des mythes que certains veulent créer. Quand j'étais gosse, on me disait que Nanard était le Robin des Bois de l'île Maurice. Bien plus tard j'ai appris que Nanard était un dangereux criminel, et qu'il n'était pas celui qui volait aux riches pour donner aux pauvres. Ce que j'ai constaté tout au long de ma vie, c'est qu'à chaque fois qu'on traque un criminel et qu'on réussit à l'arrêter et le faire condamner, souvent on crée un mythe autour de ce dangereux criminel qui devient aux yeux de certains un héros, un sauveur, un martyre. Il faut faire bien attention : il y a des gens qui sont coupables de crimes et de divers délits. Juste parce qu'ils sont coincés par la police ne font pas d'eux des héros, des sauveurs, des martyres. C'est une mauvaise habitude que nous avons à Maurice d'ériger des criminels en héros. Peut-être que ça vient du fait que nous sommes du genre anti-autorité ; c'est une bonne chose que d'être anti-autorité, c'est une recette qui peut nous mener vers plus de liberté mais il faut que ce soit une liberté responsable. La liberté, si elle n'est pas responsable et bien gérée, peut causer pas mal de tort à la société.

{{* Voyez-vous un ou des Nanards opérant dans le milieu actuellement ?}}

-- Non, j'ai utilisé ces exemples pour vous dire que c'est trop facile d'ériger des gens en héros, surtout lorsqu'il s'agit des gens qui perdent leurs emplois, etc. Prenons cette expression qui est devenue courante depuis les dernières élections : « lev paké aller ». Mais c'est une pratique normale que les nominés politiques sont appelés à partir, après la défaite de leurs protecteurs. Mais, depuis un certain temps, on trouve que c'est outrageux et injuste de faire partir les protégés du précédent gouvernement, donc des nominés politiques. On veut à tout prix faire croire que c'est un gouvernement « dominère ». Alors on utilise toutes sortes de tactiques pour créer cette impression. Je ne vois pas un gouvernement « dominère » en place, je vois plutôt un gouvernement qui a hérité d'un fardeau très lourd et qui est en train de mettre de l'ordre.

Ma critique, c'est que c'est un gouvernement qui ne frappe pas assez fort dans le sens qu'il faut par rapport à la sécurité alimentaire, à notre culture alimentaire, à la question de 'literacy'. On ne pourra pas développer l'île Maurice moderne avec 50% de nos enfants qui terminent leurs études primaires et sont incapables de suivre des cours du secondaire. C'est un gaspillage de potentiel humain, mais c'est aussi un gaspillage de ressources matérielles parce que l'éducation coûte cher. On ne peut pas continuer à parler de modernisation de l'économie quand nous ne produisons que 6000 détenteurs du HSC par an alors qu'on aurait pu, avec des réformes appropriées, produire 12,000-15,000 'HSC-holders'. Donc, il y a des réformes sérieuses à apporter au niveau de l'Éducation et l'actuel ministre n'a rien compris à tout cela. Ça, c'est une faiblesse de l'actuel gouvernement et l'Opposition aurait dû taper fort là-dessus. L'Opposition et les médias ne font que privilégier la démagogie.
Il y a également d'autres problèmes urgents à régler. Par exemple, ce n'est pas possible qu'il y ait à l'île Maurice un très petit pourcentage de femmes dans la politique ou dans l'administration. Nous sommes au plus bas par rapport aux pays de la SADC. Pourtant Maurice a une tradition démocratique très forte. Alors comment faire avancer la « gender democracy » à Maurice ? Il faut y réfléchir. Un autre problème fondamental, selon moi, c'est comment créer les possibilités pour amener les Afro-créoles à se sentir bien dans leur peau et leur accorder les opportunités d'avancement dont dispose tout le monde. C'est un grand chantier de solidarité nationale, de partage à bâtir. Il y a tous ces grands projets auxquels on n'entend absolument rien de la part de l'Opposition. Son souci principal, voilà ce que c'est : qui va devenir Premier ministre et pour combien de semaines !

{{* Ce qui retient l'attention actuellement, c'est la nomination prochaine du Président de la République. Les spéculations vont bon train quant à celui ou celle qui assumera ces fonctions. Quelle lecture faites-vous de cette éventuelle nomination ?}}

-- Il y a deux façons de voir cela. Dans l'idéal, j'aurais souhaité un Afro-créole, non pas un Euro-créole, comme Président de la République, et une femme de n'importe quel groupe ethnique comme vice-Présidente. Par contre, à voir les données actuelles, j'aurais maintenu Anerood Jugnauth à la présidence si j'étais Premier ministre, parce que cela nous permettrait d'avoir une certaine stabilité politique afin qu'on puisse aller de l'avant avec les projets fondamentaux que j'ai énumérés plus tôt, comme la sécurité alimentaire, la question de 'literacy', la 'gender equality', etc. Et, comme vice-Président, j'aurais opté pour une femme Afro-créole. Qu'est-ce que cela va changer, me dira-t-on ? Le symbole est important. On a tous parlé en termes de Monsieur X ou Y, mais jamais de femmes. Il faut avoir le courage de dire que les Euro-créoles sont bien lotis, ils contrôlent l'économie, les médias ; mais les Afro-créoles n'ont rien. Il faut que dans le cadre des projets d''empowerment' non pas seulement combattre la pauvreté, mais aussi créer des symboles qui puissent donner aux Afro-créoles des « role models » forts.

{{* Mais il se pourrait que sir Anerood Jugnauth ne soit pas intéressé, qu'il soit pris ailleurs, comme donner un coup de main aux ambitions politiques de son fils, n'est-ce pas ?}}

-- Je me permets d'avoir une opinion contraire. Je pense que SAJ serait intéressé à demeurer Président et à mourir comme Président. Et que si certains se ruent en ce moment dans les brancards, c'est juste pour augmenter le pouvoir de marchandage de sir Anerood. Passons à côté de ces détails. Ce qui est important, à mon avis, c'est qu'on arrive à avoir une période de stabilité politique et sociale dans le pays, le temps de nous attaquer à des problèmes urgents et dont les solutions peuvent faire avancer la société mauricienne.

{{* Faire avancer la société mauricienne c'est sans doute un agenda national très important, mais il y a aussi l'agenda politique de Premier ministre. Peuvent-ils coïncider ?}}

-- Ce que je viens de dire est lié à l'agenda politique. Je ne suis pas dans le 'inner circle' de Navin Ramgoolam, mais si j'étais à sa place, voilà comment j'aurais agi. Premièrement, il dispose d'une base politique solide, constituée en majorité des hindous. Il a pu faire ce que son père n'a pas réussi : établir une alliance avec la communauté musulmane, une alliance beaucoup plus forte que celle liant sir Seewoosagur et sir Abdool Razack Mohamed. Ce que Navin Ramgoolam peut faire sur la base de la force que cette alliance représente, c'est de faire comprendre aux Afro-créoles qu'il a leurs intérêts à cœur, tout comme il a dans son cœur les intérêts de tous ceux à Maurice qui ne sont pas riches et qui manquent du nécessaire. Il y a une élite privilégiée qui dispose de tout ce dont elle a besoin, mais le reste a besoin d'un gouvernement, des politiques et des projets qui iraient dans le sens de l''empowerment', de justice, de 'fair play' et de l'assurance « that we belong to the nation ». Navin Ramgoolam peut le faire ; il doit le faire. S'il ne le fait pas, il sera politiquement un échec. Donc, ces projets dont je parle sont vitaux pour le projet social-démocrate de Navin Ramgoolam en espérant qu'il aille encore plus à gauche dans la social-démocratie. Je ne vois aucune contradiction entre ces idées liées à la social-démocratie et le projet politique de Navin Ramgoolam.

{{* L'oligarchie va tout essayer pour l'abattre politiquement avant qu'il ne puisse réaliser cette grande coalition dont vous parlez ; vous en êtes conscient ?}}

-- Je pense que l'oligarchie, la grande bourgeoisie a dû commencer à réfléchir sur les limites de l'économie mondiale et que les grandes possibilités de s'enrichir rapidement en très peu de temps, c'est du passé. Dans le passé et jusqu'aujourd'hui, tout allait dans ce sens : on a parlé des projets IRS, du développement accéléré du tourisme, etc., mais tout cela, je pense, relève de « yesterday's news ». Petit à petit, cette grande bourgeoisie va prendre conscience que les problèmes mondiaux vont nous forcer à adopter une politique alternative qui garantirait l'autosuffisance dans plusieurs secteurs, la protection de l'industrie locale, etc., cela afin de protéger notre économie, garantir l'emploi, et développer nos ressources. Quand la grande bourgeoisie arrivera à réaliser qu'il n'y a pas vraiment de grandes possibilités dans les grandes ouvertures telles que prônées par la WTO, etc., et que le nationalisme va prendre le dessus, je ne vois pas comment elle va pouvoir faire obstacle aux projets d'autosuffisance, etc. Elle aura aussi un rôle à jouer, car elle dispose des terres. Elle arrivera à comprendre ce dont le pays aura besoin dans le long terme. Car si la pauvreté s'agrandit, la sécurité va devenir un tel problème qu'il n'y aura pas de développement touristique ni de développement type IRS à moins qu'elle crée des « gated communities » à travers le pays. Si cette grande bourgeoisie commence à réfléchir sur ce qui va se passer dans le monde – le changement climatique, par exemple, qui représente une menace directe pour nos hôtels sur le littoral --, ils parviendront à comprendre qu'un dirigeant comme Navin Ramgoolam a un rôle à jouer pour garantir le développement et la paix sociale. Une grande bourgeoisie qui, aujourd'hui, décide de soutenir des aventuriers comme Bérenger et le p'tit Jugnauth, c'est une grande bourgeoisie complètement aveugle et qui ne comprend rien. J'ose espérer qu'elle commence à réaliser et qu'elle va comprendre que si elle ne s'associe pas à ces grands projets dans l'intérêt du pays, un raciste anti-blanc va se développer à une vitesse vertigineuse à Maurice. L'île Maurice est perçue comme un pays où il existe déjà un apartheid économique. Il faut s'attaquer à la citadelle qui fait que cette perception est confirmée par la réalité. Bien que j'eusse dans le passé critiqué la grande bourgeoisie pour son refus de comprendre l'importance de ce développement national, parce qu'elle n'a toujours œuvré que pour promouvoir ses intérêts, les données actuelles, je suis certain, vont les forcer à penser autrement. Et si cela arrive, ça va être une bénédiction pour l'île Maurice.

{{* Et pour réaliser tout cela, il va falloir un deuxième mandat, car on ne peut pas accomplir de telles choses dans un seul mandat, n'est-ce pas ?}}

-- Je dirais que, jusqu'à preuve du contraire, je ne vois pas comment Navin Ramgoolam et son équipe vont perdre les prochaines élections. A moins qu'ils fassent de grosses bêtises…

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« Une grande bourgeoisie qui, aujourd'hui, décide de soutenir des aventuriers comme Bérenger et le p'tit Jugnauth, c'est une grande bourgeoisie complètement aveugle et qui ne comprend rien. J'ose espérer qu'elle commence à réaliser et qu'elle va comprendre que si elle ne s'associe pas à ces grands projets dans l'intérêt du pays, un raciste anti-blanc va se développer à une vitesse vertigineuse à Maurice… »
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« Je pense que SAJ serait intéressé à demeurer Président et à mourir comme Président. Et que si certains se ruent en ce moment dans les brancards, c'est juste pour augmenter le pouvoir de marchandage de sir Anerood. Passons à côté de ces détails. Ce qui est important, à mon avis, c'est qu'on arrive à avoir une période de stabilité politique et sociale dans le pays, le temps de nous attaquer à des problèmes urgents… »
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« Il y a une élite privilégiée qui dispose de tout ce dont elle a besoin, mais le reste a besoin d'un gouvernement, des politiques et des projets qui iraient dans le sens de l''empowerment', de justice, de 'fair play' et de l'assurance « that we belong to the nation ». Navin Ramgoolam peut le faire ; il doit le faire. S'il ne le fait pas, il sera politiquement un échec. Donc, ces projets dont je parle sont vitaux pour le projet social-démocrate de Navin Ramgoolam en espérant qu'il aille encore plus à gauche dans la social-démocratie.… »
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« Comme vice-Président, j'aurais opté pour une femme Afro-créole. Qu'est-ce que cela va changer, me dira-t-on ? Le symbole est important. On a tous parlé en termes de Monsieur X ou Y, mais jamais de femmes. Il faut avoir le courage de dire que les Euro-créoles sont bien lotis, ils contrôlent l'économie, les médias ; mais les Afro-créoles n'ont rien. Il faut que dans le cadre des projets d''empowerment' non pas seulement combattre la pauvreté, mais aussi créer des symboles qui puissent donner aux Afro-créoles des « role models » forts… »
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« Quand j'étais gosse, on me disait que Nanard était le Robin des Bois de l'île Maurice. Bien plus tard j'ai appris que Nanard était un dangereux criminel, et qu'il n'était pas celui qui volait aux riches pour donner aux pauvres. Ce que j'ai constaté tout au long de ma vie, c'est qu'à chaque fois qu'on traque un criminel et qu'on réussit à l'arrêter et le faire condamner, souvent on crée un mythe autour de ce dangereux criminel qui devient aux yeux de certains un héros… »
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« On est en train d'oublier le principal responsable, si problème, il y a : le Président de la République, qui est le gardien de la Constitution. Ce gardien de la Constitution aurait dû faire part de ses objections lors de la nomination de ces vice-Premier ministres, et non pas venir après trois ans qualifier cela de "couyonnade". Un Président de la République n'utilise pas un tel langage, comme l'a fait Anerood Jugnauth ; c'est grossier… »
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« Il y a des personnes à Maurice qui voudraient une personnalité forte à la direction du pays ; cela pour créer l'impression que l'actuel Premier ministre n'en a pas l'étoffe. Attention ! Nous n'avons pas besoin, à la tête du gouvernement, d'un personnage brutal qui« coupe la main, coupe li pied, coupe la langue ». C'est également dangereux d'avoir à la tête des gens qui disent « moralité pas rempli ventre ». Navin Ramgoolam, à mon avis, est différent, c'est un leader ferme mais généreux en même temps… »
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« L'île Maurice est perçue comme un pays où il existe déjà un apartheid économique. Il faut s'attaquer à la citadelle qui fait que cette perception est confirmée par la réalité. Bien que j'eusse dans le passé critiqué la grande bourgeoisie pour son refus de comprendre l'importance de ce développement national, parce qu'elle n'a toujours œuvré que pour promouvoir ses intérêts, les données actuelles, je suis certain, vont les forcer à penser autrement. Et si cela arrive, ça va être une bénédiction pour l'île Maurice… »
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« Prenons cette expression qui est devenue courante depuis les dernières élections : « lev paké aller ». Mais c'est une pratique normale que les nominés politiques sont appelés à partir, après la défaite de leurs protecteurs. Mais, depuis un certain temps, on trouve que c'est outrageux et injuste de faire partir les protégés du précédent gouvernement, donc des nominés politiques. On veut à tout prix faire croire que c'est un gouvernement 'dominère'… »}}

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