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MARTINIQUE : CONSEIL REGIONAL OU FOIRE D’EMPOIGNE ?

MARTINIQUE : CONSEIL REGIONAL OU FOIRE D’EMPOIGNE ?

Depuis que le la nouvelle gouvernance, celle du PPM sous la houlette de Serge Letchimy, a pris les rênes du Conseil Régional de la Martinique, il ne se passe quasiment pas une séance plénière sans que nos élus de tous bords n’interrompent brutalement celui qui a la parole, n’échangent des noms d’oiseaux, voire des insultes jusqu’à en arriver parfois au bord de l’affrontement physique. Faut-il s’indigner de cette situation ? Qui en porte la responsabilité première ?

Le jeudi 31 janvier, la plénière du jour a atteint des sommets de vulgarité lorsqu’on a vu un conseil régional du PPM couper la parole à un élu patriote qui accusait la Région d’avoir approuvé l’usage du pesticide « chlordécone » dans nos bananeraies et par conséquent. l’empoisonnement de la Martinique. Hors de lui, le vociférateur a traité son opposant de :

« {Mantè ! Malpwop ! etc…} »

En créole dans le texte. On y reviendra.

Dans un premier temps le président de Région s’est efforcé de ramener le calme dans l’assemblée pour finir, lui aussi, par qualifier l’élu patriote, demeuré tout le temps impassible, de « menteur ». Faut-il donc s’en indigner ? Non tout d’abord parce que c’est partout pareil à travers le monde : tout un chacun a déjà vu à la télé ou sur l’Internet, des députés russes, japonais, grecs ou bulgares faire le coup de poing, balancer des chaises à l’adversaire et même en France ou en Italie, ce genre de choses s’est déjà produit à diverses reprises. Donc nos chers élus ne sont en rien différents de leurs alter ego des autres pays et il n’y a rien de nouveau sous le soleil. La politique n’est pas un dîner de gala, mais un combat. Combat de gueule qui peut parfois se transformer en combat de poings. En fait, le premier responsable de cette spectacularisation du combat politique est la télévision ou plus exactement la retransmission télévisée des débats au sein des assemblées politiques. Ainsi, dans notre petite Martinique, à l’époque où ces retransmissions n’avaient pas cours, il était rarissime que nos élus en arrivent à de telles extrémités. Mais voilà, ils sont désormais face à des caméras, ils savent que leurs électeurs et le grand public les regardent et dès lors, ils se doivent de démontrer qu’ils sont des « coqs » ou des « majors », qu’ils en ont dans la culotte et ne se laissent pas faire. Il y va, semble-t-il, de leur survie politique.

On est donc en droit de se demander si ces retransmissions télévisées qui sont présentées comme un pas en avant vers plus de démocratie jouent vraiment ce rôle. Il est permis d’en douter ! Chez nous, le téléspectateur moyen s’assied devant son poste moins pour écouter des arguments rationnellement et calmement développés que pour assister à des combats de coqs comme si nos assemblées locales étaient des « pit ». Si bien que l’élu qui sera le plus fort en gueule, qui bombera le torse, interrompra l’adversaire ou l’insultera sera perçu comme un « mal-boug » tandis que celui qui gardera son calme sera considéré comme « terne », voire comme « makoumè ». C’est triste, mais c’est comme ça. Donc non, le comportement de nos élus, sous l’œil des caméras, n’est guère différent de celui de leurs collègues des autres pays. Sauf dans les régimes autoritaires (Chine, Cuba etc.) où tout perturbateur est immédiatement évacué de l’assemblée sur-le- champ.

Il faut noter cependant que c’est sous cette nouvelle gouvernance PPM que les débats ont atteint semblable niveau de violence verbale. Sous l’ancienne gouvernance PPM (Camille Darsières), la gouvernance communiste (Emile Capgras) et la gouvernance Patriote (Alfred Marie-Jeanne), jamais on n’a assisté à pareille foire d’empoigne. Cela est sans doute lié à l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle génération de quadragénaires et de quinquagénaires aux dents longues d’une part et à la culture politique limitée d’autre part. Et également au manque de sang-froid récurrent du président de Région qui aurait bien besoin d’une petite cure de sagesse hindouiste…

Mais d’un autre côté, cette violence verbale est à pointer du doigt lorsqu’on constate que nos chers élus s’insultent en…créole. Ces messieurs-dames n’utilisent jamais notre langue nationale pour faire leurs interventions, même pas le 28 octobre de chaque année, pourtant Journée Internationale du Créole, comme c’est le cas dans les parlements haïtiens, saint-luciens, mauriciens ou seychellois. Les élus martiniquais n’utilisent, en effet, que de très rares mots ou proverbes créoles dans leurs interventions en français, le plus souvent pour faire de l’humour. Mais quand il s’agit de s’étriper, de se balancer des insultes au visage, là, exactement comme Ti Sonson, ils utilisent la langue jugée inférieure, sale et vulgaire. Quand on sait que 80% des élus martiniquais sont soit autonomistes soit indépendantistes, c’est-à-dire des gens qui défendent (ou disent défendre) l’identité et la culture martiniquaises, il y a de quoi demeurer pantois devant un tel mépris pour notre langue créole.

«{ Mantè ! Malpwop ! Vakabon !...Kouyonnad ou ka rakonté la ! Sakré enbésil ki ou yé !..}. », voici ce à quoi nous avons droit régulièrement dans l’enceinte de la Région Martinique !

Cela est tout simplement INADMISSIBLE.

{Mésié-zé-danm, tibwen respé ek lonè ba lang kréyol nou an ! }

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