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Interview

LOUIS BOUTRIN : « Nous exigeons des enquêtes épidémiologiques par des experts internationaux indépendants ! »

Entretien Jean Marc PULVAR
LOUIS BOUTRIN : « Nous exigeons des enquêtes épidémiologiques par des experts internationaux indépendants ! »

Co-auteur avec Raphaël CONFIANT de l’ouvrage « Chronique d’un empoisonnement annoncé » aux éditions L’Harmattan (février 2007), Louis BOUTRIN expose ici les raisons de son combat.

MONTRAY K : Plutôt choquant comme titre. Pourquoi ce choix ?

Louis BOUTRIN : Ce n’est pas le titre du livre qui est choquant. Ce que choque c’est que pendant des décennies les autorités publiques ont autorisé l’utilisation massive de pesticides organochlorés dans les plantations bananières aux Antilles françaises. Or, dès le départ, la communauté scientifique internationale reconnaissait que ces pesticides organochlorés sont de véritables poisons. En autorisant la mise sur le marché, l’importation, la vente et l’utilisation de ces poisons durant plusieurs décennies dans l’agriculture antillaise, ces autorités ont perpétué un empoisonnement massif de nos populations.

MONTRAY K. : Oui, mais on pensait que cette affaire de pesticides et de Chlordécone est aujourd’hui définitivement réglée puisque les agriculteurs seront bientôt indemnisés ?

Louis BOUTRIN : Cette affaire, comme vous le dites, est en fait un véritable scandale à l’instar de celui de l’amiante, du sang contaminé ou de la vache folle. A la seule différence qu’elle se déroule en Guadeloupe et en Martinique, et que le Ministère de l’Agriculture et les services de l’Etat qui sont directement incriminés, tentent de se disculper. Au fil de notre enquête, malgré l’insupportable rétention d’information, nous avons découvert les dessous d’un scandale qui n’aurait jamais eu cette même ampleur si les faits s’étaient déroulés dans l’hexagone. Cette affaire n’est donc pas réglée puisque les terres agricoles sont polluées, les rivières contaminées et les sources d’eau potable interdites.

MONTRAY K. : Il s’agit en fait d’une pollution de terre agricole. Pourquoi parlez-vous donc de scandale ?

Louis BOUTRIN : Parce que pendant des années on a tenté de cacher la vérité à la population. Depuis la fin des années 70, des rapports successifs faisaient état de contaminations des sols agricoles et des sédiments par le Chlordécone et autres pesticides sans que les élus locaux, les présidents des deux Assemblées et nos parlementaires en soient informés. Aujourd’hui, personne n’a vraiment intérêt à ce que ce scandale éclate au grand jour. Plusieurs Ministre de l’Agriculture, plusieurs personnalités nationales de premier plan sont directement concernés. Notre travail d’investigation nous a permis de faire la lumière sur la genèse de cette affaire et ses conséquences sur l’environnement, sur l’économie agricole et surtout sur la santé de nos concitoyens.

MONTRAY K. : A propos de santé, les médecins épidémiologistes et les experts qui ont été dépêchés aux Antilles, ont été rassurants quant aux conséquences du Chlordécone sur la santé publique…

Louis BOUTRIN : Il faut que l’on soit clair ! L’Etat dont les services déconcentrés sont directement mis en cause, ne peut être juge et partie. Il nous faut exiger des enquêtes épidémiologiques par des experts internationaux indépendants car on assiste aux Antilles à une explosion des cancers et une augmentation sans cesse galopante des maladies de Parkinson et d’Alzheimer, de certaines maladies auto-immunes et d’une effroyable infertilité masculine. Des enquêtes épidémiologiques sont en cours mais nous ne nous faisons aucune illusion quant aux conclusions. Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que chacune année il recense 266 et 244 nouveaux cas de cancers de la prostate respectivement en Martinique et en Guadeloupe et que les Antilles détiennent le taux de cancer de la prostate le plus élevé au monde juste après les Etats-Unis d’Amérique, 1er utilisateur mondial de pesticides. Il va bien valoir trouver des explications crédibles à cette situation sanitaire fortement dégradée et tenir compte des travaux des cancérologues de renom qui établissent tous une relation de causalité entre ces cancers et les pesticides.

MONTRAY K. : Qu’attendez-vous de cet ouvrage ?

Louis BOUTRIN : Cet ouvrage ne participe pas d’une chasse aux sorcières, il cherche à établir les responsabilités et dans cette affaire, elles sont nombreuses. Aujourd’hui, des plaintes ont été déposées pour mise en danger de la vie d’autrui. Il appartiendra à la justice d’intervenir, de désigner les coupables. Mais n’oublions pas que les sols sont toujours contaminés, que les enquêtes épidémiologiques indépendantes n’existent toujours pas et que les agriculteurs attendent toujours les indemnisations promises. Une telle situation ne saurait perdurer. Aussi, face à de tels enjeux, nous avons décidé d’interpeller l’ensemble des candidats aux présidentielles. Ce sera chose faite sous quinzaine.

Post-scriptum: 
Chronique d’un empoisonnement annoncé Le scandale du Chlordécone aux Antilles françaises 1972 – 2002 Editions L’Harmattan.

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