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L'ONU étouffe un rapport accusant Israël d'apartheid

L'ONU étouffe un rapport accusant Israël d'apartheid

Pour la première fois, une agence des Nations unies a directement accusé Israël d'imposer "un régime d'apartheid" au peuple palestinien. Sous la pression d'Israël et des Etats-Unis, le Secrétaire général de l'ONU s'est dissocié de ce document. Après plusieurs jours de polémique, la  Secrétaire générale adjointe des Nations unies, Rima Khalaf, qui l'avait mis en ligne, a démissionné.

Voilà une affaire qui embarrasse bien Antonio Guterres... Mercredi 15 mars, la Jordanienne Rima Khalaf, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO ou ESCWA), l'une des cinq commissions régionales des Nations unies chargée des questions économiques et sociales dans le monde arabe, publie sur son site un rapport. Rédigé à la demande de cet organe par deux spécialistes de droit international (lire l'encadré plus bas), connus pour leur hostilité la politique d'occupation israélienne, ce rapport affirme qu'"Israël a mis en place un régime d'apartheid qui institutionnalise de façon systématique l'oppression raciale et la domination du peuple palestinien dans sa totalité".

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<p>Rapport retiré vendredi 17 mars.
Capture d'écran du rapport mis en ligne sur le site de l'ESCWA.
Rapport retiré vendredi 17 mars.

Israël et les Etats-Unis outrés

Dès sa publication, le rapport provoque l'ire d'Israël. Le ministère des Affaires étrangères le compare à de la "propagande nazie". Israël et ses soutiens exhortent alors M. Guterres à dénoncer le rapport décrit comme "une attaque sans fondement destinée à isoler et à délégitimer le pays". A leur tour, les Etats-Unis fustigent le document. "Outrée", Nikki R. Haley, représentante de l'administration Trump à l'ONU, exige la démission de la fonctionnaire onusienne.

A plusieurs reprises, l'ONU repète alors aux journalistes que le rapport publié sur le site de la CESAO ne reflète pas les positions d'Antonio Guterres, qui "n'en avait pas eu connaissance", puisqu’il a "été rédigé sans consulter New York", selon le porte parole de l'ONU, Stephane Dujarric. Le Secrétaire général de l'ONU aurait ainsi demandé à Mme Khalaff de "retirer ce rapport du site Internet de la commission, non pas en raison de ce qu'il contient, mais parce que personne, au siège des Nations unies n'a été consulté avant sa publication."

 

Après trois jours de vives polémiques, vendredi, le rapport n'est plus consultable sur le site de la CESAO. Lors d'une rapide conférence de presse, la Secrétaire générale adjointe de l'ONU, Rima Khalaf, annonce que face "aux incessantes pressions subies par Antonio Guterres", elle a décidé de retirer le rapport de son site. Et de démissionner de son poste. Démission acceptée par le Secrétaire général. Une décision immédiatement saluée par l'ambassadrice américaine à l'ONU : "Lorsqu'une personne publie un rapport faux et diffamatoire au nom de l'ONU, il est de mise que la personne démissionne". Et l'ambassadeur israélien d'exulter, estimant même que la diplomate oeuvrait depuis longtemps à nuire à son pays et que sa mise à l'écart aurait du intervenir "bien avant cette affaire".

Qui sont les auteurs du rapport et qu'est-ce que le crime d'apartheid?

Richard Falk au siège de l&#039;ONU à Genève en 2001.
Richard Falk au siège de l'ONU à Genève en 2001.
©AP Photo/Donald Stampfli

Richard Falk, Américain et juif agé de 82 ans, est professeur à l’université de Princeton et ancien rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires occupés.Virginia Tilley est professeure à l’université de l’Illinois, auteure, dans les années 2000, de nombreuses recherches en Afrique du Sud.

Selon eux, le système de discriminations institutionnalisé par Israël sur les Palestiniens est constitutif du crime d'apartheid tel que définit par la Convention Internationale anti-apartheid de 1973. Ce texte, endossé par l'Assemblée générale de l'ONU, n'a pas été ratifié par de nombreux pays occidentaux comme la France. Il définit l'apartheid comme "des actes inhumains, perpétrés dans le but d'établir et de maintenir la domination des membres d'un groupe racial sur les membres d'un autre et de les opprimer systématiquement".

Richard Falk, l'un des auteurs du rapport et bête noire du régime israélien, s'est dit "surpris par les remous causés par ce rapport", avant d'ajouter que Mme Khalaf était selon lui "un bouc émissaire". "Cette étude est une étude universitaire qui essaie de son mieux d'examiner les preuves et d'analyser comment la loi peut leur être appliquée de façon professionnelle" a-t-il déclaré. " Dans cette vaste entreprise de discrédit du rapport, sans l'avoir lu ni critiqué ses fondements, j'ai aujourd'hui le sentiment d'être diffamé."

"Agenda anti-israélien"

En conclusion, le rapport de la CESAO recommandait que la Cour de justice de la Haye se prononce sur cette question. Il appelait également les pays membres de l'ONU à soutenir la campagne BDS ("Boycottage, désinvestissement, sanctions") pour faire pression sur Israël. Une initiative de la société civile palestinienne jugée illégale en France par un arrêt de la Cour de cassation de 2015. Selon les responsables de cette campagne, "Mme Khalaf a préféré démissionner dans la dignité plutôt que de soumettre ses principes aux campagnes de harcèlement conjointes d'Israël et des Etats-Unis".

Depuis l'entrée en fonction de Donald TRump, qui a clairement pris position en faveur d'Israël dans le conflit, de plus en plus de Palestiniens se retrouvent découragés face à la perspective d'un Etat palestinien indépendant. L'ambassadeur israélien auprès des Nations unies, qui a été le premier à fustiger le rapport et à appeler Antonio Guterres à s'en désolidariser, s'est directement adressé à eux. "Les militants anti-israéliens n'appartiennent pas aux Nations unies" a-t-il déclaré dans un communiqué. "Il est temps de mettre fin à cette pratique selon laquelle les fonctionnaires des États-Unis utilisent leurs position pour faire avancer leur agenda anti-israélien".

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