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L'INTERNAUTE MOYEN ENTRE PARESSE ET BETISE

L'INTERNAUTE MOYEN ENTRE PARESSE ET BETISE

  On est donc passé, depuis l'invention de l'Internet, du lecteur (de livre, de journaux etc...) à l'internaute et c'est une excellente chose pour la protection de l'environnement, notamment des forêts vu les millions de tonnes de pâte à papier gaspillés à travers le monde pour éditer des ouvrages nuls ou des feuilles de chou sans le moindre intérêt. Désormais, la pâte-à-papier devra être utilisée pour les choses nobles, de qualité, qui méritent d'être conservées : les grands textes religieux (La Bible, Le Coran etc...), la grande littérature (Cervantès, Shakespeare, Faulkner, Césaire etc...), les ouvrages d'art, les albums de grands photographes etc...

   Cependant, peut-on dire que le passage du lecteur à l'internaute a favorisé l'acte de lecture ? Car que ce soit sur du papier ou sur un écran (d'ordinateur, de smartphone ou de tablette), il s'agit encore et toujours de faire l'effort de décrypter des mots, de comprendre des assemblage de phrases et d'apprécier une argumentation. L'effort, qu'on le veuille ou non, demeure ! Rien à voir avec le fait d'ouvrir simplement ses oreilles et y laisser pénétrer de la musique ou d'ouvrir ses yeux et de les laisser voguer sur un défilé d'images cinématographiques ou télévisuelles.
   Or, c'est là que le bât blesse !
   L'internaute n'est absolument pas le frère numérique du lecteur d'antan ni son cousin 2.0. C'est un gros feignant dont le cerveau fonctionne à une vitesse inversement proportionnelle aux outils qu'il utilise. Pour preuve : plus un site-web, par exemple, a des articles courts, plus il a des lecteurs. L'idéal pour notre néo-Cro-Magnon d'internaute, ce sont les articles de 5 lignes. Au-delà, il commence à fatiguer et lire un texte d'une dizaine de lignes est en général au-dessus de ses, il est vrai, maigres moyens intellectuels. D'ailleurs, pour accrocher notre Internaute, il faut absolument des titres accrocheurs, tapageurs aux articulets dont il se repait, des titres-choc, marqués au coin de l'humour ou du jeu de mots. Cela titille l'âme d'enfant et la mentalité enfantine qui n'a jamais disparu chez notre internaute, fut-il un quadra ou un quinqua qui commence à avoir du bedon.
   Dans des pays où les gens n'aiment déjà pas lire comme dans nos îles paradisiaques, ce phénomène atteint des sommets. Un chercheur a ainsi montré que plus de 67% des lecteurs de l'édition-papier de "FRANCE-ANTILLES" ne lisent que les gros titres de ce quotidien. Pire : si à l'échelle mondiale, il a été prouvé qu'un Internaute passe 6 minutes en moyenne sur un site-web, qu'est-ce que ça doit être chez nous ? Alors pour l'aguicher, faisons court, se dira-t-on ? Sauf que ce sera enfoncer l'Internaute dans sa paresse intellectuelle et sa bêtise crasse. Donnons-lui des "chats" alors !
   Ah le chat ! Pauvre animal familier si sympathique mis, par la faute de l'Internaute, au service de la plus médiocre des entreprises : en trois-quatre phrases avec une intonation rauque du plus haut comique, notre "chat" croit pouvoir développer une idée, lancer un débat ou dénoncer un phénomène. Or, tout ce qu'il réussit à faire en général, c'est caricaturer ladite idée, ramener le débat au niveau des pâquerettes ou démolir sans aucune argumentation sérieuse.
   Sinon, une autre façon pour l'Internaute de s'exprimer sur Facebook, Messenger, Whatsapp et autres, c'est d'utiliser des "émoticones", ces signes, plus grossiers que ceux des cavernes préhistoriques, qui sont sensés exprimer, comme leur nom l'indique, des émotions : joie, colère, tristesse, amour etc...Le plus utilisé, selon un autre chercheur, est le pouce levé pour indiquer l'approbation de l'Internaute. Inutile de préciser que l'émoticone dispense d'exprimer une pensée, de développer une argumentation. Il croit pouvoir remplacer la phrase alors qu'il n'est qu'une sorte de borborygme numérique.
   La fainéantise et la bêtise de l'Internaute ne sont évidemment pas rédhibitoires. Ce dont il souffre n'est pas une maladie incurable fort heureusement. On peut l'amener à changer et à lire, à lire vraiment et non à survoler. Comment ? En ne le "soutirant pas en vice" comme on dit en créole. En le privant de ses tétines habituelles : titres accrocheurs, articles de trois-quatre lignes, "chat" et autres "émoticones". Est-ce que cette cure d'austérité numérique fonctionnera vraiment ? Pas chez tous les Internautes évidemment. Sans doute que le gros des moutonniers continuera à moutonner, mais au moins, en agissant ainsi, on aura réussi à arracher une partie d'entre eux à ce qui fait le jeu des puissants et le lit du fascisme.

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