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L'IMPACT DE L'EXODE DE L'INTELLIGENTSIA SUR LA POLITIQUE ET L'ECONOMIE D'HAÏTI

Bobb Q Rousseau
L'IMPACT DE L'EXODE DE L'INTELLIGENTSIA SUR LA POLITIQUE ET L'ECONOMIE D'HAÏTI

En 2011, le Département des États Américains a rapporté que près de 15.000 Haïtiens entrent légalement aux États-Unis d’Amérique chaque année. Miller (2006) clamait qu’en 2006 déjà, on comptait plus de 1,5 millions d’Haïtiens aux USA. Ce nombre ne fait qu’augmenter d’année en année spécialement après le séisme du 12 Janvier 2010 où plusieurs Haïtiens qui vivaient illégalement aux USA ont été accordés le Statut de Protection Temporaire (TPS). Durant cette même année soit en 2006, le Canada a aussi publié qu’il y avait près de 250.000 Haïtiens vivant au Canada. Un article publié en 2010 par CBS News a indiqué que près de 150.000 Haïtiens vivent en France. Selon l'Inter Presse Service, plus d’un million d’Haïtiens vivent en République Dominicaine et environ 120.000 sont en Bahamas (BBC News, 2009).

L’immigration des Haïtiens vers les étrangers remonte de 1950 plus particulièrement sous la présidence de Dr. François Duvalier. Cette migration avait débuté avec l’intelligentsia haïtienne qui, à cause de présumées persécutions politiques ou de faillisses d’opportunités professionnelles, était invitée ou encouragée de rentrer aux Etats-Unis par le Président américain John F. Kennedy. La partance forcée des cadres haïtiens vers les terres étrangères est dénommée « Exode de Cerveaux » plus connue en anglais sous le nom de « Brain Drain.

Par cadres ou intelligentsia haïtienne, on entend, les Haïtiens qui ont au moins achevé des études secondaires et/ou sont détenteurs d’un diplôme soit de l’Université d’Haïti (UEH) ou d’une Université privée reconnue par l’UEH. La Banque Interaméricaine de Développement, dans une publication sur l’éducation en Haïti pour le Fonds Monétaire International, a positionné qu’environ 84% of cadres haïtiens ont laissé le pays pour l’étranger. Donc on peut dire qu’un maigre taux de 16% des Haïtiens qui sont formés en Haïti reste en Haïti où ils contribuent à leur façon au développement du pays.

Selon la Constitution Haïtienne de 1987, Section F : De l'Education et de l’Enseignement, articles 32, 33 et 34 ; l'éducation est une charge de l'Etat et des collectivités territoriales ; ils doivent mettre l'école gratuitement à la portée de tous et veiller au niveau de formation des enseignements des secteurs public et privé. C’est en vertu de ces articles que l’Etat Haïtien a investi et continue d’investir tant de fonds dans l’éducation de ses fils et de ses filles, qui après leurs études secondaires, professionnelles ou universitaires laisseront le pays pour aller prêter ou vendre leurs services aux pays étrangers.

Haïti est le seul pays au monde où le gouvernement investit tant dans l’éducation de ses enfants, mais n’a et n’aura jamais pu obtenir aucun retour sur ses investissements. A cause de la pauvreté qui sévit et grandit en Haïti ; après leur classe de philosophie ou après qu’ils complètent leurs études à l’Université, ils laissent le pays pour aller offrir leurs services à d’autres puissances. Ceux qui y restent sont sujets de travailler pour le secteur privé. Peu d’entre eux s’embarquent dans la politique et dans l’éducation et peu d’entre eux travaillent pour le gouvernement en tant que ministres, juges, policiers, etc., sans compter ceux qui lancent leurs propres entreprises et ceux qui ne peuvent pas décrocher d’emplois.

Contrairement comme il a été durant le régime duvaliériste qui chassait les intellectuels du pays, le Brain Drain actuel est volontaire et comme résultat, le pays a perdu et continue de perdre les cadres qui devraient investir leur intelligence ou leur expertise dans le renouveau du pays. L'absence de cadres en Haïti laisse des portes ouvertes pour des organisations étrangères pour rentrer dans le pays en vue de venir imposer leur agenda personnel.

Au lieu de corriger ce fléau qui ronge le développement et le future du pays ; le gouvernement a adopté une route toute différente pour manifester son mécontentement à ce phénomène historiquement migratoire qu’est l’Exode des Cerveaux. En effet, la Constitution Haïtienne de 1987 a établi des articles qui rendent difficile et même impossible pour ces Haïtiens de retourner en Haïti pour y participer dans la politique haïtienne comme candidats ou comme fonctionnaires de l’Etat.

Les pays étrangers bénéficient de l’exode des cerveaux haïtiens pendant qu’Haïti souffre d’une pénurie d’intelligences et de cadres qui devraient travailler en concert avec les Organisations Non-Gouvernementales pour la reconstruction durable du pays. A cause de cet exode, une mince poignée d’intellectuels haïtiens s’installe aux timons des affaires haïtiennes et si l’histoire nous raconte la vérité, leur processus de prises de décisions et de résolutions de problèmes ne fait que plonger le pays au fond de l’abîme.

L’Etat Haïtien devrait stratégiquement planifier un programme qui lui permettrait de récupérer de ses ressortissants une partie de ses investissements. Ce programme apporterait de l’argent dans la caisse de l’Etat et ces fonds pourraient servir pour implémenter un fonds de parrainage pour les étudiants haïtiens aux meilleurs performances académiques et ce du même coup améliorerait le système éducatif haïtien.

Il devrait être un contrat entre l’étudiant haïtien, les industries opérant en Haïti et l’Etat Haïtien ; un contrat qui stipulerait que tout Haïtien, qui a attendu une école publique en Haïti et/ou qui a obtenu un diplôme de l’Université d’Etat d’Haïti, soit imposé une taxe de 10% sur son salaire. Au cas où cet étudiant refuserait de payer ses taxes, son diplôme ou sa licence serait révoqué par le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle ou par l’Université d’Etat d’Haïti. Il ne pourrait plus professer son métier et la compagnie qui l’embaucherait ou continuerait de l’embaucher serait imposée une amende de 100.000 gourdes. Et si même après l’imposition de cette amende, cette compagnie embaucherait ou continuerait d’embaucher cet individu ; l’amende serait doublée et le propriétaire serait conduit devant le Tribunal du Travail pour infraction et ce propriétaire pourrait voir sa licence être suspendue définitivement.

La même régulation s’appliquerait aussi pour les Haïtiens qui auraient laissé le pays après avoir complété leurs études secondaires ou après avoir obtenu leur licence en Haïti. Ils seraient tenus de payer leurs taxes chaque année et au cas où ils ne désintéresseraient pas le gouvernement, leurs noms seraient remis à l’immigration haïtienne et lorsqu’ils rentreraient en Haïti ; ils seraient obligés de payer leurs taxes avant qu’ils laisseraient l’aéroport ou le pays.

Haïti est maintenant aux intersections où il a besoin du soutien de tous ses fils et de toutes ses filles ; qu'ils vivent en Haïti ou à l'étranger ou même s’ils détiennent de nationalités étrangères. Un programme d’imposition de taxes scolaires pourrait bien une décision idéale pour donner une cure de jouvence à l’éducation haïtienne. Additionnement, au lieu de les rejeter et de leur barrer la route, l’Etat Haïtien serait plutôt mieux de les intégrer dans l’économie et la politique du pays. Au lieu de les considérer comme l’essentiel du capital humain, social et financier nécessaire au développement économique d’Haïti en taxant leurs appels téléphoniques et leurs transferts d’argent (Dr. Pierre Montès 2011), cet Etat devrait amender les lois 11, 12, 13, 14, 15 de la Constitution Haïtienne de 1987 qui traitent d’étrangers les Haïtiens qui laissent le pays et qui veulent qu’ils démontrent une résidence continue de cinq (5) ans sur le territoire s’ils veulent exercer leurs droits civiques ou politiques dans leur pays d’origine.

Bobb Q Rousseau

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