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Liberté et vivre-ensemble sous le règne du Covid

Christian Rapha
Liberté et vivre-ensemble sous le règne du Covid

Nous étions en guerre contre le virus, nous voici aujourd’hui divisés, par cette toute petite chose, une particule mesurant entre 50 et 140 nanomètres (0,00014 micromètre). Comme si nous avions besoin de cela ! Une nouvelle guerre de religion où les excès sémantiques (dictature, étoile jaune de la honte, Shoah, retour du nazisme…) témoignent du mur d’incompréhension qui sépare les différents « camps » actuellement.

 

Le virus qui nous menace, pour être nouveau, n’en fait pas moins partie de la famille des coronavirus qui sous d’autres formes a déjà provoqué deux épidémies extrêmement sévères :  le SRAS CoV en 2003 et le Mers CoV en 2012. Une façon de rappeler que le coronavirus n’est pas inconnu des chercheurs.

L’INSERM indique que le Sars Cov2 (virus à ARN enveloppé, réputé plus contagieux que les virus à ADN) est le 7ème coronavirus pathogène pour l’homme.  

 

Ce virus se transmet d’une personne infectée à une autre par contact direct ou transmission aérienne. C’est pour cela que le masque est protecteur et que se laver les mains et ne pas se serrer la main et éviter les contacts, limitent la transmission du virus.

Depuis plus d’un an, nous nous sommes adaptés : nous avons été deux fois confinés, nous avons subi couvre-feu et restrictions de circulation pour limiter la propagation du virus. Des pays ont fermé leurs frontières en plusieurs occasions, et l’état d’urgence a été décrété dans de nombreux pays.

La France déplore cependant 111 472 morts parmi les 5,87 millions de personnes contaminées, tandis qu’en Martinique, 13 402 personnes ont été contaminées depuis le début de la pandémie. À l’aube d’une 4ème vague dont les conséquences sont pour l’heure imprévisibles, 102 personnes sont décédées du Covid 19 dans notre île.

 

Dans la défiance à l’égard du vaccin qui provoque aujourd’hui des manifestations, il y a les interrogations face à la rapidité avec laquelle, il aurait été mis au point : comment se fait-il qu’on ait déjà la solution pour un virus découvert en mars 2020 ?

Incroyable résultat en effet, mais à la mesure d’une mobilisation exceptionnelle, elle-même proportionnelle à l’étendue de la pandémie : 190 millions de cas, 4 millions de morts, aucune zone du monde épargnée.

On estime à un milliard environ le coût des recherches pour mettre au point un vaccin, or dans ce cas, des milliards ont été mobilisés au point que l’OMS dénombrait 168 vaccins en cours de développement en octobre 2020.  Beaucoup d’argent a donc été mis sur la table pour aboutir à la mise sur le marché de vaccins qui ont passé pour certains avec succès les étapes du contrôle des institutions médicales qui valident les médicaments et autres vaccins. 4 vaccins ont été autorisés en France.

 

Autre argument de ceux qui s’opposent à la vaccination : le vaccin n’est pas « fini », il est encore en phase d’expérimentation, en phase 3, « les vaccinés sont des cobayes » parce que tous les effets ne seront connus qu’en 2023. En réalité, cette 3ème phase, qui s’achève en mai 2023 pour Pfizer, est classique : après la qualité et l’efficacité du produit testés d’abord sur quelques dizaines de personnes en phase 1, puis quelques centaines en phase 2, la phase 3 évalue le rapport entre les bénéfices et les risques (les effets secondaires du vaccin). Pour Pfizer, cette phase a concerné plus de 43 000 personnes dans 6 pays, et elle est allée plus vite. Suit alors, après la mise sur le marché du vaccin, l’observation sur le long terme qui permet de déceler les effets complications plus tardives.

 

Mais l’heure est au soupçon. L’époque est à la remise en cause de l’autorité de l’État et même des institutions scientifiques qui, il est vrai ont péché par des hésitations notamment au début de la crise (consignes contradictoires, retard dans l’approvisionnement en masques, fallait-il ou non en porter ? etc.)

 

L’époque ne tolère pas les réponses incomplètes : le vaccin ne serait pas efficace, il n’empêche pas de transmettre la maladie et il a des effets secondaires ! Voire, on en meurt !

Le vaccin n’empêche pas en effet de transmettre la maladie. C’est vrai ! Mais c’est aussi vrai, selon les dernières études que cette transmission est 12 fois moins importante que pour quelqu’un qui n’est pas vacciné.

Quant aux rumeurs qui affirment que les lits de réanimation seraient essentiellement occupés par des personnes vaccinées ? Yazdan Yazdanpanah, membre du Conseil scientifique, indiquait récemment que la grande majorité (plus des 2/3) des patients qui entrent en réanimation à l’hôpital Bichat n’était pas vaccinée. 1/3 des entrants vaccinés n’avait reçu qu’une seule dose de vaccin. La double vaccination (les deux doses) est reconnue efficace à 95% contre les formes graves.

 

Les réseaux sociaux font caisse de résonnance à ces doutes qui étreignent une partie de l’opinion publique dans les démocraties, dont le propre est précisément de permettre que s’expriment les points de vue différents.

Chacun, sur sa page facebook, sur twitter ou dans des groupes whattsApp peut s’improviser médecin, épidémiologiste, infectiologue, spécialiste de la technologie de l’ARN messager ! Ah oui ! il y a des médecins qui remettent en cause le vaccin, tout comme il y a des médecins qui s’opposent à l’avortement !

 

Aujourd’hui, la Haute Autorité de la Santé, autorité scientifique indépendante recommande la vaccination obligatoire des personnels de santé pour contrer la diffusion du variant Delta, plus contagieux, et préconise l’utilisation des vaccins à ARN messager, plus efficaces. Mais, ce qui semble logique et scientifique est interrogé et remis en question au nom du principe de liberté.

 

Chacun veut avoir son mot à dire puisque le vaccin est injecté, il pénètre notre corps (certains parlent même de « viol »).

 

Cette « guerre », nous ferait presqu’oublier que la vaccination est obligatoire depuis 1938 pour la diphtérie et 1940 pour le tétanos. La vaccination est obligatoire pour les enfants qui entrent à l’école, et toute personne qui souhaite se rendre en Guyane doit être à jour de sa vaccination contre la fièvre jaune. Combien de bébés naitraient avec de graves malformations si leur mère, en âge de procréer, n’avait pas été vaccinée à temps contre la rubéole ?

 

Aujourd’hui 89% des enfants de moins d’un an sont vaccinés contre la tuberculose, 85% contre la polio, 69% contre la rougeole. Et si les décès dus à la rougeole ont augmenté depuis 2016 (année où ce nombre était le plus bas) c’est bien parce que la vaccination a reculé chez les enfants. Il ne nous viendrait pas à l’idée de renoncer à vacciner contre ces maladies, qui jadis ont tué des milliers d’enfants.

 

Le principe est le même pour le Covid : plus nous serons vaccinés, plus nous mettrons en échec le virus, en en cassant la transmission, et en épargnant des vies, celles des personnes les plus fragiles. Seule la vaccination pourra nous permettre de retrouver une vie à peu près normale, comme c’est le cas dans plusieurs pays, à l’exemple du Royaume Uni.

Bien sûr, les gestes « barrière » le port du masque, le lavage des mains, la distanciation ont permis de ralentir la circulation du virus. Pour autant, l’actualité nous démontre que ces mesures sont insuffisantes pour un retour à la « vie normale » ; et certains sont impatients de s’affranchir de ces contraintes : le masque est mal toléré, on souhaiterait pouvoir prendre nos proches dans nos bras, les entreprises voudraient fonctionner normalement. Mais, aujourd’hui, nous affichons le taux d’incidence le plus élevé de France.

 

Notre hôpital ne peut pas absorber les effets non amortis par la vaccination d’une épidémie que le variant Delta accélère désormais en touchant les plus jeunes, au point que le Plan Blanc a d’ores et déjà été activé, que des actes chirurgicaux sont déprogrammés, des hospitalisations reportées et que le CHUM envisage le transfert de patients vers la France hexagonale.

 

La généralisation de la vaccination (avec l’ambition d’atteindre le seuil de l’immunité collective) est la seule option actuellement disponible pour aller vers cette reprise de notre vie d’avant, en permettant à notre hôpital, à nos écoles, à notre université de fonctionner normalement, aux entreprises, aux commerces, tous les lieux de culture de rouvrir librement, à tous ceux qui ont été maladroitement qualifiés de « non essentiels » de retrouver une activité normale et viable…

 

Et si le pass sanitaire peut être l’instrument transitoire vers la Liberté, la vraie, celle qui n’expose au danger, ni ma vie, ni celle des autres – ce que la loi devra évidemment préciser, dans le respect de notre Constitution – pourquoi ne pas l’autoriser ?

 

Pour conclure, je souhaiterais citer Nelson Mandela né le 18 juillet 1918, héros de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud et prix Nobel de la Paix en 1993 : "Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs".

 

La peur ne doit pas nous guider en effet. Et si le principe de liberté doit et peut être légitimement défendu, il doit être éclairé par d’autres valeurs fondamentales qui se sont toujours imposées à notre société : égalité, fraternité et responsabilité.

 

 

Christian Rapha, maire de Saint-Pierre, pharmacien-biologiste.

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