La police brésilienne est, de notoriété publique, la plus violente du monde, avec près de 6 000 personnes tuées en 2019, soit cinq fois plus qu’aux Etats-Unis.
Neilton Pinto se souvient de chaque détail de ce lundi 18 mai. Le bruit de l’hélicoptère qui tournoie dans le ciel, aux alentours de 14 h 30. Les tirs en rafales qui résonnent au loin. La course effrénée à travers la favela de Salgueiro, à São Gonçalo, dans la banlieue de Rio de Janeiro. Et enfin, cette maison ceinturée par des forces de sécurité qui pensaient y trouver des délinquants et criblée d’impacts de balles, où, quelques instants plus tôt, jouait Joao Pedro, son fils. Tué par la police, à 14 ans.
« La police a mis fin à la vie d’un enfant, qui s’amusait tranquillement avec ses cousins dans la maison de son oncle ! », s’émeut cet homme de 40 ans, effondré après le drame. Il a compté 70 impacts de balles, logées dans les murs. « Ils disent qu’ils étaient à la recherche d’un criminel. La vérité, c’est que mon fils noir a été victime d’une barbarie raciste ! La police n’aurait jamais osé attaquer la maison d’un Blanc d’un quartier riche », enrage M. Pinto.
A la différence de George Floyd, tué lors de son interpellation à Minneapolis, aux Etats-Unis, la mort tragique de Joao Pedro n’a pas ému la planète. Est-ce parce qu’elle n’a pas été filmée ? Ou parce que, ici, elle est d’une monstrueuse banalité ?
La police brésilienne est, de notoriété publique, la plus violente du monde, avec près de 6 000 personnes tuées en 2019 (soit cinq fois plus qu’aux Etats-Unis, qui comptent pourtant une population bien supérieure). Dans 75 % des cas, il s’agit d’hommes noirs, le plus souvent jeunes et issus de quartiers défavorisés.
Chiffre à peine croyable : entre 2015 et 2019, environ 25 000 Brésiliens ont été tués par leur propre police. Un jeu de massacre que n’a pas interrompu la crise due au nouveau coronavirus, au contraire.