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LES MENSONGES SUR LE LAXISME ET LES REMISES EN CAUSE

Raphaël CONSTANT
LES MENSONGES SUR LE LAXISME ET LES REMISES EN CAUSE

Pourtant, le prétendu laxisme de la justice face aux agressions des policiers et gendarmes est une fable. En fait, la justice française est un des pays occidental (comme les USA) où les policiers sont rarement poursuivis et encore moins condamnés. On parle de l’affaire Adama Traoré en France, Kéziah en Martinique ou Jean-Claude en Guadeloupe. Mais, il y a de nombreux antécédents. Rappelons la mort par électrocution de Zyed Benna et Bouna Traoré (symboliquement un jeune petit arabe et un jeune petit noir) en 2015 à Clichy Sous Bois dont les responsables policiers ont été relaxés par la justice française. Ce n’est qu’un exemple.

L’historienne et politologue Vanessa Codaccioni déclarait dans un journal français récemment : «  (…) si l’on regarde le traitement judiciaire des affaires de violences policières, on constate qu’ils sont protégés par la justice, du moins leurs crimes et délits restent relativement impunis. On peut citer la base de données du média Basta !, selon laquelle parmi deux cent treize affaires de violences policières recensées entre 1997 et 2020, 67% n’ont pas été jugées et 5% des policiers ont été condamnés à de la prison ferme. »

En fait, s’il y a laxisme, c’est bien en faveur des policiers et gendarmes et non l’inverse.

Néanmoins, la quasi-totalité des forces politiques, y compris l’essentiel de la gauche française, suivent les mots d’ordres mensongers de l’extrême droite et ne font que reculer sur la défense des libertés et des droits des citoyens.

Nous avons eu Martinique notre manifestation de policiers. Ce n’était pas la première. Il y a quelques semaines, ces syndicats avaient appelé à manifester dans l’enceinte du Palais de Justice (ceci n’avait posé aucun problème aux autorités judiciaires qui paniquent pourtant au premier drapeau RVN apparu), ceci alors que se tenait un procès d’assises où un homme était poursuivi pour avoir tiré sur des policiers. Le résultat ne se fit pas attendre. L’accusé fut condamné à 25 ans de prison, ceci alors que par un policier n’a été atteint par les supposés tirs !!!

Difficile de parler de laxisme dans ce cadre.

Mais cela n’a pas empêché qu’une nouvelle manifestation soit organisée devant la Préfecture. On y a entendu un responsable syndical disant qu’il ne veut pas être aimé (qui aurait une telle idée ?) mais respecté et réclamer que les peines de prison soient faites intégralement. Or, qui veut être respecté se doit d’être respectable.

Il est assez symptomatique que ni les représentants du pouvoir, ni ceux de la justice et encore moins le personnel politique traditionnel n’ait pensé utile de répliquer ou répondre.

Cela illustre bien la défaite idéologique des idées de la gauche.

Autre exemple, la question palestinienne. Il ne s’agit pas ici de faire un point sur ce qui s’est passé à nouveau au Moyen Orient, les actes hostiles d’Israël contre le peuple palestinien, allant de la manifestation de l’extrême droite raciste sur l’esplanade des mosquées, l’interdiction de l’accès à la Porte de Damas pour les palestiniens, la répression sur les manifestants, les bombardements de Gaza, etc… Il ne s’agit pas non plus d’apprécier la position de la France dans ce conflit.

Ce qui est intéressant à apprécier, ce sont les réactions dans la société française. Droite, extrême droite et la République en Marche ont clairement fait part de leur soutien à l’état hébreu. On a même vu dans le journal Le Figaro une pétition regroupant un ancien premier ministre socialiste et des tenants de l’extrême droite soutenant Jérusalem comme bastion avancé de l’occident contre l’islamisme.

Le ministre de l’intérieur a annoncé qu’il demandait l’interdiction de toute manifestation à Paris en solidarité avec le peuple palestinien. Son Préfet l’a suivi. Le Conseil d’Etat aussi. Même à gauche, la maire de Paris, candidate à la présidentielle, a trouvé normal, dans une interview à Radio J, cette interdiction.

Il fait peu de doute que l’objectif est d’empêcher les français d’origine arabe (et les autres) de pouvoir manifester leur solidarité avec le peuple palestinien.

Il faut bien mesurer cette atteinte au droit de manifester. Il est extraordinaire que la gauche française, même en partie, sous la pression du pouvoir et de l’extrême droite ait pu prêter la main à une telle atteinte aux libertés.

L’affaire Halimi est à l’inverse une autre illustration de cette situation inquiétante. Voici une femme âgée défenestrée et tuée. Les faits ne sont pas discutables. L’auteur est immédiatement identifié. Se posent deux questions : l’acte est-il antisémite, la victime étant juive et l’auteur arabe ? Après quelques résistances, le magistrat instructeur cède, suite à l’intervention de Jérusalem du président français qui y est en visite !

La seconde question est d’apprécier la responsabilité de l’auteur. Par tradition judéo-chrétienne (mais cela existe aussi dans les autres civilisations) on ne juge pas les fous car considéré comme irresponsables. Un premier groupe d’experts considère que l’auteur est irresponsable pénalement. Grand branle-bas de combat. Là aussi, Macron déclare qu’il faut un procès ! Pour le président, il semble que si la victime est juive (ou le présumé auteur arabe ?), le droit français doit changer et ne pas s’appliquer.

Sous pression, le juge décide de consulter un autre collège d’experts dont les conclusions ont encore plus péremptoire que le premier. Quand la Cour de Cassation confirme l’irresponsabilité de l’auteur, nouvelle crise où on voit toute une série de politiciens s’élever contre la décision. Macron ordonne à son ministre de faire une nouvelle loi, en contradiction avec les conclusions d’une commission qui s’est penché pendant des mois sur cette question.

C’est une nouvelle illustration de la dérive que connait la société politique française sous les coups de boutoirs d’idées d’exclusions, de répression.

Tout cela démontre que nous sommes dans une phase inquiétante de l’évolution politique en France avec des inclinaisons en Martinique.

On pourrait croire que ce qui suit concerne tout autre chose mais on aurait tort.

Cela fait plusieurs mois (sept pour être précis) que l’ASSOKA, association de défense des étrangers en Martinique, demandent une audience à la Préfecture pour comprendre des pratiques de plus en plus xénophobes et l’absence de réactions sérieuses aux graffitis racistes contre la communauté haïtienne.

Le Préfet Cazelles est aux abonnés absents. Mais toute la classe politique (sur ce plan, nous mettrons à part Marcelin Nadeau) est taisante. Il est vrai que la défense des étrangers n’est pas un thème porteur dans le débat électoral.

Mais ceci souligne l’état des forces, manifestement en défaveur des idées progressistes dans notre pays.

Il est important que les progressistes doivent mener un combat pied à pied contre cette montée des idées extrémistes. Le pire est de céder. A force de reculer, on est rapidement dos au mur et dans l’incapacité de développer ses propres idées. C’est ce qui arrive aujourd’hui à la majorité (avec quelques exceptions comme Mélenchon ou Pulvar) de la gauche française. En Martinique aussi, la gauche dite autonomiste et même une fraction du mouvement patriotique a déserté totalement la lutte contre les idées extrémistes.

Je crois profondément que seule un courant patriotique conséquent est en état de mener ce combat contre la montée des idées extrémistes. Par nature la dépendance coloniale ne peut que générer des idées d’inégalités et de discrimination.

Raphaël CONSTANT

Avocat et Militant

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