La dernière usine au monde produisant ces appareils a fermé ses portes.
"Sur ma Remington portative, j'ai écrit ton nom, Laetitia", chantait Serge Gainsbourg en 1963, sur l'album Gainsbourg Confidentiel. Imaginait-il que, 48 ans plus tard, la dernière usine de machines à écrire, faute de commandes, fermerait ses portes ? C'est ce qui vient d'arriver à Bombay, où le groupe Godrej & Boyce a annoncé qu'il arrêtait la production de ces appareils sur lesquels des générations de dactylos ont abîmé leurs ongles. L'entreprise, qui fabriquait des machines à écrire depuis les années 1950, n'a plus que quelques centaines de machines en stock, dont la plupart sont des modèles de langue arabe.
Les coupables du crime ? Évidemment, l'irrésistible ascension de l'informatique, qui a réduit de 50 000 unités au début des années 1990 à 800 en 2010 le nombre de machines vendues par Godrej & Boyce. Mais le coup de grâce est venu de l'administration indienne qui a décidé de se passer progressivement des machines à écrire au profit des ordinateurs. Une décision qui n'a pas réjoui l'ensemble de la fonction publique indienne, puisque bon nombre de "vieux" fonctionnaires se plaignent de la disparition de ces engins auxquels ils étaient habitués, et sur lesquels ils affirmaient taper plus vite. Créée en 1867 aux États-Unis, elle aura donc vécu 144 ans et aura, malgré tout, laissé derrière elle le clavier que nous utilisons tous aujourd'hui.