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LES DELIRES ETYMOLOGIQUES DE « TOUS CREOLES »

LES DELIRES ETYMOLOGIQUES DE « TOUS CREOLES »

Faut-il en rire ou en sourire ? L’association « TOUS CREOLES » vient de faire inscrire au programme de l’ « Année des Outre-mers » un projet de « redéfinition » du terme « créole » !!! On ignore si ces messieurs-dames ont lu les pères Labat et Dutertre (17è siècle), Girod de Chantrans (18è siècle), Victor Schoelcher et Souquet-Basiège (19è siècle), Léontel Calvert ou Gilbert Gratiant (20è siècle). Sans compter les auteurs de l’ « Eloge de la Créolité » (1989).

En effet, que disent tous ces auteurs depuis bientôt 4 siècles ? Que le terme « Créole » (qui vient du latin « creare » qui signifie « créer ») a pour définition : « né et élevé aux Amériques » par opposition à « né et élevé en Europe » et renvoie donc aux Blancs créoles et « né et élevé aux Amériques » par opposition à « né et élevé en Afrique » et renvoie donc aux Noirs créoles. Dans le tome 1 du « Nouveau Voyage aux Isles de l’Amérique du père Labat » (fin 17è siècle), on peut lire :

« Ce nègre qu’on m’avait donné était créole ».

Deux siècles plus tard, au milieu du 19è très exactement, Victor Schoelcher s’inquiète de savoir comment « les Créoles blancs et les Créoles noirs parviendront à s’entendre après l’abolition ». Au 20è siècle, Léontel Calvert va même a parler de « race créole » et le poète Gilbert Gratiant, dans la préface à son remarquable « Fab Compè Zicaque », donne une définition sans appel du terme. Pour lui, il n’a aucune connotation raciale, mais indique un enracinement en terre antillaise accompagné d’un mélange de cultures.

Tout ceci pour dire que si les mystificateurs de « TOUS CREOLES » possédaient un minimum de culture historique et anthropologique, ils ne se livreraient pas à cette ridicule gesticulation étymologique. Il n’y a rien à redéfinir dans le terme « créole ». Sa définition date du 17è siècle et donc de 4 siècles !!!

Par contre, un débat qui serait intéressant de soulever est le suivant : pourquoi les Békés, tout de suite après l’abolition de l’esclavage (1848) se sont-ils arrogés le terme « créole » ? Un tel débat aurait deux avantages :

. il permettrait de mettre à nu la duplicité des Békés

. il permettrait de mettre à nu la stupidité des noiristes et autres afrocentristes

Premier avantage : un tel débat nous montrerait qu’avant l’abolition, JAMAIS les Békés ne se sont appropriés le terme « créole » à leur seul profit. Ils l’ont toujours appliqué aux nègres sans aucun problème comme on peut le voir dans tous les documents historiques. « Blancs créoles » et « Noirs créoles » étaient des expressions tout à fait courantes, banales. Or, que se passe-t-il à l’abolition ? Pourquoi les Békés décident-il subitement qu’ils sont les seuls Créoles ? La réponse est simplissime : tant que les nègres étaient esclaves et donc des sous-hommes, des non-citoyens, la question de savoir qui était légitime à la Martinique ne se posait pas. Mais à partir du moment où l’esclavage est aboli, se pose la question de l’autochtonie c’est-à-dire qui est légitime sur cette terre. En clair : à qui appartient-elle ? Donc en s’appropriant le terme « Créole » à leur seul profit, les Békés ont voulu signifier par là qu’ils étaient les seuls propriétaires légitimes de la Martinique. Que les nègres n’étaient que des « Affriquains » qu’il convenait de rapatrier sur le continent noir. Il s’agit là d’un véritable rapt sémantique, d’une sorte de kidnapping identitaire opéré par la caste béké visant à dire : « C’est nous les Créoles, donc ce pays est à nous et à nous seuls ».

Deuxième avantage : tombant à pieds joints dans le piège des Békés et acceptant leur rapt sémantique, les noiristes et afro-centristes rejettent le « terme « créole » sans même se rendre compte que ce faisant, ils abandonnent aux Békés la légitimité de l’autochtonie. Car enfin, sont-ce les femmes békées qui ont créé la cuisine créole ? Sont-ce les hommes békés qui travaillaient les jardins créoles ? Sont-ce les Békés qui ont mis sur pied la musique créole, l’ébénisterie créole, la pharmacopée créoles etc… ? En réalité, les nègres et les mulâtres furent les principaux fondateurs durant quatre siècles de la culture créole, même si les Békés, puis plus tard Indiens, Chinois et Syro-libanais, portèrent leur pierre à l’édifice. N’est-il donc pas criminel, comme le font les noiristes, d’abandonner le terme « créole » aux Békés alors même que ce ne sont pas ces derniers qui sont à la fondation de notre identité et de notre culture ?

Voici, messieurs-dames, le seul débat qui vaille ! Votre histoire de redéfinition du terme « Créole » est de la pure foutaise.

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