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Les artistes mobilisés contre Bolsonaro

Les artistes mobilisés contre Bolsonaro

Acteurs, chanteurs et musiciens s’engagent pour lutter contre la politique du président brésilien.

Le Brésil était encore assommé par le scandale visant l’ex-juge anticorruption Sergio Moro quand Thiago Lacerda a fait son mea culpa. Le 12 juin, sur Instagram, le bonitao (« beau gosse »), vedette de telenovelas, annonce qu’il rejoint le mouvement Lula Livre, qui milite pour la libération de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva. La figure du Parti des travailleurs (PT, gauche) a été emprisonnée en avril 2018, quelque mois avant le scrutin présidentiel, dans le cadre de l’opération judiciaire « Lava Jato » (« lavage express ») coordonnée par l’ex-juge Sergio Moro, aujourd’hui suspecté de partialité.

« Parfois, nous manquons de compréhension, parfois, nous sommes ingénus, peut-être manquons-nous de culture politique pour comprendre ce qui se passe derrière notre dos… Je reconnais ici mes erreurs ! », explique alors la star sur le réseau social. Suivi par quelque 300 000 fans, Thiago Lacerda, hier soutien indéfectible de « Lava Jato » et critique véhément du PT de Lula, provoque, par son revirement, une tempête médiatique, suscitant tantôt les éloges, tantôt la déception de ses admirateurs.

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Depuis son appartement de Rio de Janeiro, Paula Lavigne, elle, jubile. Cette productrice et attachée de presse, qui est aussi l’épouse du chanteur de bossa-nova Caetano Veloso, mesure le pouvoir de #342, le mouvement qu’elle a créé quelques années plus tôt pour mobiliser la scène artistique sur des sujets politiques. Thiago Lacerda, comme quelque 3 000 protagonistes de l’industrie du spectacle, y participe. « Le mouvement doit son nom au nombre de votes nécessaires pour faire approuver un texte à la Chambre des députés », explique Paula Lavigne.

Actions de terrain

Ecœurée par la tournure qu’a prise la vie politique brésilienne depuis l’impeachment (« destitution ») controversé de la présidente de gauche Dilma Rousseff, en 2016, elle a créé ce réseau pour contrer les projets les plus réactionnaires du gouvernement de Michel Temer, successeur de Dilma Rousseff, puis ceux du militaire d’extrême droite Jair Bolsonaro, au pouvoir depuis janvier. « Nous avons contribué à quelques succès », estime-t-elle. 

Le #342 a ainsi, en 2017, poussé le top model Gisele Bündchen à agir pour empêcher un décret présidentiel autorisant l’exploration minière au sein d’une réserve naturelle protégée, alerté l’opinion sur la censure de l’exposition LGBT « Queermuseu » et contrecarré une initiative du Sénat affaiblissant le code forestier. Le mouvement, qui travaille en partenariat avec le site d’information indépendant Midia Ninja, défend la liberté d’expression, l’environnement, les arts… Les artistes s’engagent mais certains craignent pour leur sécurité : l’acteur Wagner Moura, héros de la série Narcos, a confié se sentir en danger dans son propre pays. « On s’endort le soir sans savoir quel cauchemar nous attend », soupire Paula Lavigne.

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Cette mobilisation des célébrités s’ajoute à l’action sur le terrain. A Salvador de Bahia, Rio de Janeiro ou Sao Paulo, berceau de la scène avant-gardiste, l’activisme anti-Bolsonaro se manifeste à travers des occupations d’immeubles ou des expositions, des concerts et des réunions politiques organisées par des centres culturels alternatifs. Ainsi du centre culturel Aparelha Luzia, à Sao Paulo, dédié à la défense de la cause noire, ou encore de la Casa do Povo, lieu de lutte antifasciste fondé en 1946 par la communauté juive progressiste, alertent régulièrement la société civile sur les dérives du pouvoir.

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