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L'EFFONDREMENT DE LA STRATEGIE DE SEDUCTION DE BERNARD HAYOT

L'EFFONDREMENT DE LA STRATEGIE DE SEDUCTION DE BERNARD HAYOT
 
     Il aura suffi d'une poignée de manifestants déterminés et de l'Internet.
  Oui, une soixantaine et pas 10.000 comme en février 2009. Oui, grâce à Facebook, Whatsap et tous les autres moyens de communications modernes qui ont le pouvoir d'amplifier le moindre événement. ll aura donc fallu ce simple cocktail pour faire s'effondrer d'un seul coup une stratégie de séduction patiemment mise en œuvre depuis plus de vingt ans par le plus puissant Béké martiniquais, Bernard HAYOT.
   Qui aurait pu le prévoir ? Personne ! De même qu'aucun grand soviétologue n'avait prédit la Chute du Mur de Berlin au point que le président étasunien de l'époque Ronald REAGAN dépensa des milliards de dollars pour faire mettre en place un bouclier antimissiles afin de protéger son pays contre la supposée redoutable Union soviétique. Aucun grand arabisant n'avait non plus prédit l'arrivée du "Printemps arabe". Et bien sur aucun martinicologue n'avait prévu la grande grève d'un mois de février 2009.
   C'est que l'histoire est imprévisible, indéchiffrable, inarrêtable parfois.
  Car, oui, Bernard HAYOT et d'autres Békés se sont employés tout au long des deux dernières décennies à multiplier les gestes de sympathie (jes makak ! s'écrierait TI SONSON) à l'égard des Martiniquais dits "de couleur". Cette habile stratégie de séduction ne s'est pas appuyée, comme on aurait pu s'y attendre, sur la vieille Droite assimilationniste martiniquaise car cette dernière était, électoralement en tout cas, moribonde jusqu'à ce qu'elle se réveille un peu de son coma en décembre 2015, mais sur la...Gauche. Oui, sur la Gauche et en particulier le PPM. Comment le parti de la négritude, le parti du "Je suis un Nègre et je vous emmerde !" (titre d'un livre d'Aimé CESAIRE), a-t-il pu se laisser enferrer dans pareil piège ? Qui a bien pu souffler à l'oreille du chantre de la Négritude d'aller planter "le Courbaril de la Réconciliation" sur l'Habitation CLEMENT, propriété de Bernard HAYOT, sans exiger, en contrepartie, la reconstruction, sur les lieux, d'un cachot d'esclaves et d'une Rue-Cases-Nègres, chose qui aurait permis aux nombreux touristes qui visitent cet endroit d'avoir une plus exacte représentation de ce que fut l'univers de l'Habitation ? Car il ne s'agit évidemment pas, comme en rêvent les noiristes, de détruire la Grand'Case, l'ex-Maison du Maître, puisque d'une part, on ne peut pas refaire l'histoire et d'autre part, aucun pays indépendant de la Caraïbe ne l'a fait. Il suffit d'aller à Barbade ou en Jamaïque pour s'en rendre compte.  
  Qui a bien pu, au PPM, accepter que le Groupe GBH finance la publication en cinq volumes des écrits et discours politiques d'Aimé CESAIRE ? Là encore, dans une Martinique indépendante, aucun problème ! Mais dans une Martinique encore colonisée, cela est tout simplement une aberration. Pourquoi tant d'artistes, qui souvent n'ont que le mot "Neg" à la bouche, acceptent-ils sans sourciller d'exposer leurs œuvres dans le musée d'art de l'Habitation CLEMENT ? Comment avons-nous pu croire un seul instant que la fameuse lettre ouverte de 200 (ou 400 ?) Békés déclarant que l'esclavage est un crime contre l'humanité était autre chose qu'une habile mise en scène ?
  Comment avons-nous pu imaginer que l'Association "TOUS CREOLES" voulait vraiment rassembler tous les Martiniquais indépendamment de leur appartenance ethnique sans demander aux Békés pourquoi à l'abolition de l'esclavage, en 1848, ils se sont décrétés les seuls Créoles c'est-à-dire les seuls habitants légitimes de la Martinique ? Pourquoi, ce faisant, ils ont voulu faire rapatrier les Nègres en Afrique, les dénommant d'ailleurs systématiquement "les Africains" dans la presse békée de la deuxième moitié du 19è siècle et du début du 20è alors même que trois siècles durant, c'est la sueur et le sang de ces mêmes Nègres qui ont bâti ce pays ? Car s'il y a bien un autochtone (un néo-autochtone car il ne faut pas oublier les Kalinagos) dans ce pays, ce sont les Nègres et toutes les autres composantes non-Békées. Durant deux siècles et demi, dès qu'une famille békée s'enrichissait, elle s'empressait d'aller vivre en France, laissant à des régisseurs le soin de s'occuper de leurs propriétés. Il suffit de parcourir les Mémoires d'un colon à la Martinique du Béké Pierre DESSALES, propriétaire au 19è siècle d'une des plus grosses habitations, "Nouvelle Cité", sur les hauteurs de Sainte-Marie, pour s'en rendre compte : ce n'est qu'une litanie de complaintes contre les aléas du climat tropical, les Nègres, les Mulâtres, le prix du sucre trop bas, les serpents etc...Et le désir réaffirmé quasiment à chaque page de se réinstaller en France, ce que finira par faire la famille DESSALES. Trois siècles après l'arrivée de leurs ancêtres, ils ne se sentaient toujours pas...créoles, c'est-à-dire natifs du pays !!! Et aujourd'hui "TOUS CREOLES" veut nous faire prendre dlo mouchach pou let.
     Il faut pourtant le reconnaître : cette stratégie de séduction a marché un temps.
   Pas auprès des indépendantistes en tout cas ! Il n'existe aucune photo d'un dirigeant du MIM, du PALIMA, du CNCP ou de quelque autre organisation indépendantiste faisant ami-ami avec un Béké. AUCUNE ! Aucune photo d'Alfred MARIE-JEANNE étreignant un Béké dans ses bras ou plantant un quelconque arbre de la réconciliation. On ne peut pas, hélas, en dire autant du parti de la Négritude, soi-disant autonomiste, le PPM. Aujourd'hui, il est donc inadmissible que les noiristes accusent le MIM et les autres de collusion avec la caste blanche. Parvenu au pouvoir, le "Gran Sanblé" est obligé de tenir compte de la réalité. De deux réalités plus exactement : 1) l'essentiel de l'économie est encore entre les mains des Békés ; 2) les Martiniquais ont rejeté à 76% l'Article 74 qui aurait donné une autonomie-light, une poussière d'autonomie à leur pays.
     Vous faites quoi alors quand vous êtes confrontés à ces terribles réalités ?
   Eh bien, vous serrez les dents et vous faites au mieux pour le pays : vous reconstruisez le lycée SCHOELCHER ; vous faites, enfin !, démarrer le TCSP ; vous instaurez une ligne de transport maritime entre Fort-de-France et Case-Pilote ; vous lancez le label "Zéro Chlordécone" ; vous mettez à deux fois deux voies la très accidentogène route de l'Estrade entre le Robert et Trinité ; vous aidez financièrement les agriculteurs et les pêcheurs ; vous mettez l'accent sur la formation professionnelle des jeunes ; vous faites redémarrer la caféiculture avec l'aide de Japonais ; vous vous démenez pour faire adhérer la Martinique à l'Organisation des Etats de la Caraïbe Orientale et surtout au CARICOM etc...etc... 
   Bref, vous faites ce qu'il est possible de faire dans un pays où 76% des habitants ont voté contre un ti-zizing d'autonomie et voteraient à 90% contre l'indépendance.
   Face à vous, il y a donc aussi la caste békée. Or, vous ne dirigez pas un pays indépendant et ne pouvez pas nationaliser leurs propriétés terriennes et les redistribuer aux agriculteurs "nègres". Vous ne pouvez pas les empêcher de continuer à importer massivement des marchandises franco-européennes. Vous ne pouvez pas les contraindre à investir dans les secteurs productifs. Vous ne pouvez pas non plus les obliger à augmenter les salaires de leurs employés. La voie est donc très étroite entre le non-désir d'indépendance d'une majorité de Martiniquais et la toute-puissance békée. Certains qui déblatèrent aujourd'hui contre le "Gran Sanblé" oublient qu'ils ont été maires ou le sont encore. Qu'ils ont été conseillers régionaux élus sur la liste de l'UPAP et qu'ils n'ont rien pu faire de mieux. Car il est facile de critiquer et de vouer aux gémonies quand on est confortablement installé dans l'opposition.
    C'est l'inertie des Martiniquais et leur refus de l'indépendance qui a favorisé l'entreprise de séduction des Békés. Aujourd'hui, ladite entreprise semble s'effondrer sous les coups de boutoir d'une poignée de manifestants, sauf que le mots d'ordre de jadis à savoir "Indépendance nationale" ou "Souveraineté martiniquaise" ont été remplacé par "Non aux Békés" et "Chlordécone". Certains leaders indépendantistes d'hier déclarent aujourd'hui qu'ils "furent indépendantistes" !!! Ils disent aussi se battre pour la "Personne humaine", pseudo-concept loufoque !!! On ne sait pas s'il faut en rire ou en pleurer.
   Certes, la stratégie de séduction des Békés s'est effondrée ou est sur le point de s'effondrer, mais cela ne change rien fondamentalement à la situation de la Martinique. La seule chose qui pourrait changer réellement ladite situation serait qu'enfin, les Martiniquais acceptent l'idée de sortir "hors des jours étrangers" et se décident à gouverner eux-mêmes leur pays, un pays devenu indépendant comme Barbade ou l'île Maurice.
   Tout le reste n'est que "cirque", cinéma noiriste et blablabla...
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