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Pour le 22 mai à Schoelcher

LE THEATRE DE L’HISTOIRE

par José Alpha
LE THEATRE DE L’HISTOIRE

La représentation du Théâtre de l‘Histoire à partir des « Tranches de vie de Cyrille Charles Auguste Bissette » qui sera donnée à la demande de la Ville de Schoelcher par les habitants et les familles de la Résidence la Liberté de Ravine Touza, le vendredi 21 mai, au cœur même de la cité, est une réalisation de José Alpha pour la Cie Téat’Lari- Théâtre des cultures créoles.

Le metteur en scène explique son concept

Il s’agit de raconter par le théâtre, les lieux, les personnages et les situations socio politiques qui constituent mon pays la Martinique. Je m’inspire des travaux menés par Augusto Boal (Brésil), Robert Hossein (France) ou encore Humberto Léon (Cuba) et tout récemment Garcin Malsa (Martinique) avec le Procès du Colonialisme.

Le Théâtre de l’Histoire est bel et bien un genre théâtral ouvert qui met en œuvre la mise en-ensemble des populations, des catégories sociales et des histoires communes ; son dynamisme fédérateur et sa pertinence favorisent les réponses aux préoccupations identitaire et sociologique, il répond évidemment à la question de l’utilité de la représentation théâtrale dans notre société contemporaine, autant que les solutions apportées à la question de l’éloignement du public.

Ce qu’il faut, c’est permettre au théâtre de retrouver la relation avec l’intelligence populaire en le pratiquant comme un outil d’éducation, de formation et de divertissement qui traite les enjeux du présent et qui place l’expérience collective bien avant celle du particulier.

Je rejoins avec satisfaction la démarche de Garcin Malsa et du MIR qui viennent de créer pour la première fois aux Antilles françaises, le Procès du Colonialisme. Durant deux jours, le procès de l’asservissement et de l’aliénation coloniale a été tenu par des acteurs exceptionnels, malheureusement peu relayé par les médias. Et pourtant « cette vision du monde partagée, cette lecture commune du passé et la projection dans l’avenir vécue ensemble, se nourrit, entre autres, d’anthropologie historique » comme le souligne Jean-François Sirinelli, professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d’études politiques de Paris.

Je crois que l’Histoire qui s’intéresse au sujet agissant et aussi pensant, est au cœur de toute démarche politique sérieuse. Une telle approche permet, me semble-t-il, de résoudre des contradictions apparentes comme celle, mal connue, entre Victor Schoelcher et Cyrille Bissette. Pourquoi cet homme, Cyrille Charles Auguste Bissette, issu des gens de couleur libres, contemporain de Schoelcher et qui fut le premier à demander l’abolition de l’esclavage en 1834, a-t-il été littéralement cassé par l’abolitionniste Victor Schoelcher auprès des Français ?

Alors qu’ils poursuivaient tous deux le même objectif, l’abolition de l’esclavage et l’émancipation des libres de couleur. Bissette demande dès 1834 l’abolition immédiate et l’application du droit français aux libres de couleur, Schoelcher fait signer par le gouvernement provisoire de 1848 (14 ans plus tard), le décret d’abolition qui n’arriva en Martinique que le 3 juin 1848. Si Schoelcher mit en branle la liberté comme dit Aimé Césaire, l’impétuosité nègre fit le reste dès le 22 mai.

Elu député en juin 1849 avec plus de 16000 voix alors que Schoelcher n’en obtient qu’un peu plus de 3600, Bissette fut pourtant « le martyr de la liberté » selon Mme Stella PAM, historienne martiniquaise, auteure de l’ouvrage référence de l’histoire que nous racontons.

La fécondité heuristique de l’histoire politique doit lui permettre de reconstituer, autant que faire se peut, la réalité des jeux de pouvoirs ; l’histoire doit aussi prêter attention aux opérations de saisie du réel par le Théâtre, cet acte culturel majeur d’analyse et d’investigation des sens et des émotions populaires.

J’ai créé le Théâtre de l’Histoire en Martinique, en 1982, pour l’anniversaire de la catastrophe péléenne de St Pierre avec ma pièce « 1902, l’éruption de la montagne pelée » qui fut préfacée par le professeur Raoul Bernabé pour les Editions Hatier Martinique. Cet ouvrage contribua à la pédagogie scolaire de 1984 à 1988 dans les collèges (5eme et 4eme), tandis que la pièce théâtrale circulait dans les Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique) et dans les festivals de Martigues, de Sète et d’Aix en Provence sur le continent. Elle fut réadaptée en 1992 pour être donnée dans les 18 communes de la (CCNM) Communauté des Communes du Nord de la Martinique.

Depuis j’ai rencontré Vincent Placoly avec qui j’ai créé, pour le Théâtre de l’Histoire :

- « Tranches de vie de Marie Thérèse Rose Tasher de la Pagerie » à la demande du Conseil général pour l’inauguration du Musée de la Pagerie en 1985, en présence du Comte Murat, descendant de la famille Beauharnais ;
- « Guanahany » (1988) Centenaire de la ville de Schoelcher, 175 acteurs amateurs issus des associations culturelles et sportives du nord caraïbe ;
- « Vivre ou mourir la Mort de Mara (1989 - CMAC) sur les évènements de décembre 59 en Martinique , pour le Cmac et RFO Tv,
- « la véritable histoire de Médard Aribot, le bagnard du sud » (1990 - CMAC) sur la Nuit rouge du Diamant, le 25 mai 1925, où le Colonel de Coppens officier à la retraire, candidat à la mairie, perdit la vie dans un affrontement sanglant avec ses adversaires ;
- « Le choc des mondes » (1991- ville du MARIN) à partir du très beau texte de Lopé de Véga « el descubierto del nuevo mundo por cristobal Colomb », qui fut donné en Martinique et en Guadeloupe ;
- « Les nuées ardentes » (1992) à partir de ma pièce 1902, l’éruption de la montagne pelée, que je n’ai pu encore monter. Vincent Placoly disparaissait deux jours après le bouclage du manuscrit, le 6 janvier.

En 1996, « Des ombres et des hommes » pour la ville de DUCOS racontait l’assassinat de MM. Zizine et des Etages, concomitamment aux évènements du Diamant au mois de mai 1925.

Le public martiniquais pourra mieux comprendre le drame de Cyrille Charles Auguste Bissette, cet homme politique martiniquais dont aucune ville, aucune rue et aucun espace public ne porte le nom.

Vendredi 21 mai 2010, à 19h sur la parking de la résidence La Liberté à Ravine Touza, « Tranches de vie de Cyrille Charles Auguste Bissette » interprétée par les habitants et les familles de la cité avec les participations exceptionnelles de l’association Flanm Kreyol et de Christian Pacquit, Mèt tanbouyé ek Ernest Rapha, Chantè bèlè

José ALPHA

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