Mercredi 05 juin, des personnes de la société civile et des universitaires du campus de Schoelcher ont organisé une conférence de presse pour dénoncer le machisme décomplexé qui règne à la Martinique envers les femmes disposant d'une responsabilité, notamment à l'Université des Antilles.
L'écrivaine Térez LEOTIN, les professeurs Charles SCHEEL (anglais)) et Juliette SMITH-RAVIN (biologie) ont dénoncé cet état de fait à l'aide d'exemples concrets. Voici l'intervention du Pr SCHEEL...
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Térez Léotin a évoqué la réunion du Conseil d'UFR plénier de la Faculté des LSH du jeudi 28 mars 2019. J'ai assisté à ce conseil qui réunissait la vingtaine de personnes fraichement élues ou réélues, et qui a été le summum d'une série d'événements indignes d'un campus universitaire -- série qui n'a malheureusement pas cessé depuis.
Rien en tout cas ne pouvait justifier l'agressivité incroyable de trois élus enseignants-chercheurs, menés par le professeur Philippe Joseph, qui d'entrée de jeu a dénoncé "l'illégitimité du conseil" en prétextant que "des gens" n'y avaient pas leur place – par quoi il se référait à une personnalité extérieure, nommée deux ans auparavant. Trois voix véhémentes ont systématiquement empêché toute discussion des statuts de l'UFR par Madame le professeur Cécile Berttin-Elisabeth, Doyen de l'UFR, sans le moindre respect des procédures usuelles de prises de parole dans un tel cadre. Après diverses insultes inqualifiables à l'égard de Mme le professeur Bertin-Elisabeth (du genre: "Vous n'êtes rien. Pas doyenne mais directrice de lycée, alors que moi, je suis vice-président de l'UA"), le summum de l'indignité a été atteint lorsqu'au milieu d'une diatribe, le professeur Joseph s'est penché à travers la table pour saisir le dossier des documents officiels du Conseil, placé devant Madame le Doyen, et le jeter avec force par terre derrière lui en hurlant “voilà ce que j'en fais, de votre conseil”, au grand saisissement de l'assemblée!
Est-il besoin de souligner que de telles attitudes vont bien au-delà du harcèlement ordinaire, si l'on ose dire, et que c'est clairement la position et l'autorité de la doyenne qui sont remises en cause? Or cette remise en cause n'est pas nouvelle. Elle s'est manifestée dès l'élection de Mme Cécile Bertin-Elisabeth et je me souviens d'une des premières réunions des chefs de département que le professeur Joseph a quitté en claquant la porte violemment, prétextant "qu'on ne lui coupait pas la parole à lui", alors qu'il ne l'avait jamais demandée, et qu'il s'exprimait de manière très agressive. Le professeur Chali a aussi quitté des réunions sous divers prétextes quand il estimait que son point de vue n'était pas "entendu" (et publiant aussi le 12.12.2018 sur la liste Tse-lettres un message évoquant des "dysfonctionnements" au sein de l'UFR, suggérant l'incompétence).
Pour résumer cette longue histoire du refus systématique de l'autorité de la doyenne, je précise qu'à la suite du Conseil du 28 mars, j'ai rédigé et envoyé au professeur Eustase Janky, Président de l'Université des Antilles, une pétition demandant l'exclusion physique du professeur Philippe Joseph des réunions du Conseil d'UFR de LSH et sa traduction devant un conseil de discipline. Aucune réponse à cette demande, pas plus qu'aux pétitions concernant les attaques sournoises et inexcusables du nouveau Master d'Etudes Culturelles que M. Joseph a orchestré sur le campus avec le soutien officiel du Président Janky qui sapait dans cette affaire à la fois l'autorité de la doyenne de LSH et de la Vice-Présidente du Pôle Martinique d'une manière non seulement indécente, mais incompatible avec la notion d'autonomie des Pôles ancrée dans les statuts de l'UA. Or, pour avoir travaillé dans plusieurs universités sur trois continents, je puis affirmer ces deux femmes sont éminemment compétentes dans leurs fonctions!
Rien ne justifie le bras de fer actuel autour de la position de la Doyenne de LSH, sinon une volonté politique trouble et inacceptable.
Charles SCHEEL
Professeur de littérature américaine
Directeur du département d'études anglophones