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« Le pays a besoin de protection »

Steve Gadet
« Le pays a besoin de protection »

Ceux qui veulent tout changer doivent arrêter de parler des autres. Ils doivent prendre le temps de nous expliquer comment ils comptent faire. Ils ont l’obligation de mettre sur la table les voies et les moyens de leur projet pour le pays. Au lieu de simplement dresser des constats et nous expliquer comment les temps ont changé, ce que tout le monde a bien compris, ils doivent prendre le temps d’expliquer leur propre vision des choses. Prendre le temps d’expliquer veut dire aussi prendre le temps d’écrire plus que des tribunes pour réagir mais écrire leur projet noir sur blanc de façon à ce que d’autres personnes comprennent un peu mieux pour soit les rejoindre ou éventuellement critiquer, amender leur vision. Le changement ne vient pas en se décrétant. Le changement ne vient pas non plus en étant exclusif. Soit se tourner vers l’avenir ou soit se tourner vers le passé. Le raisonnement intellectuel nous demande justement d’être nuancé.

Les économistes doivent garder un peu d’humilité lorsqu’ils prennent part au débat public parce que justement l’analyse d’une situation, d’un fait économique  dépend de l’endroit où on se place. Elle dépend aussi des circonstances. L’économie n’est pas une science exacte donc il nous faut plus de diversité de point de vue. Les docteurs doivent être prêt à s’appliquer à eux-mêmes les remèdes qu’ils veulent prescrire au pays. Du haut de leur stabilité économique et de leur CDI, ils nous demandent d’avancer sans protection dans une économie libérale qui ne profite qu’à certains groupes. Le miracle asiatique n’a pas eu lieu grâce aux économistes. Il a eu lieu grâce à des ingénieurs, à des juristes et à une dose de protectionnisme, d’intervention de la force publique.

Nous ne sommes pas des attardés parce que nous refusons de vivre dans une économie où les machines avalent le travail des êtres humains. La technique doit être au service de notre projet de société et pas le contraire. Ceux qui ne comprennent pas que notre pays, notre économie et nos compatriotes ont besoin d’être protégés font partie des élites qui ne ressentent pas la morsure de la mondialisation. Mais heureusement, le dernier mot, ce sont les électeurs et les électrices qui l’ont dans l’isoloir. Le vent est en train de tourner. Notre système de soins doit être protégé. Qu’on se le dise sans tabous : l’immigration est une chance pour notre pays vieillissant à condition qu’elle soit bien administrée et que nos zones côtières soient mieux protégées. Qu’elles ne soient pas des endroits où la misère des immigrés est exploitée. A condition aussi que les personnes qui viennent vivre et travailler chez nous fassent vivre l’économie et payent des impôts pour les services publics dont ils bénéficient.

Notre production locale a besoin d’être protégée dans un monde où les multinationales n’ont pas peur de défier les gouvernements. Comment accepter un jour de plus que notre production locale soit éjectée de notre marché intérieur par des produits venus d’ailleurs et par une concurrence qui n’a pas les mêmes pressions sociales et fiscales que nos entrepreneurs ? En économie, il y a des perdants et des gagnants. Dans ce modèle, le développement de notre capacité à produire n’est pas gagnant. Cela veut aussi dire que pendant que l'argent de nos importations conforte l'emploi là où il est envoyé, il ne fait pas baisser le taux de chômage chez nous.

Nous devons être en sécurité dans l’espace public et dans nos maisons. Les criminels doivent recevoir un signal fort et pour cela les forces de l’ordre doivent être renforcées sur le terrain. Les policiers sur le terrain doivent avoir plus de moyens. Dire cela ne veut pas dire ne pas faire de prévention de la délinquance ni de réinsertion pour les personnes détenues. Cela ne veut pas dire non plus cautionner de mauvaises attitudes des forces de police sur le terrain.

Je suis pour le nationalisme économique et pas seulement un nationalisme qui se bat pour la question du drapeau et du patrimoine culturel. On en a soupé des bienfaits de la mondialisation. Nous devons pouvoir réserver la préférence locale pour les marchés publics ! Comment accepter un jour de plus  un statut politique qui empêche aux entreprises locales de prendre part à de gros chantiers comme l’hôpital de Guadeloupe ? Oublions l’indépendance parce qu’elle n’est pas le muscle principal pour soulever les défis économiques. Elle ne donne aucune garantie que les décisions qui seront prises seront en faveur de la collectivité. De plus, la majorité des gens n’en veulent pas. Cela veut dire quelque chose. Il faut l’entendre. Nous ne sommes pas moins Martiniquais ou Guadeloupéen pour autant. Ce qui compte ce n’est plus l’indépendance mais un pouvoir politique qui nous permette d’avoir plus d’impact sur la vie économique. La langue est piégée donc appelons cela comme vous voulez. Le processus existe. La loi organique est là. Ce n’est pas un chat an sak.  Une chose est sûre : les temps sont mauvais. Les ouragans économiques seront de plus en plus nombreux donc nous devons protéger la maison. Les grosses fortunes du pays qui passent de génération en génération et qui pompent les mamelles du système doivent contribuer beaucoup plus. Je suis pour le retour de l’ISF et pour une  taxation plus élevée sur leur fortune quitte à la rabaisser lorsque la météo économique sera plus clémente. C’est tout simplement de la justice fiscale. Durant la crise de 2008, ces fortunes n’ont pas maigri. Elles n’ont pas été les premières frappées par le chômage, au contraire. Nos gens l’ont bien compris même sans doctorat en économie ou en sociologie.

Je ne suis pas le seul mais je fais partie de cette nouvelle classe politique dont le logiciel idéologique a été rénové en observant, en vivant dans le pays, en écrivant, en admettant mon ignorance, en parlant avec des gens différents, en lisant, en regardant ce qui se passe ailleurs, en analysant les cycles historiques. La conclusion est simple : La Guadeloupe et la Martinique ont besoin de plus de protection. Lorsque le mauvais temps va se calmer, on changera peut-être d’avis et de vision.

Steve Gadet, un citoyen ordinaire.

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