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LE PAPILLON ET LA LUMIÈRE

lu par Jid
LE PAPILLON ET LA LUMIÈRE

La parole créole dit: «Ti létensel ka fè gro difé» Patrick Chamoiseau dans son nouvel ouvrage nous offre «un petit livre» illustré de papillons en noir et blanc et grossit de grandes pages philosophico poétiques. C’est par un dialogue entre deux papillons nocturnes qu’il nous fait pérégriner sur une centaine de pages.

Un jeune papillon dans toute la fougue de sa jeunesse pressent qu’il ne faut pas faire comme les autres et se ruer vers la lumière. L’auteur nous dit que «l’éternité est effrayante quand on est jeune, alors il (le jeune papillon) se retrouve à dériver là où les choses vont vite». p.16

Comme on voudrait que nombreux parmi notre jeunesse garde leur fougue et leur énergie à trouver la bonne lumière leur permettant un plein épanouissement en développant leur pays. On voit aujourd’hui de nombreux jeunes papillons brûler leurs ailes aux lampadaires de produits de consommation tintant de tout leur clinquant. On voit même des papillons plus «mûrs» céder à la tentation d’ «acheter à Noël, payer à Pâque». Beaucoup de papillons au risque de passer pour des ringards quand ils conservent certaines valeurs et ne sont pas  encore prêt à tout abandonner pour le tout modernisme. C’est bien le cas de ce jeune papillon.

Il s’est mainte fois élancé vers la lumière des lampadaires mais au dernier moment il bifurque. Les autres le mettent à la fête mais ils se retrouvent les ailes abîmées.

Un vieux papillon mélancolique

La jeunesse est souvent persuadée que les plus âgés, lé vié goril, ne connaissent rien, le proverbe dit d’ailleurs: «si jeunesse savait et si vieillesse pouvait». Cependant dans cette jeunesse beaucoup ont envie de connaître et se rapproche des aînés. C’est le cas de notre jeune papillon qui se rapproche d’un vieux papillon appelé vénérable qui malgré son âge, a gardé toute la beauté de ces ailes.

Lorsqu’il délaisse ses comparses de son âge pour se poser auprès d’un papillon mélancolique, loin de toute agitation. Commence alors un dialogue autour d’une série de questionnement permanent jusqu’à la fin de l’ouvrage.

N’est-ce pas l’appel à une continuité selon le dicton créole «gran kouté piti, piti kouté gran» qui appelle à l’inter génération. Lorsque l’on sait que toute la génération  BUMIDOM manque au pays, comment peut se faire alors la transmission dans de bonnes conditions?

  • Peut-on rencontrer quelqu’un sans le chercher?
     
  • Sommes nous en état de transmettre à ceux qui ne veulent pas, et qui connaissent déjà?
     
  • Attendre quelque chose, n’est-ce pas fermer la porte à tout ce que l’on attend, à tous les possibles?

Les réponses du vieux papillon, appelé vénérable, vont donner des énoncés énigmatiques mais d’une lumineuse lucidité. «J’ai entendu que rien n’est jamais parfait, que vivre n’est jamais une plénitude! Que l’insatisfaction sera toujours là! Que c’est elle qui fait le moteur de la vie! Qu’elle est indépassable!»

Ce que vous venez d’énoncer n’est-ce pas la vérité?

Non juste une trace. Une fortune pour traverser l’abîme.

A la fin du livre le vénérable demande à l’admirable papillon.
Dis moi ce que tu sais mon fi.. ?
Et l’admirable papillon de répondre :

– Je sais seulement que je suis vivant et que ce n’est pas que le début d’un début.

Le lecteur est donc invité à se plonger dans cet admirable conte philosophique entre celui qui veut savoir et celui qui sait qu’il ne sait rien. Les doutes du vénérable vont assurément le déboussoler par certains cotés mais vont l’enrichir assurément sur tous les possibles de l’univers.

La parole créole dit aussi: «sa ou pa sav gran pasé’w». Verrons-nous la lumière dans notre Martinique qui en a tellement besoin en ces temps d’obscurité et de vèglaj par les nombreuses lumières de bètafé qui semblent finalement n’éclairer que pour leur âme. La plus juste des lumières n’est elle pas celle qui est en soi?

Jid

Le papillon et la lumière, Patrick Chamoiseau, ill. Ianna Andréadis ISBN 978-2848761961 2011 Ed. Philippe Rey 15 €.

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