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LE NEO-ASSIMILATIONNISME DE MARTINIQUE SOI-DISANT « PREMIERE »…

LE NEO-ASSIMILATIONNISME DE MARTINIQUE SOI-DISANT « PREMIERE »…

Il fut un temps, celui de feu l’ORTF, puis FR3, puis RFO, où l’assimilationnisme était bête et méchant : on nous bombardait de programmes franco-français dans le but de nous transformer progressivement en « Gaulois noirs ». Tous les visages apparaissant à l’écran étaient blancs de chez blancs et nos parents n’y trouvaient rien à redire.

Il n’y avait guère que les mouvements de Gauche et surtout d’Extrême-Gauche pour protester et chacun se souvient, exemple parmi tant d’autres, de cette manif devant la station de Clairière au cours de laquelle le militant du GRS, Félix Relautte, avait reçu un coup de couteau au mitan de la cuisse suite à son agression par un vigile. A l’intérieur de ce média dit « de service public », il y avait aussi des rebelles (telle que Lisa David) qui ruaient dans les brancards, cela en pure perte, faute de soutien de la part d’une majorité de leurs collègues, effrayés à l’idée de subir une mutation ou carrément de perdre leur poste. Des directions colonialistes se succédaient, imposant leur vision assimilationniste au mépris des desiderata de larges couches de la population martiniquaise.

Et puis, 1981 et Mitterrand sont arrivés. Le paysage audiovisuel en a été bousculé, révolutionné même. Dans un premier temps, des dizaines de radio-libres virent le jour, déstabilisant le monopole de Radio-Martinique. Puis, des télévisions privées apparurent, mais le coût d’une télé étant considérablement supérieur à celui d’une radio, beaucoup finirent par boire la tasse et disparaître. Ces télés privées, ne disposant pas de la redevance télévisée (octroyée uniquement à la radio-télévision de l’Etat français) et n’ayant pas les moyens d’acheter des appareils dernier cri, ne pouvaient guère rivaliser avec l’ORTF-FR3-RFO-MARTINIQUE 1è. Faute de publicités conséquentes, beaucoup n’employaient que des pigistes (aujourd’hui des « auto-entrepreneurs »). La télé de l’Etat français pouvait donc continuer impunément à faire la pluie et le beau temps.

Cette dernière, flairant l’air du temps, en a profité habilement pour modifier son discours assimilationniste : fini le blanc de chez blanc et vive le noir de chez noir. RFO-Télé, puis MARTINIQUE 1è, ont alors commencé à nous bombarder de films et de feuilletons dans lesquels des Noirs américains avaient le beau rôle. A nous abreuver de clips jamaïcains et noirs américains de reggae, de rap, de RN’B, de Dance-hall etc…dans lesquels s’étale une image déplorable de la femme noire uniquement préoccupée de remuer son « bonda », pratiquement dévêtue, devant des chanteurs à grosses bagues et grosses chaînes en or et arborant des casquettes à l’envers ou des pantalons tombant sur la moitié de la fesse. On nous gratifiait aussi de concerts de zouk de temps à autre. Le bon peuple était content ! Il voyait des Noirs comme lui. Enfin !

Sauf que…

Sauf que l’objectif sournois de cette entreprise de négrification de l’écran de MARTINIQUE 1è était simple : inciter les Martiniquais à se transformer en « Noirs américains de la France ». L’affichage négriste permet ainsi d’escamoter la revendication nationale martiniquaise. De dissoudre peu à peu la revendication indépendantiste. Les Noirs américains ne réclament pas un état à eux, pourquoi les « Noirs américains de la France », en quoi MARTINIQUE 1è cherche à transformer les Martiniquais, devraient-ils en réclamer un ? Revendication désormais parfaitement inutile. Le combat n’est donc plus de réclamer la séparation d’avec la soi-disant « Mère-patrie », mais d’obliger cette dernière à nous faire une place. Exactement comme le font les Noirs américains !

On passe de l’assimilationnisme « Gaulois noirs » à l’assimilationnisme « Français noirs ». Ce qui est pire, bien pire, car plus dangereux, plus hypocrite et plus destructeur pour la prise de conscience nationale des Martiniquais. Satisfait de se voir à l’écran dans des films noirs américains ou des clips jamaïcains, le télespectateur martiniquais n’a plus besoin de s’identifier à son pays en particulier. Il suffit qu’il s’identifie au « Noir ». Et au « Noir français » ! Remarquons que cela ne dérange plus guère les élites françaises et ne choque que les 17% d’attardés, le plus souvent incultes, qui votent Marine Le Pen. La France fait désormais place à ce qu’elle nomme « les minorités visibles » et MARTINIQUE 1è s’emploie à nous enfoncer dans le crâne que nous serions l’une de ces minorités visibles à laquelle ont doit attribuer des droits, des espaces dans le PAF, des postes etc… tout comme leurs compatriotes « visibles » c’est-à-dire blancs.

Disons-le tout net : ce nouvel assimilationnisme négriste est mille fois pire que l’assimilationniste d’antan, l’assimilationnisme « gaulois noir ». Il gomme le fait que la Martinique n’est pas et ne sera jamais la France. Que 7.000kms nous sépare de cette dernière. Que nous n’avons ni la même trajectoire historique, ni la même langue (le créole), ni la même musique, ni la même cuisine, ni la même littérature, ni le même climat etc…

Il gomme le fait que la Martinique est une NATION et non une minorité visible de la France. Mais en sombrant corps et biens dans l’Audimat, loin derrière ATV (Antilles-Télévision), avec un ridicule 16% de parts d’audience, MARTINIQUE 1è, qui deviendra peu à peu MARTINIQUE Dernière, n’a de toute évidence pas réussi à couillonner les Martiniquais.

Cette télé aura beau nous abreuver de Denzel Washington ou de Béyoncé, de tam-tam et de « brennen bonda » à longueur de temps, elle ne parviendra pas à nous faire oublier que nous sommes d’abord et avant tout des Martiniquais et non des « Noirs américains de la France ».

Le noirisme est devenu le meilleur allié du colonialisme français…

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