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LE MAHATMA GANDHI EN FRANCE

LE MAHATMA GANDHI EN FRANCE

{ {{A l'occasion du récent 140ème anniversaire de Mohandas Karamchand Gandhi le 2 octobre, nous relevons sur le site ami "Indes Réunionnaises" cet intéressant article de Dêva Koumarane, en forme d'hommage à la "Grande Âme". On y apprend, entre autres, des faits intéressants sur son passage en France...}} }

Après avoir participé à Londres à la deuxième conférence de l’inévitable Table Ronde le Mahatma GANDHI vint à Paris. C’était le 5 décembre 1931. L’automne vivait encore ses derniers jours de « Bois couronnés d’un reste de verdure ». La France attendait, comme à l’accoutumée, les Fêtes de Noël et du nouvel an.

Le six mai de cette même année, au Bois de Vincennes fut inaugurée l’Exposition Coloniale. Le Ministre des Colonies Paul REYNAUD en profita, pour rappeler la vocation coloniale de la France !

Certains journaux et quelques têtes « bien pensantes » de la vie parisienne jugèrent sans réfléchir, le patriote indien GANDHI, au sourire juvénile, comme un dangereux agitateur s’apprêtant à démolir les Empires européens.

Conquises aux idées nobles et non-violentes de l’Auteur de « Tous les hommes sont frères » des personnes par centaines s’entassèrent à l’intérieur et à l’extérieur de l’inimitable salle MAGIC CITY qui se trouvait au 180, rue de l’Université, dans le 7ème arrondissement.

Madeleine SLADE, la fille adoptive et disciple – secrétaire de GANDHI, devenue MIRABAÏ – décrit avec véracité et simplicité la rencontre entre BAPOU (terme affectueux qui signifie père en hindi) et le public parisien « La réunion de Paris était la première que BAPOU tenait en Europe : la salle était bondée jusqu’à l’étouffement et la police montée avait dû être appelée pour maintenir l’ordre, dans la foule qui n’avait pas réussi à pénétrer dans la salle. Lorsque BAPOU eut fini de parler, ce fut une pluie de questions, politiques, morales, spirituelles, sociales, littéraires, voire révolutionnaires.

Le futur Mahatma à Paris

La France célébrait en cette année 1889 le premier anniversaire de sa Révolution. Mohandas GANDHI, jeune étudiant londonien en Droit, s’était offert le plaisir de venir visiter Paris à cette occasion. Paris et sa toute nouvelle Tour Eiffel avait mis presque tout le monde en effervescence. Il avait loué pour sept jours une chambre en ville non loin d’un restaurant végétarien. Ce séjour parisien resta ancré dans sa mémoire. Des années plus tard, dans son « Autobiographie ou mes Expériences de Vérité » des lignes parlent de Paris avec une parfaite honnêteté :

« De l’Exposition, je n’ai gardé aucun souvenir, hormis l’impression d’une manifestation ample et variée. Les vieilles églises de Paris demeurent gravées dans ma mémoire. On ne saurait oublier leur paisible grandeur. L’étonnante architecture de Notre Dame, la complexité de sa décoration intérieure, jointe à la beauté des sculptures, s’impose au souvenir… L’art est absent de la Tour Eiffel ».

A l’intérieur de la cathédrale parisienne, aux yeux de l’hindou GANDHI, les personnes agenouillées en prière devant la statue de la Vierge Marie mériteraient la dignité, le respect. Ces dévots « n’adoraient pas la pierre, mais la divinité dont elle était le symbole ». Le jeune Mohandas admirait la pente montante de la vie spirituelle française. Paris n’était pas que la capitale de la mode et de la frivolité.

GANDHI et Romain ROLLAND

Le Prix Nobel Romain ROLLAND noua et intensifia ses sentiments amicaux entremêlés d’importantes réflexions fines et fraternelles avec le Mahatma GANDHI.

Romain ROLLAND était pour son ami GANDHI un sage de l’occident. Fondateur de la Revue Europe et auteur de plusieurs œuvres littéraires comme « Au-dessus de la mêlée », « CLERAMBAULT », « l’Ame enchantée », « le Voyage intérieur » il mit sa plume et sa renommée internationale pour bâtir un pont philosophique, spirituel, culturel entre l’Inde et la France, l’Asie et l’Europe. Il consacré deux importants ouvrages aux deux philosophes mystiques hindous : Sri RAMAKRICHNA (1834-1886) et Swami VIVEKANANDA (1862-1903). Saisi par les théories non-violentes il publia un mémorable ouvrage sur le mahatma GANDHI.

ALAIN (1868-1951), philosophe et essayiste français, a fort bien compris la remarquable personnalité de Romain ROLLAND en le décrivant ainsi :

« Nous avons à savoir que cette homme glorieux n’a jamais fait la cour à aucune puissance et ne pris jamais conseil que de lui-même ».

Le 11 septembre 1931, l’homme politique GANDHI, avant de se rendre à Londres, s’était arrêté quelques heures à Marseille où il fut accueilli par une foule d’amis de sympathisants et de curieux.

L’anglophone Madeleine ROLLAND, la sœur de Romain ROLLAND, lui avait transmis le message fraternel de son frère : « Cher ami, c’est une peine pour moi de ne pouvoir accompagner ma sœur et vous saluer, à l’arrivée sur la terre d’Europe. Ma santé ne le permet pas. J’étais venu de Lugano à Villeneuve pour me rendre ensuite à Marseille. Passant des pays de soleil à ceux de la pluie, j’ai pris froid et je dois rester, ce jours-ci, enfermé à la villa Olga. Je souhaite qu’il vous soit possible d’y venir plus tard sur le chemin de retour vers l’Inde – afin que nous nous voyions en cette vie …

Toute la question pour vous est maintenant que cette révolution inévitable s’accomplisse par la Non-violence et par l’amour… Vous êtes, pour ces combats à venir, notre général reconnu et éprouvé. Même si vous mourriez au milieu de la bataille, votre exemple nous resterait un guide… Quand vous serez à Londres, dans vos débats avec l’Empire, sentez-vous fort de la force des peuples, non seulement de l’Inde, mais de l’Europe, dont vous êtes la voix et la conscience la plus haute ! La meilleure Europe est avec vous – je vous salue avec affection et respect ».

Avant de rentrer en Inde, après le dialogue avec le peuple de Paris, Mahatma accompagné de ses proches et amis, se rendit à Villeneuve pour immortaliser sa rencontre avec son frère spirituel français. Le couple Madeleine et Romain ROLLAND les accueillirent avec une indescriptible déférence.

Le dialogue entre l’intellectuel français et le patriote indien fut ouvert, franc, courtois, fructueux et noble.

Parmi ses nombreux amis français il faudrait citer : Madame Louise GUIEYSSE, fondatrice et présidente de l’association des Amis de GANDHI. Elle habitait au 166, Boulevard Montparnasse. Son ami le Mahatma GANDHI, durant son séjour parisien, préféra être hébergé chez elle.

L’écrivain et orientaliste français Louis MASSIGNON (1883-1962) eut le bonheur de rencontrer chez la Présidente de l’Association précitée, le Mahatma GANDHI, dont la pensée lui paraissait comme vivante, un désir efficient de se purifier et de purifier les autres en entrant en action ».

A la disparition de son amie Mme GUIEYSSE il fut élu Président de l’Association où continua de souffler un certain temps l’esprit des amis de GANDHI. Née en 1872 elle mourut le 30 janvier 1954, jour anniversaire de la disparition tragique de Mahatma GANDHI en 1948.

Bernardin de SAINT PIERRE, mondialement connu pour son célèbre roman « Paul et Virginie » est aussi l’auteur du livre publié en 1791 intitulé « La chaumière indienne ». GANDHI apprit l’existence de ce livre grâce à l’un de ses amis anglais. Il en fut émerveillé.

Quelle est l’histoire de « La chaumière indienne » ? : La Société Royale de Londres envoie un Savant anglais en Inde dans le but de récolter la « somme du savoir humain et d’apporter une réponse à toutes les incertitudes de la science ». Il trouve, enfin, sous le ciel de l’Inde du nord-est, dans la jungle auprès d’un « Intouchable » la réponse à ses difficiles questions : « La vérité doit être cherchée avec le cœur, non avec l’esprit, dans la nature, non dans les livres, et on ne doit la livrer qu’aux gens de bien ».

Le Mahatma GANDHI fut fort sensible aux écrits, aux idéaux, parlant et défendant la dignité de l’homme et la grandeur de l’humanité. Il considérait l’intouchabilité comme un crime contre l’humanité.

En 1932, en prenant la parole, lors d’un meeting à la Place de l’Odéon (ODEANSALLE) à Pondichéry (Chef lieu des comptoirs français en Inde), il rendit un vibrant hommage à la devise de la République française : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Une fois de plus il condamna l’intouchabilité.

Maurice SCHUMANN, homme politique, écrivain français, membre de l’Académie Française, porte-parole de la France libre à Radio Londres avait rencontré GANDHI en Inde.

Sous la plume de cet éminent observateur de la vie politique nationale et internationale naquirent ces lignes :

« Aujourd’hui, on peut dire cependant, avec prudence, avec réserve, mais avec confiance, que l’Histoire a tranché et que GANDHI a gagné sur LENINE : …Eh bien, oui, LENINE a ri de GANDHI et les léninistes ou les staliniens l’on traité par le mépris, mais en LENINE ou en STALINE – l’Histoire l’a prouvé – il n’y avait rien d’invincible. HITLER, nous n’en avons pas la preuve mais cela va de soi, aurait éclaté de rire si on lui avait offert en modèle GANDHI et sa Non-violence ! Mais, en HITLER, il n’y avait rien d’invincible. Au contraire, en GANDHI, il y avait quelque chose d’invincible. Quoi ? Mais tout simplement, comme aurait dit BERGSON, ce « supplément d’âme » qui, de siècle en siècle et de millénaire en millénaire (c’est bien le moment de le dire !...), est une éternelle prière pour les vivants. (M. SCHUMANN « Ma rencontre avec GANDHI » Ed. 1 Paris 1998).

Le Mahatma GANDHI et le Prix Nobel

Comme les années précédentes je célèbre aujourd’hui vendredi 2 octobre l’anniversaire de Mahatma ou de Dharmatma GANDHI, avec un bouquet de regrets accroché à la boutonnière de mon for intérieur.

Des regrets ! Oui, oui, j’en ai !

Parce que… le Mahatma n’a jamais obtenu le Prix Nobel.

Certaines personnes de ma connaissance qui adhèrent profondément au message fraternel de GANDHI me rappellent qu’il est au-dessus de tous les hommes, des décorations, des diplômes, prix, y compris le Prix Nobel de la Paix !

GANDHI se trouva sur la liste des favoris pour le Prix Nobel en 1937, 1938, 1939, 1947 et en 1948.

L’Enfant éternel de l’Inde osa braver la puissant Empire britannique.

« Je sais que le fruit tombe au vent qui le secoue » écrivait Victor HUGO.

Le Comité norvégien du prix Nobel n’avait pas voulu, sans doute, froisser le Gouvernement de Sa Majesté.

Le magazine new-yorkais The Negro World, en 1923, défendit GANDHIJI dans ses colonnes et critiqua sévèrement le Comité précité. Les Amis et les Amies de la Paix, à travers le monde, avaient décerné au Mahatma, dans leur cœur un prix inestimable, incomparable, et qui se nomme toujours Prix de l’Amour Universel.

Le Prix Nobel méritait-t-il le Mahatma GANDHI !

{{COMPLEMENTS UTILES}}

Mausolée Virtuel au Mahatma Gandhi (1997) [ICI->http://tinyurl.com/ygjggso ]

Site "Indes Réunionnaises" de Philippe Pratx [ICI->http://www.indereunion.net/]

Site sur la vie de Gandhi, en Français [ICI->http://tinyurl.com/ykpmbj ]

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