Notre image du lynchage fortement marquée par Lucky Luke et le western, voleurs de bétail, attaque de diligence aux frontières du monde organisé, goudron et plumes, appartient à la bibliothèque rose.
Le livre de Joël Michel, premier livre français sur la question, est rouge sang. Pour donner une définition du lynchage, il choisit celle de Dora Apel "le lynchage est une pratique qui conduit des gens ordinaires à commettre des atrocités extraordinaires au nom du maintien des valeurs de la civilisation".
Le lynchage aurait commencé au XVIIIème siècle : le juge Lynch a permis aux citoyens de Virginie, bons protestants disant leur prière chaque soir et ne manquant pas un office, de faire subir des châtiments corporels aux pêcheurs ayant troublé l’ordre par le non respect de la loi et de la morale. Fut accordé aux hommes vertueux le droit d’être d’être les exécuteurs de ces châtiments, qui furent souvent des tortures d’une cruauté absolue.
Le lynchage devint mortel dans les années 1830, se répandit au niveau national à partir de 1835. Jusqu’en 1860, on lynche peu de Noirs, leur propriétaire faisant eux-mêmes justice. L’abolition de l’esclavage remplacé par la ségrégation change la donne. Entre 1880 et 1940, selon les chiffres officiels, 4.000 personnes sont lynchées, pendues ou brûlées et parmi elles quelques 80% de Noirs, cela par une population qui en 1916 dénonce la barbarie allemande en Belgique.
Le Sud, pour lequel l’esclavage est l’expérience fondatrice, est la terre d’élection du lynchage. C’est de ce Sud, sa culture du coton, sa culture de la cruauté, ses frustrations, son puritanisme, sa vision fantasmée de l’homme noir, le mâle et le mal par excellence, qui menace la femme blanche, dont Joël Michel nous fait le portrait et l’histoire.
Description :
{{le Lynchage aux Etats-Unis}}
_ Auteur : MICHEL Joël
_ Langue : français
_ Edition : Paris, la Table ronde, 2008.
_ Prix : 23 euros