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LE G 7 : UN CLUB ANACHRONIQUE DANS UN MONDE EN MUTATION RAPIDE

Francis CAROLE
LE G 7 : UN CLUB ANACHRONIQUE DANS UN MONDE EN MUTATION RAPIDE

Ainsi, le sommet du G7 s’est tenu du 24 au 26 août 2019, à Biarritz, en pays basque français. Il réunissait les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, le Japon et bien entendu la France. Ces nations se présentent toujours comme les 7 pays les « plus puissants de la planète » et considèrent qu’à ce titre elles auraient un rôle particulièrement éminent à jouer dans le futur des plus de sept milliards et demi d’êtres humains du monde.

 

Cette posture de l’oligarchie occidentale, qui avait rallié dans ses rangs le Japon, pays d’Asie, a pu, il y a près d’un demi-siècle, correspondre à un certain rapport de force sur les plans économique et politique. En effet, lorsqu’il a été créé en 1975, à la suite du choc pétrolier de 1973, le G 7 (alors G 6 puisque le Canada n’ y sera intégré qu’en 1976) représentait environ 62% de la richesse mondiale.

En 44 ans, le monde a cependant connu d’énormes bouleversements. Le G 7 des Macron et Trump ne réalise plus que 45% du PIB du monde en 2018 et la Chine est devenue la seconde puissance économique.

Cette tendance majeure s’accentuera significativement au cours des prochaines décennies puisque, en 2050, des pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique, l’Indonésie, la Russie et la Turquie seront en capacité de générer 50% du PIB mondial. Le G 7 ne représentera alors qu’à peine 20% de ce PIB et l’Europe moins de 10%...

On assistera ainsi à un renversement inédit et spectaculaire de l’ordre mondial puisque six des sept plus grandes puissances économiques seront des pays « émergents », de ce que l’on appelait, il n’y a pas si longtemps, le « tiers-monde » ou encore les « pays en développement » ou « sous-développés ».

Les puissances d’hier s’accrochent donc à une vision anachronique du monde, laquelle confèrerait à l’Occident une importance qu’il n’a plus et un « rôle » qu’il n’est plus en mesure de tenir. Un monde différent a désormais surgi des débris de l’ère coloniale, de l’affrontement des blocs et de la mondialisation. Le G 7 de Biarritz n’est en réalité qu’un théâtre d’ombres.

« La lutte contre les inégalités » quant à elle, thématique centrale de la rencontre du G 7, peut, venant de ceux qui fomentent ces inégalités, prêter à sourire.

Les oligarques de ces pays ont, avec une rare brutalité, organisé les inégalités et le mal-développement dans l’espace mondial comme la condition même de leur opulence. Les guerres, ouvertes ou de « basse intensité », visant à exploiter les richesses des pays du Sud (au Congo, au Venezuela ou ailleurs), les politiques structurelles imposées aux peuples d’Afrique dans les années 80-90, l’assassinat de leaders émancipateurs dans les pays dominés (Sankara et d’autres), le soutien aux dictatures les plus féroces ou aux roitelets les plus serviles, les politiques du FMI, le maintien du franc CFA dans les anciennes colonies françaises d’Afrique, constituent autant d’outils de construction froide et cynique de ces inégalités. Ce que l’on appelle aujourd’hui pudiquement « la crise des migrants » en Europe n’est que l’effet de cette stratégie à long terme de pillage et de déstructuration économique, politique et culturelle des pays du Sud, singulièrement du continent africain.

Au sein même des pays du G 7, les inégalités ont explosé durant les dernières décennies. Les écarts sociaux se sont creusés et, en Europe, les 1% des personnes les plus riches ont connu une augmentation deux fois plus importante de leurs revenus que ceux des 50% des plus pauvres. Le mouvement des « Gilets Jaunes » en France trouve, en partie, son explication dans le désordre social institué dans les pays membres du G 7.

Il faut certes se féliciter des changements de rapports de force en cours dans l’espace monde, au profit des pays dits émergents. Il convient néanmoins de rester lucide. L’effondrement du bastion occidental qui, depuis cinq siècles, en recourant à une violence inouïe contre les peuples et les civilisations non européens, a concentré toutes les richesses de la terre au profit d’une minorité géographiquement localisée, ne constitue pas la seule exigence pour tenter de construire un monde plus juste et plus intelligent.

On le voit déjà dans plusieurs régions : ce n’est pas parce que le capital est chinois, indien ou autre qu’il est plus respectueux de l’environnement et de l’être humain. L’exploitation brutale de la main d’œuvre locale dans l’industrie forestière et l’extraction minière chinoises en Afrique en sont la triste illustration. Le capital ne sourit pas.

On ne saurait donc se satisfaire d’une succession d’empires économiques dominants générant exploitation, écrasement de l’être humain et désespoir. D’autres modèles de développement et de coopération existent ou doivent être imaginés. Le réchauffement climatique vient renforcer l’urgence de mettre un terme à la compétition productiviste entre les nations pour envisager une véritable coopération mondiale au profit de chaque être humain, où qu’il se trouve. Nation insulaire de la Caraïbe, la Martinique est au plus haut point concernée par la définition d’un futur possible pour l’humanité.

Francis CAROLE

MARTINIQUE

Samedi 31 août 2019

 

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