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Le créole banni des réunions officielles de l'Académie de La Réunion

Le créole banni des réunions officielles de l'Académie de La Réunion

Le créole a-t-il sa place dans les réunions, les séances de travail, les conseils académiques, les instances officielles de l'éducation nationale ? Pour le recteur, Vêlayoudom Marimoutou, la réponse est claire, c'est non " la langue officielle est le français, par souci de compréhension, on parle français ". Cette directive sur laquelle Vêlayoudom Marimoutou ne veut pas bouger d'un iota, peut créer des frictions. Le 4 juillet dernier, un conseil académique sur les langues régionales a eu lieu. Après qu'un parent d'élève ait parlé en créole, le recteur a menacé de quitter la réunion. Le syndicat FSU, des représentants d'associations de parents d'élèves et une association sont vent debout. Ils dénoncent aussi un manque d'ambition du système académique pour la valorisation du créole à l'école. (photo rb/www.ipreunion.com)

Il y a deux choses : le fond et la forme. Sur les deux thèmes, la FSU (Fédération syndicale unitaire), l’association LLKR (Lentente Lansègnman la Lang èk la Kiltir La Rényon) et des représentants de la (FCPE) Fédération des conseils de parents d’élèves ne décolèrent pas. Ce conseil académique des langues régionales qui s’est tenu le 4 juillet dernier, ils l’ont encore en travers de la gorge.

Interdit de parler créole 

Au-delà du fait que cette rencontre ait été annoncée au dernier moment et préparée dans la précipitation, selon eux, ils relatent un incident qui aurait bien pu faire tourner ce conseil académique au vinaigre. Ce jour-là, au début de la réunion, chaque participant se présente, arrivé son tuor, Alexandrine Araye, représentante de la FCPE s'exprime en créole, le recteur monte alors en créneau et se lève pour quitter la salle. Il refuse catégoriquement que la réunion se tienne en créole, Alexandrine Araye est encore sous le choc, regardez :

"La langue officielle est le français, on parle donc français" Vêlayoudom Marimoutou 

Vêlayoudom Marimoutou balaie la polémique d’un revers de main. Pour le recteur, parler créole aurait pu être vecteur d’une mauvaise compréhension et donc d’un mauvais diagnostic étant donné que dans l’assemblée, tout le monde ne comprenait pas le créole. L’une des ces personnes non créolophones serait la personne qui chapeaute le projet sur les langues et plus précisément sur les langues régionales, un comble ! Peu importe, le recteur considère qu’il n’y a pas à tergiverser, la langue officielle est le français, on s'exprime donc en français, regardez :

La messe est dite, le recteur n’en démord pas. Ceux qui se sentent muselés devront faire avec, la langue officielle est le français et le créole n’a pas sa place. Les détracteurs de cette mesure s’appuient sur un article de loi et dénoncent une forme de discrimination et s’appuie sur le article de loi du code pénal 225-1 " Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement […] de leur capacité à s'exprimer dans une langue autre que le français ".

Quel avenir pour le créole dans les salles de classe ? 

L’autre problématique pour la FSU, le LLKR et les représentants de la FCPE, c’est le fond. Ce conseil académique de langue régionale avait pour objectif de définir le plan d’actions pour la langue et la culture créole régionales sur la période 2019-2023 à La Réunion. Là encore, ça coince.

Cette fois, ce qui irrite la FSU, le LLKR et les représentants de la FCPE, c’est "le manque de volonté et de vision de l’académie sur la valorisation du créole à l’école". Ils vont même plus loin et qualifient ce plan d’actions de "mascarade générale", d’ "hypocrisie institutionnelle" et d’"absence d’ambition pour une réelle politique linguistique". Ils s’appuient, notamment, sur le fait que le plans d’action 2019-2023 est un copié-collé du plan d’actions 2014-2019. Imaz Press a vérifié, de nombreuses similarités existent entre les deux documents. Regardez l’avis de la FSU et du LLKR sur la question :

 

Le recteur lui, est consterné que ceux qui s’opposent au projet se soient épanchés dans la presse avant même que le procès verbal de ce conseil académique de langue régionale n’ait été publié.

Au-delà de cela, il explique qu’il s’agissait là d’une session d’installation. Il rappelle aussi que des dispositifs sont en train d'être mis en place pour valoriser le créole dans le système éducatif notamment une agrégation de langue et de culture créole régionales qui devrait voir le jour en 2021 et le créole qui figurera en enseignement de spécialité créole à la rentrée prochaine dans le cadre de la réforme du lycée.

Pour le premier et le second degrés, il y a des pistes mais avant de donner des préconisation, le recteur souhaite poser un diagnostic, une expérimentation neuro-scientifique sur les effets du créole appris aux enfants, regardez :

Une expérimentation basée sur la neuro-science pour décrypter les effets du créole à l’école, les détracteurs du projet n’y croient pas. Pour eux, les bienfaits de l’apprentissage en créole sont déjà prouvés et ils considèrent qu’aujourd’hui, il n’est pas reconnu à sa juste valeur " on le cache sous le tapis, le créole est relégué loin derrière le français ". Ils ont même peur que le créole, une langue vivace, ne s’éteigne comme certaines langues régionales dans l'Hexagone.

Une reconnaissance encore fragile

Le créole est enseigné dans les écoles de l’île et reconnu comme langue régionale depuis 2014, au vu des débats passionnés que l’apprentissage de notre langue régionale suscite encore aujourd’hui, on voit, qu’il y a encore du chemin à faire pour que le créole trouve une place claire dans le système académique et dans les établissements scolaires.

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