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Le coût de l'immobilier va -t-il grimper en flèche en Martinique ?

Jean-Marie Nol
Le coût de l'immobilier va -t-il grimper en flèche en Martinique ?

Faire des prévisions économiques en temps normal s’avère déjà périlleux. Se livrer au même exercice en période de crise économique et de guerre en Europe relève de la très haute voltige.

 

Paradoxalement, la guerre en Ukraine risque de faire encore grimper le prix des logements en Martinique. 

 

Et pourtant, l'offre de logements manque, la production est insuffisante pour combler les besoins de la population et les prix de la construction ne cessent de grimper. Le conflit devrait entraîner une nouvelle hausse des tarifs des matériaux de construction et de l'énergie, qui se répercutera sur celui des appartements et des maisons neufs. Et ce n'est pas fini, car à tout cela se rajoute la problématique de la taxe foncière qui a progressé de 28% depuis 2010 et qui de nouveau pourrait flamber pour un certain nombre de contribuables martiniquais. Ce n'est plus un mystère pour personne : la taxe foncière va fortement augmenter, et ce dès 2022. Elle pourrait même flamber, dans les années à venir, pour un certain nombre de contribuables qui auront la malchance de cocher certaines cases conduisant le fisc à revaloriser ce que, dans son jargon, il nomme « la valeur locative » des biens. En effet, les propriétaires devraient bientôt s'attendre à un ajustement de leurs impôts locaux à la hausse, car les valeurs locatives cadastrales, qui servent de base fiscale au calcul des taxes directes locales assises sur le logement, seront bientôt révisées. Autrement dit, la récente remontée des prix immobiliers, principalement à Fort-de-France mais aussi dans certaines communes du sud, confirme que nous sommes toujours face à une bulle, c’est-à-dire un phénomène de décalage entre le prix de marché des actifs immobiliers et leur valeur réelle. Ainsi, les « primo-accédants » auront de plus en plus de mal à devenir propriétaires dans de bonnes conditions (et ne dit-on pas qu'il s'agit là de l'indice infaillible d'une bulle immobilière ?). 

Les plus touchés seront les ménages les moins riches et les petites entreprises...Cuivre, bois, acier, aluminium, les matériaux sont de plus en plus chers. Ils avaient déjà augmenté avant la guerre car la pandémie avait bouleversé les chaines de logistique, et il y avait des pénuries. Mais le conflit fait littéralement flamber les cours. La Russie est le deuxième producteur d'aluminium et pour la première fois, la tonne dépasse les 4 000 dollars avec une répercussion des prix en Martinique de l'ordre de plus de 25% en ce début de mois de mars.

 

Conséquence directe : le prix des fenêtres, des volets roulants, des balustrades, et des pergolas s’envole. Pareil pour l’acier, le grillage et les tiges servent au béton armé, essentiel dans la construction. La Russie et l’Ukraine sont d’importants fournisseurs. Avec la guerre, les commandes ont été stoppées. Sans compter que le cours du pétrole poursuit toujours sa hausse. Ce qui fait enfler le prix du transport.  Résultat des courses : le coût des rénovations, mais aussi des constructions de logements neufs va augmenter sensiblement de l'ordre de 30% environ.  Impossible de prévoir de combien sera exactement la hausse, en Martinique justement, et c’est bien le problème. Ces flambées des prix sont tellement rapides et importantes que les constructeurs, les promoteurs, les entrepreneurs du bâtiment ont de plus en plus de mal à établir des devis. Ils ont peur de s’engager sur des prix qui dans quelques mois auront doublé, voire triplé, et donc de travailler à perte. 

En conséquence, une crise de l'immobilier est en vue avec l'éclatement prochaine d'une bulle immobilière en Martinique, et il va être aussi de plus en plus difficile d’acheter un logement parce que le contexte d’inflation, forcément, va peser. Comme les ménages vont dépenser plus pour l’alimentation, l’essence, etc, ils vont avoir moins d’argent pour tout ce qui touche au logement : payer un crédit pour les propriétaires ou un loyer pour les locataires. En plus dans ce contexte de guerre, les banquiers risquent d’être encore un peu plus sélectifs pour accorder des crédits immobiliers car ils ne savent pas comment la situation économique va évoluer.   Le coût de construction des logements neufs et de rénovation des logements existants, que les blocages liés à la covid avaient enchéri, va monter encore. Quant aux taux d’intérêt des crédits immobiliers, on prévoit qu’ils ne pourront pas ne pas prendre en considération l’inflation et la suivre en conséquence, et l'on observe déjà, début mars, différentes banques de la place en Martinique augmenter leurs grilles des taux d'intérêt.

 

Bien évidemment, l'évolution du conflit entre la Russie et l'Ukraine, et son impact, notamment sur les banques, pourraient bien accélérer un processus qui semble déjà entamé.

 

La crise Russo-ukrainienne, qui provoque une flambée des matières premières, devrait installer une hausse durable des prix de la construction, qui mettra un peu plus à mal le porte-monnaie des Martiniquais. La tension sur le pouvoir d'achat va s'accroître, aussi il faut espérer que les responsables politiques vont enfin finir par prendre conscience de la gravité de la situation actuelle, et donc de l'absolue nécessité de changer de modèle économique et social.

 

"L’homme responsable, c’est celui qui voit plus loin que l’émotion".

 

Jean Marie Nol économiste

Commentaires

Tokyo 2021 | 12/03/2022 - 08:56 :
Très bon article.

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