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LE 8 OCTOBRE, JOURNÉE DES COMÉDIENS …

LE 8 OCTOBRE, JOURNÉE DES COMÉDIENS …

Les comédiens martiniquais et les gens des métiers du Théâtre célèbrent chaque année, le 8 octobre, et depuis 18 ans, leur sainte patronne Pélagie.
La messe matinale rassemble généralement amateurs et professionnels, sympathisants et de nombreux amis, quelques fois des artistes danseurs, humoristes, plasticiens, techniciens de la lumière et du son, écrivains, dramaturges, compositeurs, musiciens, décorateurs et costumiers, autour du traditionnel pain-au-beurre-chocolat pour la communion, avant de partir vers des lieux publics (hôpitaux, centre pénitentiaire, abri bus, établissements scolaires, et parvis d’églises…) pour y donner gratuitement des animations théâtrales. Des conférences et des prises de paroles s’organisaient en fin de journée avec des dramaturges et des écrivains : Patrick Chamoiseau a produit, en 1991, pour la circonstance, son magnifique « Billet de vie aux comédiens martiniquais ».

Tantôt organisée par la Cie Téat’lari, promoteur de la Comédie créole, qui est à l’initiative de cette action culturelle depuis 1990, ou par le Trio Théâtre de Nestor Mijéré qui développe avec force la comédie « pédagogique » puisque orientée vers la prévention des grands fléaux humains traitée dans le registre de la bouffonnerie, la Journée des comédiens et des gens des métiers du Théâtre a permis les Trophées du Théâtre Martiniquais mais aussi le bal des comédiens à une époque où le projet du théâtre dans les Antilles avait l’objectif de former les publics aux cultures créoles, à la sensibilité insulaire et aux puissances poétique et politique des peuples caribéens.

Les comédiens, conteurs, musiciens, marionnettistes, de la Cie Téat’lari, du Trio Théâtre, du Poutchi pa Téat’, du Groupe Balan, du Groupe Soleye, du Théâtre populaire martiniquais, et bien d’autres personnalités comme Guy Ventura, Serge Bazas, Elie Pennont, José Egouy, Jean Michel Bartel, Rodoudou-Kiki-Milou, Annick Justin Joseph, Catherine Césaire, Jean Claude Duverger, Aurélie Dalmat, Jocelyn Regina, Aliou Cissé, Joby Bernabé, Rosange Renard, Eric Delor, Dédé Duguet, Bérard Bourdon, Eric Bonnegrace, José Alpha, Ruddy Sylaire, Roger Robinel, Daniel Gigault, Espélizane Ste Rose, Marie-Line Ampigny, Nina Gilbert, Henry Melon, Youma Bernabé, Félix Ursulet, Annie Melon, pour ne citer que ceux là, constituaient bien un corps de métier reconnu par les institutions culturelles et sociales, et les publics de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane.

Le Théâtre de la jeunesse, le Théâtre de l’Histoire mais aussi le Festival du Conte et du Théâtre de rue, et les tournées en milieu scolaire permettaient aux artistes du « corps et de l’âme », éducateurs populaires, athlètes des sentiments selon Jaime Jaimes, de faire connaître les auteurs de la littérature antillaise et caribéenne qui racontent aux publics de tous âges, les conditions d’apparition des formes contemporaines de la misère sociale, du bonheur d’être et de vivre- ensemble, les histoires constitutives des peuples caribéens et particulièrement, du peuple martiniquais.

Les publics pouvaient rire de ses douleurs et pleurer de ses origines grâce aux contes et fables de Marie Thérèse Julien-Fou, aux comédies de Marivaux, aux tragédies de Racine, autant d’espaces où se nouent et se dénouent des conflits générateurs des souffrances dont la vérité est dite. Thérapies que certains ont favorisé dans la rééducation à la vie, à l’insertion et à la cohésion sociale grâce à Patrick Chamoiseau, Vincent Placoly, André Lucrèce, Aimé Césaire, Tony Delsham, Edouard Glissant, et Raphaël Confiant.

Ce mercredi 8 octobre 2008, certains avaient fait le déplacement à l’église de St Christophe pour la messe de 6h, mais cette fois, avec le sentiment d’être perdu dans cette ambiance de défiance et de misère culturelle qui sévit dans le pays Martinique, qui grippe nos intelligences, nos réflexes, nos sensibilités et nos imaginaires au profit d’une fuite en avant vers le gouffre trop lisse de l’arrogante francisation culturelle.

Comme si la théâtralité créole, volcanique, hétéroclite, polyphonique, cosmopolite et donc fondamentalement universelle, devenait embarrassante face à l’universalité incolore « parisienne » relayée par le silence complice des acteurs de la folklorisation de nos mythes.
En fait il s’agit toujours de la situation récurrente de la pénible résistance des civilisations à la domination des idées et des moyens déployées par la colonisation. Nous sommes encore, en cette période de crise sans cesse renouvelée, dans le prétexte de s’ouvrir au « vieux monde » non pour mieux comprendre et nous enrichir de son humanité, mais pour mieux l’assimiler et nous assimiler à lui.

Résultat : aucun souci d’équilibre dans les programmations parce que le vide est parfaitement établi et que les quelques miettes accordées ne permettent qu’à maintenir « un discutable niveau », qu’à maintenir la confusion des genres, qu’à maintenir les désaccords sur fonds de rivalités au prétexte d’absence de qualité, de cohérence et de critères esthétiques. Des critiques qui prévalent quand tout ce qui vient d’ailleurs, est plus crédible que ce qui émane de nous.

Un personnage du répertoire créole me disait ce matin, comme c’est curieux de voir que ce que nous sommes entrain de vivre aujourd’hui dans les domaines de la production artistique et culturelle, est l’exact reflet de la situation politique générale en Martinique. « Etre bien vu pour l’intelligence de ses intrigues, et reconnu par le maître pour sa duplicité (capacité de nuisance au sein même de la famille politique), est bel et bien source de réussite politique à la Martinique ».
La politique (culturelle) en Martinique, c’est unique, crabique et fantasmagorique !

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