Le 14 janvier dernier, une voix anonyme appelle divers établissements de la Martinique pour annoncer qu'une bombe y a été placée : des centres commerciaux (Océanis au Robert, Géant-Batelière à Schoelcher, la Galéria au Lamentin etc.), la mairie de Fort-de-France, l'aéroport Aimé Césaire etc...Tout naturellement, ces lieux ont dû être évacués, puis fouillés par les forces de l'ordre.
D'aucuns parmi ceux qui dans ce pays n'ont pas la mémoire trop courte se sont demandé si ce n'était pas un remake de l'ARC (Alliance Révolutionnaire Caraïbe) qui, dans les années 80, avait fait sauter le golf des Trois-Ilets, la gendarmerie de Rivière-Salée, la sous-préfecture de Trinité, l'antenne-télé de RFO au Morne-Rouge ou encore la Chase Manhattan Bank à Fort-de-France. Nous apprêterions-nous à vivre à nouveau ces fameuses "nuits bleues" ?
Point du tout. C'était juste une (mauvaise) blague ! Les forces de l'ordre n'ont pas trouvé l'ombre du début du commencement d'une bombinette dans aucun des lieux désignés par Mister Anonymous.
Puis, un individu d'une quarantaine a été assez vite interpellé et apparemment confondu à cause de plusieurs téléphones portables en sa possession et à partir desquels il aurait lancé ses appels à la bombe. Interpellé et immédiatement placé en détention provisoire par le tribunal. Allez, hop, direction Champigny-Ducos, mon gars ! Aux dires du Parquet ce dernier serait un gros consommateur de cannabis.
Or, chacun se souvient que deux semaines plus tôt, devant ce même tribunal de Fort-de-France, Fred CELIMENE, ex-directeur du CEREGMIA, accusé d'avoir, avec des complices, détourné 14 millions d'euros dans les caisses de l'Université, a été laissé en liberté alors que la juge d'instruction demandait la détention provisoire. Le procureur, lui, avait fixé la caution (pour ne pas aller en taule) à 200.000 euros. Rien à faire : le juge des libertés décida de remettre CELIMENE en liberté après 48h de garde à vue bien que 7 chefs d'inculpation lui aient été signifiés parmi lesquels il y a le "détournements de fonds en bande organisée", les "faux en écriture publique" ou encore "le délit de favoritisme.
C'est Léon BERTAND, ancien ministre du tourisme et actuel maire de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane), c'est Pierre SAMOT, maire du Lamentin (Martinique), c'est Edouard CHAMOUGON, ancien maire de Baie-Mahault (Guadeloupe) ou encore Joël BEAUGENDRE (Guadeloupe) qui ont du bondir face à une telle mansuétude. Eux ont été placés en détention provisoire et accomplis leurs trois mois à l'ombre !
Mais bon, quelle est la morale de cette histoire tropicale, piquée sans doute au zika ?
La voici : il vaut mieux détourner des millions d'euros que de se livrer à de mauvaises plaisanteries. Cela devrait être enseigné dès l'école primaire dans nos chères contrées ultramarines...