Sur le site de Martinique la 1ère on peut lire le 20/04/2018 notamment ce compte-rendu :
« Mercredi dernier (18 avril 2018), dans les locaux de l'ex Conseil Général à Fort-de-France, des élus, des cadres territoriaux, des représentants de l'État, des cadres des institutions financières et des chefs d'entreprises étaient invités à échanger autour du thème : quelle dynamique économique pour la valorisation du patrimoine ?
En marge de ces échanges, Bernard Hayot, le patron du plus grand groupe économique en Martinique et bien implanté en Outre-Mer, a fustigé la gestion de la Martinique :
"J'ai mal à la Martinique. Je trouve que la Martinique n'est pas suffisamment bien gérée. Je trouve que la Martinique n'a pas pris conscience que dans la compétition dans laquelle nous sommes, ce sont les meilleurs qui gagnent. Notre groupe est implanté sur tout l'Outre-mer(...) Je ne vais pas vous dire à quelle place je mets la Martinique mais ce n'est pas dans les premiers. L'Outre-mer est beaucoup mieux géré, ailleurs. En Nouvelle Calédonie c'est mieux, à la Réunion c'est mieux, en Guadeloupe c'est mieux, en Guyane c'est mieux (...) Je mets la Martinique à égalité avec la Polynésie...et c'est assez bas".(fin de citation).
Martinique la 1ère commente cette déclaration comme suit : « Ce jugement sévère devrait en principe provoquer quelques réactions, d'autant que les comparaisons entre les collectivités territoriales d'Outre-mer, sont peu pertinentes compte tenu des différences institutionnelles et statutaires ».(fin de citation)
Notre commentaire : Dans les milieux économiques martiniquais, comme on dit, il est de bon ton, en particulier depuis février 2009, de considérer que cela va mieux dans les autres pays d’outre-mer à cause d’une meilleure gestion des collectivités de ces pays : Guadeloupe, la Réunion en particulier. Depuis 2017 ils ne citent plus la Guyane. Et pour cause ! Les 500 frères sont passés par là.
Manière de justifier la chute de l’investissement privé depuis lors ? Un investissement limité au strict renouvèlement de l’outil de production et non pour l’étendre et l’accroître, selon les analyses de l’Iedom et de l’économiste Olivier Sudrie. Et pourtant, malgré la rareté des données, le montant des profits bruts du privé (excédent brut d’exploitation) oscille bon an mal an entre 905 millions d’euros et 1 milliard et 150 millions d’euros pour les années connues 2010/2014 (INSEE). L’équivalent du budget de la CTM quand même !
A l’intention de ceux qui pourraient être abusés par cette propagande nous avons sélectionné quelques indicateurs socio-économiques comparatifs de certains pays dits d’ « outre-mer » sous forme de tableau (voir infra). Pour fixer les idées de manière objective. Instructif.
Comme on le voit, la Martinique, dans la plupart des cas, se classe mieux que les autres territoires tout en étant affectée comme eux par le mal-développement : taux de chômage, PIB par habitant, Indice de développement humain(IDH), Indice du climat des affaires (ICA), etc. Par contre, elle est affectée par des inégalités sociales parmi les plus élevées et par l’augmentation du pouvoir d’achat la plus faible sur la période 2001/2011, selon la récente étude de l’Insee sur les revenus (Insee-Analyses n° 9 Mars 2018). La croissance est minée par un déclin démographique venant des années Bumidom.
Si on jette un coup d’œil sur la situation des collectivités locales au travers du dernier rapport de la Cour des comptes d’octobre 2017 sur la situation financière des collectivités des départements d’outre-mer, on relève que en 2016 la Martinique est en situation moins « critique », Réunion exceptée, tout en ayant une « situation aussi dégradée ou critique » que les autres DOM : entre 31,6 % en Martinique et 36 % en Guadeloupe.
:
Guadeloupe : 17,5 % des collectivités en « situation critique » ;
Guyane : 22,2 % <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< ;
Martinique : 5,3 %<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< ;
Réunion : 0 %.<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< ;
Il est clair que, vus du côté business, ces territoires sont appréhendés en termes d’opportunités de profits à réaliser. Par exemple pour le groupe GBH, dans la grande distribution, la concession automobile, etc. C’est-à-dire principalement l’import-consommation.
Nous avons « mal à la Martinique », mais ce n’est pas pour les mêmes raisons. En tous cas, ce n’est pas en opposant ces territoires les uns aux autres que nous allons nous sortir de la dépendance et du mal-développement mais en arrachant les moyens politiques et financiers d’aller de l’avant.
Michel Branchi.
Tableau comparatif de quelques indicateurs économiques et sociaux de certains pays dits d’ « outre-mer »
Indicateurs |
Martinique |
Guadeloupe |
Guyane |
Réunion |
Polynésie |
Nouvelle--Calédonie |
France |
PIB/Habt (Fedom 2015) |
21 527 € |
19 593 € |
15 780 € |
19 339 € |
16 760 € |
28 157 € |
32 796 € |
Evolution PIB 2004/2016 (€ courants) |
+ 24,6 % |
+ 25,5 % |
+ 75,7 % |
+ 50 % |
+9,9 % |
+ 69,2 % |
+29,2% |
Indice dévelopt humain-IDH (rang mondial)-2010 |
39ème |
38ème |
73ème |
54ème |
75ème |
50ème |
14ème |
Part nbre foyers RSA/Pop tot-(2014) |
12% |
12,1 % |
8,9 % |
13,6 % |
NC |
NC |
3,4 % |
Part bénéficiai-res CMU-C/Pop tot—(2014) |
23,6 % |
26,1 % |
35,9 % |
36,6 % |
NC |
NC |
6,8 % |
Taux de chômage (BIT)-2017 |
18 % |
22 % |
22 % |
23 %
|
22 % (2013) |
14 %( 2013) |
9,4 % |
Indice climat des affaires-3ème T 2017 (= 100 en moyenne longue période) |
100,1 |
96 |
87,8 |
99,7 |
110,4 |
90,4 |
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Sources : Fedom, Iedom, Insee
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