{{UN MODE DE SCRUTIN
AU SERVICE DE QUELLE VISION ?}}
Le débat qui se déploie sur la question du mode de scrutin à appliquer dans la perspective d’un changement de statut n’est pas anodin. Le mode de scrutin, en effet, détermine une forme de démocratie plus ou moins évoluée. En ce sens, un mode de scrutin peut figer une situation politique, consolider les conservatismes ou, au contraire, favoriser une dynamique d’ensemble.
Certes, on l’a vu ailleurs, un mode de scrutin peut aussi revêtir un caractère conjoncturel et partisan afin d’écarter un parti politique du pouvoir ou de tenter de diminuer son influence. Dans la phase historique qui nous occupe aujourd’hui dans notre pays, il nous semble qu’à un projet politique d’autonomie devra correspondre un mode de scrutin offrant une large démocratie.
Choisir l’une ou l’autre des modalités de vote (majoritaire ou proportionnelle) doit donc être le fruit d’une analyse au service d’une vision, d’un choix de société, d’une conception de la démocratie, d’une appréhension de notre espace.
UN DEBAT MONDIAL
Ce débat n’est pas une spécificité martinico-martiniquaise. Il est mondial. Rappelons que l’évolution des modes de scrutin se trouve étroitement associée à l’histoire politique des pays. En Angleterre et dans nombre de pays de la « sphère anglo-saxonne », c’est le scrutin majoritaire à un tour qui prédomine. Il correspond à un type de projet politique visant une certaine « stabilité politique », une simplification du système des partis, amenant irrésistiblement au bipartisme ou à deux grandes coalitions.
Ce modèle marginalise l’organisation indépendante des idées neuves ; les élections peuvent ainsi apparaître sans véritables enjeux, entraînant nombre de frustrations et donnant une image figée de la société. Il est aujourd’hui de plus en plus contesté en Nouvelle-Zélande, en Irlande et même en Angleterre, son berceau. (...)
(...) N° 11 – Lundi 29 juin 20 au format PDF