La résolution de l’Assemblée générale de l’ONU plaçant la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser est «une ingérence flagrante» et «une absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens», a dénoncé vendredi Paris.
«Cette résolution est une ingérence flagrante, une absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens, un détournement des objectifs que les Nations unies se sont fixés en matière de décolonisation», a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Philippe Lalliot.
L’Assemblée générale de l’ONU a adopté vendredi une résolution plaçant la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser, malgré la défaite des indépendantistes aux dernières élections territoriales début mai. «Le 21 avril puis le 5 mai, les électeurs polynésiens ont renouvelé, comme tous les cinq ans, leur assemblée territoriale. Ils ont donné une majorité incontestable aux élus favorables à l’actuel statut d’autonomie», a rappelé le communiqué du Quai d’Orsay.
La résolution «nie de fait la volonté exprimée de manière claire par la population polynésienne au suffrage universel», a-t-il déploré, ajoutant que Paris est «déterminé à continuer, avec le gouvernement de Polynésie française, à promouvoir le développement politique, économique et social de la Polynésie française».
La résolution de l’Onu, présentée notamment par trois petits Etats du Pacifique - Iles Salomon, Nauru, Tuvalu -, a été adoptée par consensus. La France n’a pas participé à la séance. Le texte «affirme le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l’autodétermination et à l’indépendance», conformément à la Charte de l’ONU (article 73 sur les territoires non autonomes). Elle invite le gouvernement français à «faciliter et accélérer la mise en place d’un processus équitable et effectif d’autodétermination» en Polynésie.
Cette résolution ouvre en principe la voie à un référendum d’autodétermination. La population pourrait à terme se prononcer en faveur de l’indépendance, de la départementalisation ou d’un statut intermédiaire d’autodétermination. Mais en pratique, plusieurs des gouvernements concernés ne respectent pas ces règles - par exemple le Royaume-Uni avec Gibraltar et les Malouines.
A la suite du vote, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, les Pays-Bas et les Etats-Unis, se sont «démarqués du consensus» pour marquer leur désapprobation, faisant valoir la défaite des indépendantistes aux dernières élections territoriales. Pour l’ambassadeur des Iles Salomon Collin Beck, par contre, ces élections «ne peuvent pas être assimilées à un référendum» sur le sort du territoire.
A l’heure actuelle, la Polynésie française est une collectivité dotée d’une très large autonomie, mais la France conserve ses compétences régaliennes, telles que la sécurité publique ou les relations internationales.
Le président polynésien sortant, l’indépendantiste Oscar Temaru, qui a perdu début mai les élections au profit de l’autonomiste Gaston Flosse, menait depuis plusieurs mois un intense lobbying afin que la collectivité d’outre-mer soit réinscrite sur la liste de l’ONU.
Ironie de l’histoire, les Nations unies ont adopté cette résolution quelques heures seulement avant que M. Temaru ne perde le pouvoir à Papeete, au profit de son rival historique Gaston Flosse, qui devrait être élu vendredi président de la Polynésie française après sa victoire aux élections.
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