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LA DECEPTION BRESILIENNE

Raphaël CONFIANT
LA DECEPTION BRESILIENNE

   Enfermés dans un double bocal (le bocal franco-français et le bocal européen), Les Martiniquais, tenus ainsi à l'écart de l'irréversible phénomène de mondialisation, ont peine à s'intéresser à ce qui se passe en dehors de leur "plus petit canton de l'univers" selon le mot d'Aimé CESAIRE. Il est vrai que nos médias officiels tout comme, hélas, la plupart des non-officiels (tels les sites-web), n'ont d'yeux que pour les faits et gestes, souvent insignifiants de ce petit canton. Pourtant, nous aurions grandement à apprendre du "Tout-monde" comme dit Edouard GLISSANT et notamment des pays dits du Sud auquel nous appartenons que nous le voulions ou non, même si certains mystificateurs cherchent à nous faire accroire qu'un jour, nous parviendrons à "l'égalité réelle" avec la 5è puissance économique mondiale.

   Ce qui se passe au Brésil, tout proche, devrait nous donner à réfléchir sur un phénomène pas si étudié que cela : la corruption des représentants des classes populaires ou en tout cas de ceux qui se présentent comme tels. En effet, la corruption au sein de la bourgeoisie capitaliste, on connaît ! Ceux qui, à l'instar de Rupert Murdoch, ont failli provoquer l'effondrement du système monétaire international ou bien les banques telles la Goldman Sachs, qui se livraient à des acrobaties financières véreuses, tout un chacun en a entendu parler. Du reste, bourgeoisie et corruption ont souvent rimé au cours de l'histoire moderne, c'est-à-dire depuis que cette classe sociale a pris le pouvoir, écartant la noblesse et exploitant sans vergogne le prolétariat.
   Qu'un bourgeois ou un représentant de la bourgeoisie se livre à des pratiques mafieuses n'a donc rien d'étrange ni de scandaleux, même s'il existe des pays (scandinaves, par exemple), où la bourgeoisie s'efforce d'être vertueuse, mais qu'un homme politique issu des couches populaires ou affirmant défendre ces dernières en fasse de même, là il y a un souci. Un gros souci même. Quand on examine se qui se passe au Brésil depuis quelques mois, on ne peut être qu'affligé, atterré même. Car Lula, puis Dilma, avaient représenté un double espoir : celui d'abord d'une gauche anti-impérialiste d'Amérique du Sud avec feu CHAVEZ (Venezuela), MORALES (Bolivie), KIRCHNER (Argentine) et CORREA (Equateur) qui mettrait fin à la domination des Etats-Unis dans le sous-continent et la Caraïbe ; celui ensuite des BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud), pays émergents qui, eux, mettraient fin à la domination occidentale (euro-nord-américaine) sur le monde. 
   C'est dire que Lula et Dilma portaient sur leurs épaules les espoirs de centaines de millions de gens dans ce qu'on nommait autrefois le Tiers-monde et qu'ils n'avaient pas le droit de les décevoir. Or, de toute évidence, les milliards de dollars que rapportait PETROBRAS, la compagnie pétrolière nationale, les immenses réserves découvertes il y a quelques années, le prix relativement élevé de l'or noir sur le marché mondial etc...ont fini par faire tourner la tête aux dirigeants du PT (Parti des Travailleurs) brésiliens. Comment l'ancien syndicaliste (LULA) et l'ancienne guerillera (DILMA) ont-ils pu se laisser entraîner, engluer même, dans ce vaste système de corruption à tous les étages qu'un juge incorruptible, Sergio MORO, est en train, jour après jour, de dévoiler ?

   Une certaine gauche latino-américaine tente de noyer le poisson en s'employant à nous convaincre qu'il s'agirait là d'une revanche de la classe bourgeoise et "blanche" contre la classe populaire et "de couleur" et donc qu'il faudrait que toutes les forces progressistes à travers le monde se mobilisent contre ce que cette gauche nomme un "golpe" (coup d'état) alors qu'il ne s'agirait que d'une procédure d'"empeachement" comme celle qui avait été infligée à Richard NIXON aux Etats-Unis lors du scandale du Watergate. C'est ici qu'il convient de résister à notre tendance naturelle à toujours disculper les représentants des classes populaires ou se présentant comme tels. A notre minuscule échelle martiniquaise, nous avons connu, au cours des cinq années qui viennent de s'écouler, un phénomène similaire : des gens issus des quartiers populaires qui arrivent au pouvoir (au plan politique, associatif, universitaire etc.) et qui, éblouis, considèrent les collectivités comme des "bwet-manjé" (gamelles) et se servent à pleines mains. C'est le phénomène des "Neg ki wè lajan ta", des parvenus, qui souvent sont pire que les bourgeois corrompus car ils n'ont plus aucune limite, jettent toute éthique par-dessus bord et sont prêts à tout (insultes, diffamations, menaces etc.) pour défendre un magot qui ne leur appartient même pas.

   On a beaucoup critiqué l'ex-Union soviétique, mais il y avait au moins une chose, au moins une loi qui dans ce système avait du bon : la notion de "crime économique". Dans un "crime passionnel", on porte atteinte à une personne (le mari ou la femme) ; dans un "crime crapuleux", on porte atteinte à la vie de quelqu'un que l'on est en train de cambrioler chez lui ou dont on braque le magasin ; dans un "crime sexuel", on détruit une personne ou, au pire, une dizaine si l'on est un "serial violeur" etc...

   Mais dans un "crime économique', on plonge dans la détresse et la misère des dizaines de milliers de gens. On attente à l'existence d'honnêtes employés, fonctionnaires, ingénieurs, travailleurs ou agriculteurs.

   Dans l'ex-Union soviétique, les crimes économiques étaient passibles de la peine de mort...

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