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KREOL MORISIEN : S’INSCRIRE DANS LA DYNAMIQUE AFROKREOL

de Jimmy Harmon
KREOL MORISIEN : S’INSCRIRE DANS LA DYNAMIQUE AFROKREOL

Après la décision du Cabinet d’aller vers la mise sur pied du Kreol Speaking Union voilà que le Premier Ministre, Navin Ramgoolam, dans une déclaration à l’Hebdo (dimanche 28 juin 09) confirme si au départ il était sceptique, il est maintenant favorable à une place formelle du Kreol Morisien dans l’école. Il a vu juste et probablement il donne la possibilité de prendre à bras le corps une question qui revient depuis 1941 dans tous les rapports sur notre système éducatif. La meilleure option serait que le Kreol Morisien soit une langue additionnelle a cote des sept langues orientales existantes dans le primaire. Mais le Kreol Morisien de par sa fonction dans l’apprentissage est appeler a jouer un plus grand rôle. On pourrait éventuellement aménager une filière bilingue (anglais- kreol morisien) comme medium dans certains établissements en s’inspirant du modèle Prevokbek, conçu, amélioré et revisite continuellement par Dev Virahsawmy et les jeunes praticiens de ce secteur depuis son implémentation dans les collèges catholiques en 2005.

Mais l’enjeu est au-delà de la pédagogie même s’il demeure toujours éducatif. A ce jour, Navin Ramgoolam se trouve devant une composante essentielle de la population de la République de Maurice, qui se trouve être majoritairement les enfants de la communauté créole qui sont obliges de prendre les langues orientales et l’Arabe alors qu’ils n’ont aucune affinité culturelle avec ces langues. Historiquement ce sont des langues identitaires dans le contexte éducatif primaire mauricien. Le combat pour leur reconnaissance dans l’école primaire a été étroitement lie avec le mouvement Arya Samaj, mouvement réformiste dans l’Hindouisme qui a été a la base l’émancipation sociale, culturelle et politique des Indo mauriciens. Cette dimension historique, religieuse et sociale nous amène à comprendre que le combat pour le Kreol Morisien ne doit pas être contre les langues orientales ou les Hindous mais amener l’Establishment a corriger une situation d’injustice et de discrimination culturelle.

Il est un fait que le curriculum des langues orientales et l’Arabe est ‘culturally loaded’. Il est aussi une pratique courante et connue chez tous les profs que les enseignants de langues orientales débutent leur classe par la récitation du ‘Aum’. Cette situation amène les enfants créoles à vivre aujourd’hui un processus de déculturation lent et progressif. Les parents Créoles deviennent de plus en plus conscients de cela. Ironie de la situation, ils réalisent de surcroît qu’en tant que contribuables, ils participent comme tous les mauriciens dans la promotion de ces mêmes langues orientales à travers l’item budgétaire du gouvernement consacre annuellement au recrutement des profs et leur formation, l’organisation des examens, la production des manuels et autres dépenses. Sauf que l’Etat ne les encourage pas à participer dans la promotion de leur propre langue et culture.

Actuellement, il y a un éveil chez les parents Créoles à la dimension culturelle. Cette dimension est soutenue, enracinée dans une conscience afrokreol de plus en plus affermissant. Cette conscience afrokreol gagne de sa consistance avec des intellectuels créoles issus du milieu populaire. L’afrokreol est en fait le positionnement de l’affirmation identitaire créole solidaire du milieu populaire. Elle a pour finalité l’émancipation culturelle, sociale, économique et politique des Créoles dans un projet de société progressiste. Elle réclame le Kreol Morisien comme la langue ancestrale des Créoles. Rien de plus vrai et juste. Le Kreol Morisien fonde la légitimité afrokreol. Quand les esclaves sont déracinés de leur terre natale et se retrouvent à l’Ile de France, les langues africaines cèdent la place au kreol qui nait dans la souffrance au contact avec le maitre esclavagiste.

Le kreol devient aussi avec le sega la langue de la résistance. Il est tout à fait légitime que la dynamique identitaire créole (‘’une prise de conscience tardive’’ dixit Paul Berenger lors de sa conférence sur l’histoire au Plaza, dimanche 10 décembre 2007, mais qu’il salue comme élément essentiel de la nation mauricienne) réclame le Kreol Morisien comme sa langue ancestrale tout comme elle ne nie pas que cette langue est devenue aujourd’hui la langue de tous les mauriciens. Les réactions que cela suscite peuvent s’expliquer par les réflexions suivantes d’Alain Romaine. En effet dans l’édition spéciale de l’Express (1968-2008 Genèse d’un miracle), Alain Romaine dans son texte de réflexion ayant pour titre : ‘Le Créole se fait avenir’ nous dit que ‘ l’identité créole et son évolution culturelle est dans une dynamique ascendante. Son mouvement est irréversible. Ce sont maintenant les personnalités issues du milieu populaire créole qui constituent le fer de lance du fait créole. Elles doivent évoluer dans un environnement idéologique et médiatique souvent hostile à leur démarche et qui tend à nier les racines culturelles et identitaires des discriminations et exclusions dont font l’objet les Créoles.’ On voit bien que la reconnaissance du Kreol Morisien vient s’inscrire inévitablement dans une dynamique afrokreol. Elle ne diminue en aucun sa pertinence pédagogique et encore moins sa portée dans le développement intégral humain.

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