Son ouvrage « Je me revois grimper les escaliers », vient de paraître aux Éditions Exbrayat. Le titre, je l’avoue semble plutôt énigmatique. Faut-il le prendre au sens propre ou au figuré ? Mais d’abord qui est cette dame qui voudrait nous parler de ces escaliers ?
Elle est native de Macouba, où officia le Père Labat, en son temps, de ce petit village niché sous les flancs de la montagne Pelée, de ce bourg paisible qui semble n’avoir qu’une seule rue, celle qui la traverse de bout en bout pour vous conduire directement au bout du bout du nord de la Martinique, aux portes de Grand-Rivière, sa voisine.
Je connais bien Macouba ce petit morceau de nous-mêmes, et c’est avec un peu de nostalgie que j’en parle.
Patricia y vit au début des années 70. Elle revient de Foyal qui a recueilli sa mère, suite à l’exode qui l’a poussée à y chercher un avenir bien meilleur. L’épanouissement ne semble pas se trouver dans ce coin perdu entre les bananes et les ananas, qui l’un comme l’autre ne sont guère rentables. L’indigence aussi s’est invitée à Foyal où pour arriver à la frontière de ses illusions, et trop lasse d’assister au spectacle de la désillusion, la mère va grimper encore une marche supplémentaire et partir vers la France pour échapper enfin - croit-elle - à cette vie de ghetto.
Pour la narratrice, ils semblaient tous n’avoir qu’un moyen de combattre la détresse, et c’était l’exil. Un dicton ne prétend-il pas que l’herbe est plus verte ailleurs ? Alors elle aussi, elle va partir pour poursuivre l’utopie : « Je voulais partir, comme tous ceux qui ne revenaient pas. Je ne voulais pas rester puisqu’elle (la mère) était partie mais les jours s’égrenaient, semaine après semaine, mois après mois, année après année, dans une routine nonchalante sans que rien ne vînt prédire un quelconque changement. Je virevoltais entre la maison et la rivière pour me diluer dans la masse des tâches à accomplir en espérant des lendemains différents. »
Il arrive de nos jours encore que le retour des vacanciers, « ces anciens déserteurs », bienheureux de bénéficier du soleil, mais encore plus heureux de raconter la France, avec le vocabulaire élogieux qui les fait fort souvent oublier le froid et les autres frustrations, serve d’appel d’offre, d’opération grande séduction qui seront utilisés comme appât pour édifier le bonheur de tous ceux qui sans barguigner voudraient tant arriver au terme de leurs illusions, et puis patatras ! Parce que patatras ! …
…. Je vous recommande vivement ce roman qui sans nombrilisme nous donne à nous voir.
Térèz Léotin