Dans une chronique publiée au lendemain de l’élection de Barack Obama et intitulée « L’Obamania ou la maladie infantile du noirisme », chronique vivement prise à partie par les noiristes, je pointais du doigt le fait que les seules personnes qui pouvaient se réjouir de cet événement étaient les Noirs américains, les minorités étasuniennes en général ainsi que les pauvres de ce pays. La courageuse réforme de la santé qu’Obama tente de faire passer en est la preuve. Elle permettrait à 50 millions d’Américains (majoritairement noirs et latinos) dépourvus de couverture sociale de se soigner. D’autre part, les discours du nouveau président sur la nécessité pour les hommes noirs de ne pas abandonner leurs familles et leurs enfants ou de ne pas se cantonner au sport et à la musique ne peuvent qu’être bénéfiques à une communauté dans laquelle 1 jeune adulte de moins de 25 ans sur 5 est en prison.
Je persiste et signe l’élection de Barack Obama est une bénédiction pour les Noirs américains et les autres minorités.
Par contre, dans la même chronique, j’ajoutais que cette élection ne changerait strictement rien pour le Tiers-monde ni même pour l’Afrique noire dont le père d’Obama est originaire. Evidemment, les noiristes, embarqués dans le carnaval « United Colors of Benetton » de la gauche euro-américaine, m’ont volé dans les plumes, reprenant l’idée sans cesse ressassée par cette même gauche-caviar qu’Obama changerait le monde. Qu’une sorte de messie était arrivé et bla-bla-bla. En réalité, Obama a amélioré l’image des Etats-Unis à travers le monde pendant quelques mois, redorant le blason de l’Empire et faisant croire aux gogos que la paix et la prospérité universelle, sous l’aile protectrice de l’aigle américain, étaient à portée de main. On a même vu à Saint-Anne, en Martinique, des indépendantistes danser dans les rues au soir de la victoire d’Obama en brandissant des drapeaux yankees !
Maintenant, l’état de grâce terminé, chacun peut s’apercevoir que nous avons été victimes d’un tour de prestidigitation, mais que la réalité, elle, n’a absolument pas changé.
{{ MENSONGE MEDIATIQUE}}
Il faut d’abord revenir sur la vaste imposture médiatique orchestrée par les medias euro-américains visant à faire croire qu’Obama avait eu une victoire éclatante, écrasante même. Or, Obama lui-même, dans diverses interviews, ne cesse de rappeler que 47% des Etasuniens n’ont pas voté pour lui. En réalité, il a arraché cette victoire grâce à son talent et son aura, elle ne lui a absolument pas été offerte sur un plateau d’argent. Car enfin, si 47% (presque la moitié !) des électeurs étasuniens ont voté pour McCain, septuagénaire, pas sexy, mauvais orateur, à moitié inculte, dépourvu de charisme, affecté de trous de mémoire et héritier de la gestion catastrophique de G. Bush, quel score aurait fait un jeune Blanc beau comme Obama, sexy comme Obama, excellent orateur comme Obama, intelligent comme Obama etc… ? Une sorte de J-F. Kennedy, quoi ! La réponse est sans appel : Obama aurait perdu.
Rappeler le score assez moyen d’Obama vise à montrer que les Etats-Unis n’ont absolument pas changé comme ont voulu nous le faire accroire les medias euro-américains. La vulgarité de l’opposition anti-Obama en est d’ailleurs la preuve éclatante : photos d’Obama avec une moustache hitlérienne ou portant un keffieh palestinien, présenté comme une coiffe terroriste ; manifestants ouvertement armés en Arizona, ce qui est légal dans cet état, devant le Centre des conventions de Tucson où Obama faisait un discours ; retentissant « Menteur ! » lancé par un élu du Congrès en plein discours d’Obama, interrompant ce dernier quelques secondes etc…La société étasunienne demeure profondément raciste et persuadée de son leadership naturel sur le reste du monde, en particulier les pays du Sud. Obama, malgré ses bonnes dispositions, ne peut rien changer à un système impérialiste qui s’affiche comme tel sans honte. Tout ce qu’il peut faire, ce sont des changements cosmétiques, des ravalements de façade qui trompent un temps mais qui finissent fatalement par se révéler pour ce qu’ils sont. Les différents problèmes internationaux auxquels Obama s’est coltiné le démontrent sans discussion possible.
{{TIBET ET PALESTINE}}
Le sort de ces deux peuples est tragique. Tous deux sont menacés de disparition par deux états qui sont les alliés des Etats-Unis : la Chine et Israël. La Chine, elle, est un allié objectif de l’Empire. C’est elle qui lui permet de boucler ses fins de mois en achetant massivement depuis des décennies des bons du Trésor américain, permettant ainsi aux Etats-Unis de creuser tranquillement leur déficit budgétaire et de vivre au-dessus de leurs moyens. Israël, quant à lui, est un allié « affectif » de l’Empire, une grande partie des Etasuniens gardant en mémoire la tragédie de la Shoah et ne voulant pas (à juste raison) que cette horreur se reproduise. Sauf que ladite horreur est le fait des Allemands et des Européens et non des Palestiniens et des Arabes. Mais bref…Chine et Israël pratiquent à la fois le génocide tout court et le génocide par substitution. Le premier consiste à éliminer physiquement l’adversaire ; le second à déverser sur son territoire des dizaines de milliers de colons pour le rendre minoritaire à terme. Qu’a fait Ie messie Obama en faveur du Tibet et de la Palestine ? Rien. Zéro ! Le Département d’Etat (Mme Clinton) s’est contentée de rappeler Pékin « à plus de retenue » lors des derniers événements sanglants de Lhassa, ce qui signifie en langage diplomatique codé « Faites ce que vous avez à faire, nous on regarde ailleurs ! ». S’agissant de la Palestine, Obama et Mme Clinton se sont contentés de « condamner la poursuite de la colonisation des territoires occupés » à diverses reprises sans jamais exercer la moindre pression sérieuse sur Netanyahou et sa clique. Résultat des courses : Israël continue à créer des colonies de peuplement en Cisjordanie à tours de bras, rendant jour après jour, improbable, ou plutôt impraticable, la création d’un état palestinien.
{{HONDURAS, COLOMBIE ET VENEZUELA}}
Le premier coup d’état sud-américain de l’ère Obama s’est donc produit au Honduras où une minorités de latifundistes opposés, entre autres, à l’augmentation du salaire des travailleurs de la banane, a chassé le président Zelaya pour installer à sa place un fasciste, Micheletti, raciste en plus puisqu’il s’est permis de traiter Obama de « negrito » (petit nègre) au motif que ce dernier avait « condamné » le coup d’Etat. Pourtant, Micheletti ne risque rien car le jeu entre Obama et Mme Clinton est maintenant bien rôdé et ne gruge que les gogos : le président s’émeut, dénonce et condamne au nom de la « Nouvelle Amérique » ; sa secrétaire d’Etat (ministre des affaires étrangères) applique sans états d’âme la traditionnelle politique yankee de soutien sans faille aux régimes sud-américains les plus réactionnaires. Le coup d’état du Honduras est un coup d’état de la Chiquita (grosse compagnie bananière yankee) dans le plus pur style de ceux qu’organisaient dans les années 60-70, son prédécesseur, la United Fruit. Ce coup d’état est aussi un coup d’arrêt à l’ALBA (Alliance Bolivarienne pour les Amériques) du président vénézuélien Hugo Chavez, Zelaya ayant eut le grand tort de se rapprocher de ce dernier. ALBA que les Etats-Unis sont en train de menacer en installant plusieurs bases militaires en Colombie avec la bénédiction du président de ce pays, Uribe. Ces bases, prétendument créées pour lutter « contre le narcotrafic et le terrorisme », donneront aux Etats-Unis la possibilité d’intervenir militairement en n’importe quel point d’Amérique du Sud ou de porter une aide militaire à ses alliés. Et ne parlons même pas du refus de lever le blocus contre Cuba !
{{IRAK ET AFGHANISTAN}}
Enfin, il faut rappeler les deux guerres que mènent les Etats-Unis au Moyen-Orient. Celle d’Irak qui a déjà fait plus d’1 million de victimes civiles et celle d’Afghanistan presqu’autant. Il est vrai que le sort de ces gueux importe peu à un Occident prompt à s’enflammer pour l’unique otage Ingrid Betancourt, l’unique soldat israélien Shalit ou les 6 infirmières bulgares. La vie d’un otage occidental est précieuse ; celle d’un « négro », d’un « chinetoque » ou d’un « bougnoule » ne compte pas. On appelle ça les Droits de l’Homme, parait-il ! Sauf qu’il semblerait qu’on ait oublié le mot « Blanc » derrière « Homme ». Mais bref…Obama a donc décidé d’envoyer 15.000 soldats supplémentaires à Kaboul. A Bagdad, l’armée US s’est retirée des villes, non pas pour rétrocéder le pouvoir aux Irakiens mais parce qu’elle y essuyait trop de pertes. Mais elle tient solidement les provinces, en particulier le Kurdistan et son pétrole (Mossoul). Les Yankees ne sont pas du tout prêts à partir pour de bon et à laisser les peuples irakiens et afghans régler eux-mêmes leurs problèmes.
Sous Obama donc, la politique étrangère des Etats-Unis n’a subi qu’un changement cosmétique…