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« FRANCE-ANTILLES » : 1968, LE CHLORDÉCONE N’AURAIT PAS DU ÊTRE AUTORISÉ…

Par Cécile Everard
« FRANCE-ANTILLES » : 1968, LE CHLORDÉCONE N’AURAIT PAS DU ÊTRE AUTORISÉ…

{{ {Reconnaissons-le ! Le quotidien 'France-Antilles' s'est, sur la question du chlordécone, toujours montré correct. Articles fouillés, bien informés, interviews des différents acteurs sans parti-pris etc., au contraire de certains hebdomadaires nationalistes qui passaient leur temps à nous démontrer qu'ils avaient été les premiers à avoir tiré la sonnette d'alarme. Comme si devant l'ampleur de cette catastrophe environnementale et sanitaire, l'important était de bomber le torse. Pour revenir à 'France-Antilles', ce que le lecteur moyen lui demande, c'est tout simplement d'être neutre, de ne pas biaiser ou dissimuler les informations. S'il est capable de le faire sur la question du chlordécone, pourquoi ne pourrait-il pas le faire pour les autres sujets d'actualité ?} }}

{La « transparence » sur le dossier chlordécone, dont se vante le Ministère de l’Agriculture, n’est valable que pour l’actualité. Mieux vaut ne pas trop s’intéresser au passé lointain…}
Depuis quelques mois, la rédaction de « France-Antilles » cherche à se procurer les rapports des différentes Commissions des toxiques d’avant 1972, en toute légalité, auprès du ministère de l’Agriculture…

La raison ? En 1972, une autorisation provisoire d’un an a été délivrée au produit Kepone (qui contenait le chlordécone). Ce fut la première d’une série d’autorisations et de dérogations qui aboutirent à l’interdiction définitive de l’utilisation de la substance chlordécone en…1993.

La Commission des toxiques (devenue depuis la Commission d’étude de la toxicité) avait pour mission d’évaluer les risques pour la santé et l’environnement lié aux pesticides. Elle comprenait notamment des experts de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), des industries des pesticides et des services de l’Etat. Le dernier mot, concernant les autorisations, revenait ensuite au ministère de l’Agriculture. Les comptes-rendus de la commission ne devraient donc pas être confidentiels. Et pourtant…

La réponse du ministère fut sans appel : « Nous ne pouvons vous fournir ces documents car des instructions judiciaires sont en cours » (une allusion aux différentes plaintes déposées, notamment celles de l’Assaupamar et d’Ecologie Urbaine). Insistance auprès des différents ministères et auprès des proches du nouveau délégué interministériel chlordécone, Didier Houssin, venu récemment en Martinique. Même réponse, après consultation du ministère de l’Agriculture : « La transparence est totale sur les actions du gouvernement. Sur le passé lointain, il faut laisser la justice faire son travail. »

{{Un produit efficace}}

Vaut-il donc mieux, pour le ministère, que ces rapports sortent à l’occasion d’une procédure judiciaire ou d’une commission d’enquête parlementaire (qui a été refusée par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, rappelons-le) ?

Soit ils ne contiennent rien d’intéressant et il n’y a aucune raison de ne pas les rendre publics. Soit ils contiennent des informations passionnantes et le ministère sera bien obligé d’expliquer la raison de son refus de communiquer sur la question. D’autant que la deuxième hypothèse est la plus probable. Un chercheur de l’INRA, qui a travaillé un temps en Guadeloupe, vient de rendre public un extrait d’une publication d’ingénieurs de l’Institut français de recherche sur les fruits et agrumes coloniaux (Ifac), datant de 1974. Il y est explicitement écrit que : [dans les années 60], la très grande efficacité du chlordécone apparut immédiatement. Mais les insecticides du groupe des organochlorés, auxquels il s’apparente, étaient alors mis au ban de la société à la suite de l’action menée contre le DDT. Le chlordécone fut donc rejeté en 1968 par la Commission française des toxiques. Puis, quatre ans plus tard, pour éviter les épandages de HCH à des doses devenues nécessairement très élevées aux Antilles, cette même commission donnait, en sa séance du 2 février 1972, l’autorisation provisoire d’usage du chlordécone dans la lutte contre le charançon du bananier ».

Il faut savoir qu’à cette époque, effectivement, les doses épandues de HCH, qui était aussi un organochloré, pouvait atteindre 175kg de matière active par hectare, alors que les doses autorisées (mais pas forcément respectées) de chlordécone étaient de 3kg par hectare et par an. Peut-être ne connaissait-on pas la grande persistance du chlordécone à l’époque (bien plus grande que celle du HCH), mais en plein scandale du DDT, le principe de précaution aurait dû prévaloir, et la commission faire fi des lobbies et autres préoccupations économiques.

En tout cas, espérons que la frilosité du ministère, après cette révélation bienvenue du chercheur, soit un peu moindre et que les documents demandés vont nous être transmis…

{ {{Cécile Everard}} }

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