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FERTILITE MASCULINE DES OUVRIERS AGRICOLES DE LA BANANE

Par Raymond Bonhomme
FERTILITE MASCULINE DES OUVRIERS AGRICOLES DE LA BANANE

Vers les années 70 il a été montré que certains pesticides sont à
l’origine d’atteinte grave de la fertilité : Dibromure d’éthylène
pour les ouvriers agricoles de la papaye (Hawaï), Dibromochloropropane
pour les ouvriers agricoles de la banane (Amérique Centrale et
Caraïbes), et surtout pour les ouvriers de l’usine de production de
Chlordécone suite à l’accident industriel de Hopewell aux USA en
1975.

Compte tenu de l’usage intensif de ce Chlordécone dans les bananeraies
antillaises, depuis le début des années 70 jusqu’à 1993
(officiellement), se pose donc la question de problèmes de fertilité
masculine induits éventuellement chez les ouvriers agricoles antillais
travaillant dans la banane.

Mais les structures officielles qui veillent sur nous se sont déjà
préoccupées de cette question ; il suffit de lire, par exemple,
l’exposé du Dr Multigner au GREPHY à Fort-de-France le 27 février
2007 (« Exposition des populations antillaises au chlordécone et risques
pour la santé. Etudes menées par l’INSERM U625, les services de
Gynécologie-Obstétrique, Pédiatrie et Urologie du CHU de
Pointe-à-Pitre et le CIMT Guadeloupe » :
http://www.martinique.ecologie.gouv.fr/download/inserm_exposition%20et%2... [(ICI)->http://tinyurl.com/6nhos2]

La conclusion de cette étude est : « Aucune association significative
n’a été retrouvée entre les niveaux de chlordécone dans le sang et
les paramètres spermatiques ou hormonaux définissant la fertilité ou la
capacité biologique à se reproduire ».

Cette conclusion est abondamment reprise et sert de réponse du type «
Circulez… il n’y a rien à voir… »

Sauf que cette réponse ne correspond pas à la question : «
L’exposition professionnelle aux pesticides chez les ouvriers agricoles
de la banane aux Antilles a-t-elle une influence sur la fertilité
masculine ? », le niveau de chlordécone actuel dans le sang n’étant
peut-être pas un bon indicateur des expositions, surtout des anciennes.

Or il existe un travail antérieur, fait par à peu près les mêmes
chercheurs, et présenté par le même Dr Multigner, qui répond lui à la
vraie question, sans dosages de chlordécone dans le sang, et dont les
conclusions ne sont pas aussi optimistes.

Ce travail a été présenté à un colloque scientifique « Pesticides et
santé » le 19 novembre 2003 à l’Université de Montréal ; son titre
exact est : « Exposition professionnelle aux pesticides chez les ouvriers
agricoles de la banane en Guadeloupe et fertilité masculine » :
http://www.cirano.qc.ca/realisations/grandes_conferences/risques_techenv...

Il s’agit là aussi d’une étude épidémiologique de type exposé /
non-exposé, en comparant la fertilité d’ouvriers de la banane exposés
professionnellement aux pesticides à d’autres personnes n’ayant jamais
été exposés à ces produits. Les précautions dans le choix des deux
populations sont soigneusement discutées.

La première conclusion du travail, basée globalement sur les deux
populations, est : « L’exposition aux pesticides majoritairement
employés en culture bananière depuis le début des années 1990
(organophosphorés et carbamates) ne semble pas être associée à des
altérations des caractéristiques du sperme ni à des modifications des
taux circulants des principales hormones de la reproduction ».

Mais l’étude inclut des hommes âgés de 20 à 50 ans, et le tableau de
résultats numéro 5 met en évidence un effet « durée d’exposition ».
Les ouvriers exposés moins de 14 ans ont des caractéristiques analogues
à celles des personnes non-exposées. Par contre les ouvriers exposés
plus de 14 ans ont un nombre de spermatozoïdes très significativement
inférieur aux témoins ; ce tableau indique que le « O.R » (Odd Ratio)
est en moyenne de 3.2 pour les ouvriers exposés depuis un grand nombre
d’années (avec un intervalle de confiance à 95% de 0.4 à 22.9). En
langage simple cela veut dire que ces « vieux ouvriers » ont 3.2 fois
plus de chance (ou ici de malchance !) d’avoir une fertilité réduite
par rapport aux personnes non exposées ou par rapport à celles ayant
été exposées durant moins de 14 ans.

Or les ouvriers agricoles antillais de la banane qui ont été exposés
longtemps aux pesticides dans les bananeraies sont évidemment ceux qui
ont été exposés aussi au chlordécone dans les années où il était
utilisé.

Les auteurs de cet exposé, de 2003, ne cherchent d’ailleurs pas à
cacher ce résultat dans les derniers paragraphes de leurs conclusions :

« Cependant, les ouvriers agricoles ayant été exposés pendant un grand
nombre d’années (plus de 14 ans) présentent un risque augmenté
d’avoir une production réduite du nombre de spermatozoïdes. Ce risque
augmenté pourrait s’expliquer par des expositions à des insecticides
organochlorés employés jusqu’au début des années 90, et actuellement
interdits, tels que le chlordécone ».

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