Ainsi, le gouvernement a décidé de mettre sur pied une commission Justice et Vérité sur la problématique liée à l'Esclavage et l'Engagisme. Vaste programme auxquels seront conviés les membres qui en feront partie, car se pencher pour débattre sur des pans entiers de notre histoire, petite et grande, relèvera de leur capacité à nous attirer vers le haut, vers cette mansuétude capable de nourrir notre connaissance, sereine et sage, faite aussi de clairvoyance et de tolérance.
Dans son intervention au Parlement, mardi dernier, en présentant le projet de loi sur l'institution de cette Commission Justice et Vérité, le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, n'en a pas été plus clair : il ne s'agira pas de règlements de comptes à rebours de l'histoire, mais d'aller à la recherche de la 'réconciliation, de la justice sociale et de l'unité nationale à travers le processus de rétablissement de la vérité historique... '
Ces mots ont leur importance : 'Réconciliation', 'Justice sociale' et 'Unité nationale'. Nous en ajouterons quelques-uns : 'Rassembler ce qui est épars... ' Cette Commission aura la lourde tâche de se réunir pour établir et prévoir - si tant est que la démarche soit possible - de mettre en lumière ce que sera le citoyen mauricien du siècle présent et la qualité dominante préludant à son bonheur.
La démarche sera historique, mais elle ne sera pas moins éthique, voire culturelle. C'est ce dont parlait l'essayiste autrichien Ivan Illitch, lorsqu'il évoquait cette 'société conviviale' et pour qui l'humanisme est en perpétuel devenir. Pour le paraphraser, nous dirons que la culture est un perpétuel recommencement. Et l'Histoire aussi !
Nous avions eu le privilège, en 1978, avec le concours de l'ancien président Cassam Uteem, à la Réunion puis à l'UNESCO, de participer, grâce à notre ami universitaire, Raoul Lucas, aux travaux marquant le 150e anniversaire de l'Abolition de l'Esclavage à l'île sœur, pendant lesquels a été débattu un nombre incroyable de sujets, par de nombreux acteurs de la communauté éducative - enseignants de tous niveaux, responsables de formation, responsables d'établissements, syndicalistes, parents d'élèves, mais également des responsables d'Archives, de bibliothèques, d'éditeurs, d'historiens et de journalistes.
Il en a résulté un certain nombre de recommandations sur l'enseignement, l'environnement dans ses différentes dimensions, sur l'histoire locale et nationale, sur la place à être accordée à l'Université et à la Recherche, sur la prise en compte du champ historique dans ses différentes dimensions, sociale/régionale/nationale/générale. Vaste programme, évidemment ! Mais, bref, pour réaliser une telle entreprise, dans le sens voulu par le Dr Ramgoolam, c'est-à-dire, aller à la recherche de la Réconciliation, de la Justice sociale et de l'Unité nationale, il est impérieux que nous en convenions que la politique de la main tendue, de l'ouverture aux autres, acceptés dans leurs différences, devraient constituer la condition sine qua non du premier pas vers une reconnaissance de la dignité des uns et des autres.
Certes, nous affirmons que devrait être encouragé, magnifié, tout ce qui 'démarginalise', 'désenclôt' pour qu'enfin disparaisse l'horrible et cependant si vrai, dans notre vie atomisée, 'l'enfer, c'est les autres... '
Gérard Cateaux
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