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EN REPUBLIQUE DOMINICAINE, UNE EPIDEMIE DE MEURTRES DE FEMMES

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EN REPUBLIQUE DOMINICAINE, UNE EPIDEMIE DE MEURTRES DE FEMMES

Ymilda Urbaez, 32 ans, surnommée "La Rubia" (la blonde), est la dernière victime de la vague de meurtres de femmes qui ensanglante la République dominicaine. Elle a été assassinée de quatorze coups de couteau par son mari, à la suite d'une discussion qui a mal tournée, jeudi 12 juillet, à Boca Chica, à 30 kilomètres à l'est de Saint-Domingue. Le meurtrier a ensuite tenté de se suicider. Tous les jours ou presque, la presse dominicaine relate un drame de ce genre.

La veille, plusieurs centaines de personnes, vêtues de noir, ont manifesté devant le Congrès pour dénoncer l'épidémie de "féminicides". "C'est une véritable urgence nationale. 108 femmes ont déjà été victimes de cette tragédie depuis le début de l'année, s'est indignée la militante féministe Sergia Galvan. Le féminicide est devenu la principale cause de mort des femmes en âge de procréer."

Plusieurs dizaines d'organisations de femmes, syndicales et de la société civile se sont associées à cette journée de " deuil national " pour honorer la mémoire des victimes et exiger des mesures concrètes. Les violences contre les femmes n'ont cessé d'augmenter ces dernières années mais il n'existe que deux refuges pour les femmes maltraitées dans tout le pays. Aucun programme n'est en place pour les quelque 800 enfants qui se retrouvent orphelins de mère chaque année à cause des féminicides.

"PASSER DES LAMENTATIONS À L'ACTION"

Le procureur général de la République, Radhamés Jiménez, a reconnu que les programmes de lutte contre les violences dont les femmes sont victimes ont échoué faute de moyens. "Il est temps de passer des lamentations à l'action effective, ce qui exige de l'argent, une amélioration de la législation et des programmes de prévention et d'éducation, mais malheureusement ni le pouvoir législatif, ni l'exécutif, ni le judiciaire n'ont jusqu'à présent montré la volonté politique de le faire", affirmait Sergia Galvan.

Venue à la rencontre des manifestants, la députée Minerva (Minou) Tavarez Mirabal a promis de se battre pour que "la lutte contre les féminicides se traduise dans le budget national". "Le droit à la vie est le premier droit humain, l'Etat doit le défendre y compris dans la sphère privée", a souligné cette parlementaire, fille de l'héroïne nationale Minerva Mirabal, qui avait été assassinée sur ordre du dictateur Rafael Trujillo en 1960.

Pour la sociologue Rosario Espinal, l'augmentation des féminicides est liée à "la crise de la masculinité machiste". "Les femmes ont acquis plus d'autonomie grâce à l'accès à l'éducation et à l'emploi et l'homme machiste, incapable de gérer son insécurité, devient un sujet à haut risque pour elles ", a-t-elle expliqué.

La prolifération des armes, légales et illégales, facilite le passage à l'acte, souvent provoqué par la jalousie. "Une grande partie des féminicides est commise par des hommes qui n'ont pas accepté une rupture", aobservé le psychiatre César Mella. Les mesures de protection en faveur des femmes maltraitées ne sont souvent pas appliquées. "Les agents de la force publique figurent aussi parmi les agresseurs de femmes", a-t-il ajouté.

Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant)

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