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Elections territoriales : un bien étrange sondage

Elections territoriales : un bien étrange sondage

   Le grand public ne le sait peut-être pas mais il est très rare que les instituts de sondage effectuent des enquêtes ou des sondages de leur propre chef.

   En effet, ce sont des entreprises et tout normalement, elles se doivent de générer des bénéfices afin de pouvoir subsister, ce qui explique que dans la quasi-totalité des cas, leurs sondages ont été commandés. Au fait, il faut se garder de confondre "commandés" et "commandités", le premier terme désignant un sondage sérieux et honnête, le second désignant un sondage bidouillé, voire bidon. Sauf que la ligne de démarcation entre ces deux notions n'est pas aussi nette qu'on pourrait le croire ou plus exactement le souhaiter. Déjà parce que la langue française a un problème à ce niveau : celui qui "commande" un sondage en est le..."commanditaire". Hum !...

   Les instituts de sondages sont donc payés par des "commanditaires" mais, déontologie oblige, se doivent de ne pas effectuer des sondages "commandités". Bref, on y perd son latin et même son chinois, allez voir son créole ! De toute évidence donc, le sondage que l'on peut voir en illustration du présent article a été "commandé" par l'une des 14 listes en présence pour les élections territoriales du 20 juin prochain. Mais par QUI ? Par quelle liste ? Quel leader de liste ? Autre question : s'agit-il d'un sondage "commandé" ou au contraire "commandité" ? 

   That is the question ! s'exclamerait Ti Sonson. 

   La seule manière de tenter de répondre à ces, ô combien difficiles !, questions est d'examiner les résultats, en l'occurrence, les pourcentages de votes qui sont attribués à chacune des listes. D'emblée, on remarque certaines choses : certaines listes recueillent des pourcentages vraisemblables au vu de leur implantation dans le paysage martiniquais. C'est le cas des listes menées par A. Marie-Jeanne et S. Letchimy, par exemple. Il est vrai que leur attribuer 5 ou 8% des voix eut été peu crédible, voire grotesque. C'est qu'un sondage, même commandité, se doit d'afficher un minimum de crédibilité. Sinon il rate son coup...

   Poursuivons l'examen des scores attribués aux autres listes. On constate qu'attribuer 6% à Monplaisir et 10% à Nilor est clairement sous-évalué et cela d'au moins 3% pour chacune d'entre elles. On ne s'explique pas l'absence de la liste Petit et on s'interroge sur la prétendue liste Mirande quand on sait que ce dernier est sur la liste de...Marie-Jeanne. QUALISTAT est, certes, un institut de sondage guadeloupéen mais tout de même, l'île aux fleurs n'est qu'à 35 minutes d'avion de l'île aux belles eaux. Quant au curieux "Une autre liste" à laquelle le sondagiste attribue...3%, on se demande de qui il peut bien s'agir. C'est qui, cette liste-zombie ? Bizarre...

   Enfin, on note aussi que d'autres listes sont tout aussi clairement surévaluées puisque chacun sait qu'il est très difficile d'émerger lorsqu'on ne dispose pas d'une organisation politique solidement et anciennement établie. Le "commanditaire" de ce sondage ne peut donc, en bonne logique, que se trouver parmi ces heureux bénéficiaires, ces surévalués, et final de compte, en le lisant jusqu'au bout, on découvre son identité sans avoir besoin d'être Sherlock Holmes.

   Sa ki sav sav ! Ni moun ki pé di yo djok an péyi-tala.

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